Actualisation lexicale dans la stylistique

Plan.

1. Facteurs de l’actualisation lexicale. Dénotation et connotation.

2. Monosémie et polysémie comme productrice de style.

3. La valeur expressive des mots.

4. Signification des mots dans un texte littéraire.

5. Archaïsmes, eemprunts, néologismes.

6. Locutions phraséologiques, proverbes.

7. Langage parlé, dialecte, argot.

8. Jargon de profession, terminologie spéciale

Littérature :

1.Morin,Tétérevnicova, p. 146-151, 157-162.

2.Timescova, Tarkhova Essai de lexicologie du français moderne. P. 62-65,

3.A.Sauvageot. Le lexique //Bérégovscaïa E.M. Stylistique française. Recueil de texte.

L’actualisation lexicale établit un rapport situationnel entre la forme linguistique et un fait de la réalité, qui consiste en plusieurs facteurs :

1.les traits spécifiques sémantique de l’unité actualisée ;

2.les circonstances communicatives de l’acte de la parole ;

3.la nature du contexte et ses fonctions actualisatrices.

Les traits spécifiques sémantiques de l’unité lexicale est souvent limitée à la monosémanisation contextuelle d’une unité polysémique. Pour comprendre ce phénomène, il faut étudier ce que c’est la dénotation et la connotation. La dénotation – c’est le sens objectif du mot, livré par le dictionnaire. C’est le sens adopté par tous les usagers d’une langue. p.ex. un arbre- une grande plante, fixée au sol par des racines.

La connotation –c’est un sens second, affectif et suggéré du mot, variable selon les groupes, les individus, le contexte. P.ex. un arbre –arbre encyclopédique, arbre de la liberté, arbre de vie, etc.

Le symbole correspond à la coexistence d’un sens dénoté et d’au moins un sens connoté commun aux membres d’un groupe humain. En somme, il est codé et appartient souvent à un système symbolique. P.ex.l’arbre est une plante (sens dénoté), qui symbolise la force humaine dans la vie, dans les connaissances, etc.

Les rapports entre sens dénoté et connoté obéissent à une logique de l’inconscient. Le plus souvent, ils sont d’ordre synecdochique (partie/tout), métonymique (cause/effet, rapport de contiguïté), métaphorique (rapport de ressemblance), antithétique (rapport d’opposition).p.ex. la flamme- le feu, les flammes – l’incendie, les flammes éternelles – l’enfer, la flamme-l’amour.

Il y a quatre grandes sources de l’origine des connotations : la nature Stylistique de l’homme, son environnement social, son histoire personnelle et, dans le cas d’un texte, les interrelations des mots et des phrases.

Les circonstances communicatives exercent une influence parallèle sur le choix et l’actualisation des unités lexicales, qui dépendent des facteurs communicatifs. Cela signifie, que le locuteur fait son choix entre un moyen d’expression neutre ou, au contraire, stylistiquement marqué, qui est destiné par la langue à tel ou autre type de communication ( communication familière ou officielle, etc.). Il arrive souvent que dans la communication familière le locuteur trouve son propre moyen pour exprimer son information ou bien ses émotions. Cette tendance à enrichir le potentiel stylistique de la langue se manifeste de deux façons : d’un côté, par la création des néologismes de forme et de sens, de l’autre – par des variations sémantiques au cours de l’actualisation stylistique des moyens d’expression neutres.

La nature du contexte et ses fonctions actualisatrices. Le contexte, c’est un facteur qui exerce une action direct et immédiate sur l’actualisation lexicale et représente en même temps sa manifestation formelle. Il se rapporte au niveau d’analyse communicatif, étant constitué par les unités de tous les niveaux linguistiques : lexicale, grammaticale, phonétique, stylistique. Tous ces niveaux assurent les liens sémantiques contextuels.

La construction originale d’une phrase, le choix d’un mot juste et évocateur, l’emploi de moyens rhétoriques (métaphores, antithèses, répétition…) font surgir de multiples moyens individuels du style d’un auteur, présentés dans le texte. Dans certaines conditions de communication, les mots et les énoncée doivent avoir une signification unique, monosémique. Dans d’autres cas, et notamment en littérature, on recherche au contraire la pluralité des significations, ou polysémie. Cette polysémie est productrice de style.

