Romances sans paroles, 1874. 5 страница
Paul FORT
(1872 - 1963)
Né à Reims, il est l’auteur des "Ballades françaises", poésies aux thèmes simples et d’une aimable fraîcheur ainsi que des pièces de théâtre "La Petite Bête" puis d’autres poèmes. Il crée la revue "Vers et prose" qui comprend les représentants du symbolisme comme Verhaeren, Apollinaire, Claudel, Gide, Jammes, Alain Fournier, Barrès… Il est élu Prince des Poètes à la Closerie des Lilas.
"Ballades françaises"
LE BONHEUR
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.
Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.
Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite, dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.
Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite, sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite, sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.
De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite, de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.
Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite. Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé !
Extrait de "Ballades du beau hasard"
Vocabulaire: | |
le bonheur | щастя |
dans le pré | на лузі |
cours-y vite | гонись за ним, біжи швидко |
il va filer | воно втече, зникне |
rattraper | наздоганяти |
dans l’ache | у дикій петрушці |
le serpolet m | тим’ян |
sur les cornes du bélier | на рогах у барана |
sur le flot du sourcelet | на хвилях струмка |
de pommier en cerisier | із яблуні та у вишник |
saute par-dessus la haie | долати плáти, огорожі |
il a filé! | воно зникло, втекло |
Henri de Régnier
(né à Honfleur (Calvados) le 28 décembre 1864 et mort le 23 mai 1936)
Issu d'une famille aristocratique de Normandie, Henri de Régnier, après avoir fréquenté le collège Stanislas, fit son droit dans la perspective d’entrer dans la diplomatie. Mais rapidement, il préféra se consacrer aux lettres. À partir de 1885, il commença de publier des vers, en France et en Belgique, dans des revues symbolistes, en particulier dans la revue Lutèce.
Admirateur de Mallarmé, aux «mardis» duquel il assistait régulièrement dans sa jeunesse, il avait été influencé par José-Maria de Heredia dont il épousa, en 1896.
Dès son premier recueil, Poèmes anciens et romanesques (1889), il acquit la notoriété. Ses nombreux volumes de poésie – Tel qu’en songe (1892),Aréthuse (1895),Les Jeux rustiques et divins (1897), Les Médailles d’argile (1900) – demeurent fidèles à l'idéal classique avec toujours plus de liberté dans la forme, entre Verlaine et Valéry, à la rencontre entre le Parnasse et le Symbolisme.
Le fleuve
Emporte dans tes yeux la couleur de ses eaux.
Soit que son onde lasse aux sables se répande
Ou que son flot divers, mine, countourne ou fende
La pierre qui résiste ou cède à ses travaux ;
Car sonore aux rocs durs et plaintif aux roseaux,
Le fleuve, toujours un, qu’il gémisse ou commande,
Dirige par le val et conduit par la lande
La bave des torrents et les pleurs des ruisseaux.
Regarde-le. Il vient à pleins bords, et sa course
Mène jusqu’à la mer la fontaine et la source
Et le lac tout entier qu’il a pris en ses bras.
Sois le fleuve, Passant! Que ta pensée entraîne
Et son cours où toi-même, un jour, tu les boiras,
Ta source intérieure et tes eaux souterraines.
La Cité des eaux.
Vocabulaire: | |
emporte dans tes yeux | запам’ятай |
se répande: v. se répandre | розливається |
contourne: v. contourner | обходить |
fende: v. fendre | розколювати |
résiste : v. résister | чинить опір |
cède: v. céder | відступати, підкорюватися |
le val | галявина |
la lande | рівнина, ланда |
la bave | піна |
des torrents | потоки, струмка течея |
des ruisseaux m pl | струмки |
à pleins bords | повноводні |
la source | джерело |
le lac | озеро |
sois (:v. être)le fleuve | будь (залишайся) рікою! |
Georges Riguet
(1904 - 1998)
Avec Georges Riguet (né le 28 juillet 1904, à Uxeau, près de Gueugnon) la Saône-et-Loire a perdu (au début 1998) l'un de ses plus fidèles artisans. Car, sa vie durant et pour exercer son art éducatif et littéraire, cet enseignant-écrivain n'aura jamais quitté son département. Son enfance se partage entre Uxeau et Autun où son père est instituteur (jusqu'en 1913).
Le grand public apprécie particulièrement ses contes et son témoignage enracinés dans la campagne d'autrefois; il reçoit des lettres qui le remercient de ses "petits articles pleins d'humour et de bon sens qui nous rappellent notre jeunesse" ou bien de ses "contes du Morvan qui empruntent au parler local ses vocables les plus pittoresques".
Rêve d'écolier
Sur le bord du dictionnaire,
un bouvreuil s'était posé
Qui lisait à sa manière
Ses lettres de l'abécé.
Autour de la mappemonde
Voguait un papillon blanc.
(Il faisait le tour du monde,
Comme autrefois Magellan.)
Un corbeau portant lunettes
Écrivait au tableau noir
Toutes sortes de sornettes
Sur le compte du renard.
