Exercices de vocabulaire et de langage. 1. Qu’est-ce qu’ « une messe »?
1. Qu’est-ce qu’ « une messe »? Dans quels circonstances la fait-on? 2. Dans quel sens le nom « terrine » est-il employé dans le texte? Trouvez-y son synonyme. Quel autre sens du mot « terrine »connaissez-vous? 3. Comment peut-on dire autrement « ça fait un bout de chemin »? Trouvez la signification des expressions « avoir de la peine à joindre les deux bouts », « tenir le haut bout », « sa patience est à bout », « être à bout de forces », « manger du bout des dents », « économie de bouts des chandelles ». Faites entrer ces expressions dans des phrases. 4. Dans quel sens le mot « gorge » est-il employé dans le texte? Quels autres sens de ce mot connaissez-vous? 5. Trouvez dans le texte les mots appartenant au langage des gitans. Remplacez-les par les mots français. 6. Expliquez le sens du mot « fureur »et donnez ses synonymes. Vous est-il arrivé d’éprouver de la fureur? Quand? Dans quelles circonstances? 7. Dites comment se comporte ordinairement un homme sombre; un homme orgueilleux; un homme délicat; un homme calme; un homme obstiné. 8. Y a-t-il une différence entre le langage familier et le langage littéraire? Citez quelques mots et expressions qui appartiennent au langage familier.
Exercices pour le travail individuel des étudiants
1. Remplacez le verbe mettre par un ou plusieurs synonymes. Ex.: Il a mis sa chemise rayée. – Il a endossé (enfilé) sa chemise rayée.
1. Le clown met son costume de lumière et entre sur la piste. 2. Je te conseille de mettre le verrou avant d’aller te coucher. 3. Hier nos amis sont arrivés et nous les avons mis dans la chambre du fond. 4. La secretaire a mis le nom de cet invité dans la liste. 5. Avant de coudre, il faut mettre le fil dans l’aiguille. 6. Le bébé s’est endormi dans les bras de sa mère. Il faut le mettre au lit. 7. Dans les actualités on a parlé d’un patron qui a mis 15 personnes à la porte. 8. Notre chien s’est fait renversé par une auto et nous l’avons mis en terre dans le jardin. 9. Le paysan a mis du blé dans ce champ. 10. Il réussira si vous ne lui mettez des bâtons dans les roues.
2. Au verbe russe «предлагать» correspondent des verbes français « offrir » et « proposer ». On peut offrir du thé, une place, son aide, son appui, ses services, son bras, sa main, etc. On peut proposer un plan, un plan d’action, un sujet, une promenade, un voyage, un candidat, des conditions, une mesure, etc. Remplacez les points par les verbes offrir ou proposer selon le sens. Ex.: L’infirmière a offert au malade une tasse de tisane chaude. – Le plan d’action que vous me proposez ne me convient pas.
1. Est-ce que vous pouvez me ... un candidat pour ce poste? 2. Il m’a ... son bras pour m’aider à me lever. 3. Si vous n’aimez pas ce plan , qu’est-ce que vous pouvez ... de mieux? 4. Dans cette situation difficile, personne ne lui a ... de l’aider. 5. Les mesures que vous nous ... sont inutiles. 6. Cet homme était très aimable et m’a ... tout de suite ses services. 7. Vous vous sentez mal, je vous ... d’aller voir le médecin. 8. Comme il fait déjà nuit, je vous ... de prendre un raccourci. 9. Il m’a annocé qu’on lui ... une place dans une maison de couture.
Stendhal (1783-1842)
Marie-Henri Beyle, dit Stendhal. Né à Grenoble. Très tôt orphelin de mère, il gardera un mauvais souvenir de son enfance. Dès son jeune âge il prend en horreur la réligion et la monarchie, tandis que la philosophie du XVIIIème siècle l’attire beaucoup.
Il vint à Paris et grâce à la protection d’un parent, il obtint peu après d’être envoyé en Italie comme sous-lieutenat de cavalerie. L’Italie le séduisit d’emblée. A la fin de 1801, il donna sa démission et en 1806, il reprit son service dans l’Intendance, suivit les armées de Napoléon en Prusse et en Russie, puis alla se fixer à Milan pour ne pas assister à la Restauration.
Il vécut sept ans en Italie se consacrant à la littérature. Il publia alors les « Vies de Haydn, de Mozart et Métastase » (1814), « Une histoire de la peinture en Italie » et « Rome, Naples et Florence » (1817). Rentré à Paris, Stendhal publia la première partie de son essai sur « Racine et Shakespeare » et « Une vie de Rossini », donna au « Journal de Paris » des articles sur la peinture et la musique.
A la fin de 1830, il publie son premier chef-d’oeuvre « Le Rouge et le Noir ». La roman présente un tableau de la société française et des moeurs politiques dans les dernières années de la Restauration. Dans « Lucien Leuwen », nous assistons au triomphe de la bourgeoisie riche sous Louis-Philippe. « La Chartreuse de Parme » nous initie aux intrigues d’une petite cour italienne vers 1820. Cette peinture, vivante et précise, est presque toujours satirique. L’auteur n’hésite pas à afficher des partis pris: haine de l’absolutisme, anticléricalisme.
En 1842, une attaque d’apoplexie le foudroya. Méconnu de ses contemporains, Stendhal est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands écrivains français.
