Circonstances de communication
Les références du texte seront à placer en début d'analyse, après la brève présentation: nom de l'auteur, titre, lieu et date de publication. On précise aussi s'il s'agit d'un texte intégral ou d'un fragment et quand il y a lieu les références de l'édition originale.
Syllabes, vers et rimes
Des poèmes français et des chansons, en grand nombre, s'appuient sur les règles de la versification. On a dit qu'elles sont une entrave à la création, on a aussi prétendu qu'elles poussent le poète à une recherche plus rigoureuse. Sans trancher le débat, - l'art est-il autre chose qu'une technique maîtrisée par le talent ? - voici quelques outils pour s'exprimer en vers mais aussi pour apprécier ceux des autres.
La mesure
Vers et prose ?
"Le vers est un fragment d'énoncé formant une unité rythmique définie par des règles concernant la quantité, l'accentuation ou le nombre de syllabes." (Robert).
Pour calculer ce nombre, il faut prendre en compte toutes les syllabes (syllabe : unité phonétique fondamentale, groupe de consonnes et de voyelles qui se prononcent d'une seule émission de voix).
Sauf celles qui peuvent s'élider (e muet devant voyelle ou h non aspirée) et la syllabe muette finale.
(chan-te-rai-ent compte dont quatre syllabes à l'intérieur d'un vers mais trois en finale.)
Lorsqu'il compte douze syllabes, le vers s'appelle alexandrin, dans les autres cas on dit : vers de trois syllabes, huit syllabes (ou octosyllabes), etc.
Des vers de mesures différentes peuvent coexister dans un même poème, dans une même strophe. Si la structure se répète ils sont appelés réguliers. Parfois ils ne suivent aucune règle d'alternance, on les appelle vers libres.
Note : en français on ne doit pas parler du nombre de pieds mais des syllabes d'un vers.
Certains procédés largement exploités, par les chanteurs surtout, permettent d'assouplir la règle. Ces procédés qui altèrent le mot par adjonction, suppression ou inversion de sons ou de lettres sont appelés des métaplasmes.
suppression de l'initiale d'un mot : | aphérèse |
suppression d'une partie intérieure du mot : | syncope |
suppression du e muet final d'un mot : | élision |
suppression de la partie finale d'un mot : | apocope |
dissociation des éléments d'une diphtongue : | diérèse |
déplacement de lettres ou de sons : | métathèse |
prononciation groupant en une seule syllabe deux voyelles contiguës d'un même mot :(en grammaire grecque, on dit crase) | synérèse |
Le rythme
Essentiel, le rythme du vers résulte du "retour à intervalles sensiblement égaux des temps marqués ou accents rythmiques." (H. Grammont). Ces accents tombent sur les finales (non muettes) de groupes de syllabes.
Entre ces groupes, se trouvent des coupes, les césures. Elles sont toujours placées après la fin d'un mot important imposant un arrêt du sens et de la voix. Il y a donc césure à la rime.
Dans l'alexandrin la césure 6/6 divise le vers en deux hémistiches;
C'est en vain qu'au Parnasse // un téméraire auteur Pense de l'art des vers // atteindre la hauteur...d'autres coupures donnent d'heureux résultats :
Il vit un oeil // tout grand ouvert // dans les ténèbres... (4/4/4) Horloge, // dieu sinistre, // effrayant, // impassible... (3/3/3/3)L'hiatus est la rencontre de la voyelle finale d'un mot et de la voyelle initiale du mot suivant; c'est l'oreille qui juge s'il est acceptable.
On parle d'enjambement lorsque le sens d'un vers déborde partiellement sur le suivant, voire sur la strophe suivante, sans le remplir; il se justifie dans le cas d'effets spéciaux (suspense, réticence, malaise...)
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme [...] (A. Rimbaud)La strophe est un sous-ensemble le plus souvent cohérent, l'équivalent d'un paragraphe, groupant plusieurs vers. Habituellement elle est précédée et suivie d'un interligne plus large. La disposition des rimes et la mesure des vers assurent sa cohésion.
On distingue les couplets (variables) et le refrain (répété).
La strophe est appelée isométrique lorsqu'elle comporte des vers de même mesure, hétérométrique dans les autres cas.
On la nomme distique (2 vers), tercet (3 vers), quatrain , quintil , sizain, septain, huitain, neuvain, dizain, onzain, douzain.
La rime
Les rimes sont qualifiées par leur qualité, leur genre et leur disposition.
1.Qualité:
On appelle assonance ou rime pauvre la répétition du dernier élément vocalique accentué. maman / espérance.
( Sont aussi considérées comme rimes pauvres les finales de mots tirés de la même racine (espoir - désespoir) et les terminaisons verbales de la même personne aimeront - chanteront).
Et rime la similitude de l'ensemble voyelle et consonnes(*). compagnie / tromperie
(*) Il faut tenir compte de la longueur des phonèmes, ainsi patte et pâte ne riment pas.
La rime est dite suffisante, lorsque deux éléments phonétiques seulement sont identiques. dehors / efforts
La rime est riche lorsque la similitude repose sur trois phonèmes consécutifs échine / machine.
Des vers holorimes se prononcent de la même façon tout en offrant des sens différents
Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime, Galamment de l'arène à la Tour Magne à Nîmes. M. Monnier (1829-1885) ce distique est souvent attribué à V. Hugo. |
2. Genre:
La rime féminine présente un e muet après l'élément vocalique (navire, j'invite), la rime masculine n'en comporte pas (nous invitons, amitié).
La règle d'alternance rimes masculines et rimes féminines a longtemps prévalu.
3. Disposition:
On trouve plusieurs façons de disposer les rimes :