Pendant la leçon d'histoire
Où l'on eût pu s'ennuyer,
Une souris venait boire
Dans le trou de l'encrier.
La classe était envahie
Par tout un peuple charmant,
Qui, du chevreuil à la pie,
Donnait son enseignement.
Le dindon parlait grammaire,
Le chat comptait sur ses doigts,
Et l'âne occupait la chaire
Sans qu'on sache trop pourquoi!
D'orthographe et d'analyse,
Nul n'avait souci beaucoup,
Attentif comme à l'église,
On écoutait le coucou.
A peine y pourrez-vous croire.
Tant le cas est peu fréquent:
Tous les livres de l'armoire
Avaient pris la clé des champs!
Ne sachant plus où se mettre,
Et trés gêné dans son coin,
Le maître n'était plus maître,
Ni du maître, ni de rien...
Pourtant, jamais les élèves
Ne s'étaient si bien tenus,
Tant cette école de rêve
Plaisait à nos ingénus.
Chacun, selon son caprice,
Disposait d'un oreiller,..
C'est le moment où Maurice,
Dans son lit s'est réveillé.
Vocabulaire: | |
rêve d'écolier | сон школяра |
sur le bord du dictionnaire | на краю словника |
un bouvreuil s'était posé | присів снігур |
l'abécé | алфавіт, абетка |
la mappemonde | карта світу |
voguait : v. voguer | літав |
un papillon | метелик |
il faisait le tour du monde | перебував у кругосвітній подорожі |
autrefois | колись, раніше |
un corbeau portant lunettes | ворона в окулярах |
toutes sortes de sornettes | різні нісенітниці |
sur le compte du renard | лисові |
où l'on eût pu s'ennuyer | на якому було б нудно |
une souris venait boire | миша прийшла напитися |
dans le trou de l'encrier | із чорнильниці |
était envahie | був заповнений |
un peuple charmant | (тут) чарівні слухачі |
donnait son enseignement | проводила урок |
le dindon | індик |
le chevrеuil | косуля |
la pie | сорока |
l’âne | віслюк |
la chaire | кафедра |
sans qu'on sache trop ►pourquoi | хоч ніхто не знав для чого |
nul n'avait souci beaucoup | ніхто особливо не ►турбувався |
à peine y pourrez-vous croire. | ви ледве повірете |
tant le cas est peu fréquent | настільки рідкий випадок |
les livres avaient pris la clé ►des champs! | підручники вирвалися на волю |
ne sachant plus où se mettre | не знаючи більше де присісти |
gêné | збентежений |
jamais les élèves ne s'étaient ►si bien tenus | ніколи учні не були такі дисципліновані |
tant l’école de rêve plaisait | настільки подобався урок |
►à nos ingénus | нашим простачкам |
chacun disposait d'un ►oreiller | у кожного була подушка |
c'est le moment où il s'est ►réveillé | саме в цю мить він прокинувся |
L'oiseau du soir
Sur les toits sans nombre
Le soir s’est posé
D’un vol épuisé,
Comme un oiseau sombre.
Au ciel, où s’allume
Un bouquet de feux,
L’oiseau fabuleux
Disperse sa plume…
Puis la lune ronde,
A son tour, a pris
Tout ce duvet gris
Dans sa nappe blonde.
Vocabulaire: | |
l'oiseau du soir | вечірній птах |
sur les toits sans nombre | на численних дахах |
le soir s’est posé | зійшов (настав) вечір |
d’un vol épuisé | втомлено |
comme un oiseau sombre | подібно чорному (темному) птаху |
où s’allume | де світиться, запалюється |
l’oiseau(m sg) fabuleux | казковий птах |
disperse sa plume | розпускає оперення |
a pris tout ce duvet | зібрав увесь сизий пух |
dans sa nappe blonde | у своє біле покривало |
Pierre de Ronsard
(né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois - 28 décembre 1585)
Pierre est le fils cadet de Louis de Ronsard et de Jeanne de Chauldrier.
Il a étudié au Collège de Navarre à Paris en 1533. Quand Madeleine de France épousa le roi Jacques V d'Écosse, en 1537, Ronsard fut attaché au service du roi et passa trois années en Grande-Bretagne. En 1539, il retourna en France et entra à l’Écurie royale. Il est dans la compagnie du duc d’Orléans.
Cette fonction lui offrit l’occasion de voyager.
Sa gloire fut subite et hors mesure. Sa popularité ne faillit jamais. En 1555-1556, il publia ses Hymnes. Il termina ses Amours en 1556 puis il donna une édition collective de ses œuvres, selon la légende à la demande de Marie Stuart, épouse du roi François II en 1560.
L’Académie des Jeux floraux de Toulouse le récompense, en 1580, pour une pièce dans laquelle il chantait son aïeul Banul Mãrãcine, accouru des bords du Danube pour porter secours à «France, mère des arts, des armes et des lois.»
Ronsard meurt dans la nuit du 27 au 28 décembre 1585 au prieuré de Saint-Cosme. Ronsard était également titulaire de Croix-Val en Vaudomois.