Le jugement
Enfin parut ce jour, tellement redouté de Mme de Rênal et de Mathilde. L’aspect étrange de la ville redoublait leur terreur... Toute la province était accourue à Besançon pour voir cette cause romanesque. Depuis plusieurs jours il n’y avait plus de place dans les auberges. M. le président des assises était assailli par des demandes de billets; toutes les dames de la ville voulaient assister au jugement. [...]
Mathilde tenait en réserve pour ce moment suprême une lettre écrite en entier de la main de monseigneur l’évêque de ***. Ce prélat, qui dirigeait l’Eglise de France et faisait des évêques, daignait demander l’acquittement de Julien. La veille de jugement, Mathilde porta cette lettre au tout-puissant grand vicaire. [...]
...Julien était résolu à ne pas prendre la parole.
- Mon avocat parlera, c’est bien assez, dit-il à Mathilde. Je ne serai que trop longtemps exposé en spectacle à tous mes ennemis. Ces provinciaux ont été choqués de la fortune rapide que je vous dois, et, croyez-m’en, il n’en est pas un qui ne désire ma condamnation, sauf à pleurer comme un sot quand on me mènera à la mort. [...]
Le lendemain à neuf heures, quand Julien descendit de sa prison pour aller dans la grande salle du Palais de Justice, ce fut avec beaucoup de peine que les gendarmes parvinrent à écarter la foule immense entassée dans la cour. Julien avant bien dormi, il était fort calme, et n’éprouvait d’autre sentiment qu’une pitié philosophique pour cette foule d’envieux qui, sans cruauté, allaient applaudir à son arrêt de mort. Il fut bien surpris lorsque... il fut obligé de reconnaître que sa présence inspirait au public une pitié tendre. Il n’entendit pas un seul propos désagréable. Ces provinciaux sont moins méchants que je ne le croyais, se dit-il.
[...] Quand tous les yeux qui cherchaient Julien s’aperçurent de sa présence, ...il fut accueilli par un murmure d’étonnement et de tendre intérêt. On eût dit ce jour-là qu’il n’avait pas vingt ans; il était mis fort simplement, mais avec une grâce parfaite; Mathilde avait voulu présider elle-même à sa toilette. La pâleur de Julien était extrême. A peine assis sur la sellette, il entendit dire de tous côtés: Dieu! comme il est jeune!.. Mais c’est un enfant... Il est bien mieux que son portrait.
[...] Les témoins furent bien vite entendus. Dès les premiers mots de l’accusation soutenue par l’avocat général, deux de ces dames placées dans le petit balcon, tout en face de Julien, fondirent en larmes. Mme Derville ne s’attendrit point ainsi, pensa Julien. Cependant il remarqua qu’elle était fort rouge.
L’avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis; Julien observa que les voisines de Mme Derville avaient l’air de le désapprouver vivement. Plusieurs jurés, apparemment de la connaissance de ces dames, leur parlaient et semblaient les rassurer. Voilà qui ne laisse pas d’être de bon augure, pensa Julien.
[...] Il fut content de la mine ferme de son avocat. Pas de phrases, lui dit-il tout bas comme il allait prendre la parole.
-Toute l’emphase pillée à Bossuet, qu’on a étalée contre vous, vous a servi, dit l’avocat. En effet, à peine avait-il parlé pendant cinq minutes, que presque toutes les femmes avaient leur mouchoir à la main. L’avocat, encouragé, adressa aux jurés des choses extrêmement fortes. Julien frémit, il se sentait sur le point de verser des larmes. Grand Dieu! que diront mes ennemis?
[...] Comme le président faisait son résumé, minuit sonna. Le président fut obligé de s’interrompre... Voilà le dernier de mes jours qui commence, pensa Julien. Bientôt il se sentit enflammé par l’idée du devoir. Il avait dominé jusque-là son attendrissement, et gardé sa résolution de ne point parler; mais quand le président des assises lui demanda s’il avait quelque chose à ajouter, il se leva...
« Messieurs les jurés,
« L’horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune.
« Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais point illusion, la mort m’attend: elle sera juste. J’ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J’ai donc mérité la mort, Messieurs les jurés. Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s’arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bohneur de se procurer une bonne éducation, et l’audace de se mêler à ce que l’orgueil des gens riches appelle la société.
« Voilà mon crime, Messieurs, et il sera puni avec d’autant plus de sévérité que, dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi, mais uniquement des bourgeois indignés... »
Pendant vingt minutes Julien parla sur ce ton; il dit tout ce qu’il avait sur le coeur; l’avocat général, qui aspirait aux faveurs de l’aristocratie, bondissait sur son siège; mais malgré le tour un peu abstarit que Julien avait donné à la discussion, toutes les femmes fondaient en larmes. Mme Derville elle-même avait son mouchoir sur ses yeux. Avant de finir, Julien revint à la préméditation, à son repentir, au respect, à l’adoration filiale et sans bornes que, dans les temps plus heureux, il avait pour Mme de Rênal... Mme Derville jeta un cri et s’évanouit.
D’après Stendhal, « Le Rouge et le Noir »
Questionnaire
1. Quelle était l’ambiance dans la ville à la veille du jugement? 2. Quelle atmosphère régnait dans la salle de jugement? 3. Caractérisez l’état mental de Julien Sorel avant le jugement. 4. Comment a-t-il changé au cours du jugement? 5. Quelle est l’idée maîtresse du discours de Julien? 6. Relevez les moyens stylistiques employés par l’auteur.