Alors, un mot est monosémique lorsqu’il porte une seule signification. Il y a deux cas de monosémie :

1. certains mots ont un seul sens dénoté (= sens objectif) dans le dictionnaire. P. ex. un lange –пеленка; une nuance.

2. D’autres mots ont plusieurs sens dénotés dans le dictionnaire, en conservant un seul dans un énoncé. P.ex. J’ai mangé un croissant chaud. Le croissant n’est pas évidemment celui de la lune ou un emblème musulman mais, obligatoirement, un petit pain.

Un mot est polysémique lorsqu’il porte au moins deux significations. On distingue trois types de polysémie :

1.polysémie par dénotation. Dans le dictionnaire de nombreux mots offrent plusieurs sens dénotés possibles. P.ex. une flûte- un instrument musical ; une flûte – un verre pour la champagne ; une flûte – un chaland fluvial.

2.polysémie par addition d’un sens dénoté et d’une ou plusieurs connotations (=sens seconds, subjectifs). C’est le cas le plus fréquent, surtout si le mot est en situation dans un énoncé. P.ex. or- métal précieux, monnaie ; affaire d’or- affaire très avantageuse ; âge d’or-époque de bonheur ; à prix d’or - très cher ; coeur d’or –personne généreuse ; en or – parfait ; or noir – pétrole.

3. polysémie par écart de style : le mot exprimé perd son sens dénoté pour prendre celui du mot remplacé et ses connotations sont les siennes propres et celles du mot remplacé. P.ex.l’offensive de l’hiver. Le terme « offensive » perd son sens dénoté ,(c’est-à-dire, le sens de l’agressivité guerrière) et prend le sens connoter ( de la rapidité.)

Le texte monosémique. Il obéit à la syntaxe normale, sans écarts, et les mots doivent être précis et neutres, sans connotations. La monosémie est obligatoire dans les écrits scientifiques et techniques.

Le texte polysémique. La variété des phrases, l’emploi des mots au sens connotatifs et d’écarts de style caractérisent les textes polysémiques. Ils expriment ainsi émotions, sentiments et pensées. La polysémie convient donc à la littérature et aux articles de presse.

La langue dispose de quelque suffixes à valeur expressive, surtout péjorative : écrire –écrivailler, crier –criailler, chauffeur – chauffard, mangeur – mangeard,etc.

On a quelques suffixes « atténuatifs » ou « réductifs » : buvoter, siffloter, travailloter, vivoter, etc.

Souvent les effets expressifs sont obtenus par d’autres procédés : termes imagé, pittoresque et dans le langage parlé recourt à une expression argotique : il l’a laissé mijoter (moisir) (le style familier) – il l’a laissé languir (le style littéraire). Au lieu de recourir à des dérivations à valeur expressive, le français fait usage de procédés stylistiques qui consistent é employer des mots hors de leur acception courante. Cette nuit il en a écrasé ! au lieu de Cette nuit il a dormi profondément. Ce n’est pas à proprement parler de l’argot, mais du langage plus pittoresque que la langue normale.

La langue littéraire, qui se refuse le plus souvent à utiliser des termes pittoresques de ce genre, recourt de son côté à des périphrases imagées : il a dormi comme une souche(пень), comme une loir(соня зоологич.), comme une brute(зверь), comme une marmotte(сурок).

Tous ses recours aux procédés stylistiques servent à compenser la défectuosité du système dérivatif. Ce système sert à modifier la notion sémantique exprimée par le mot primaire.

Etudier la signification des mots dans un texte littéraire, c’est comprendre les relations qui peuvent les unir :

· Les équivalences de significations (la synonymie) ;

· Les équivalences de prononciations (l’homonymie)

· Les oppositions de significations (l’antonymie) ;

· Les réseaux de formes et de significations qui se construisent autour d’un thème particulier (le champ lexical) ;

· L’ensemble des significations que prend un même mot utilisé plusieurs fois dans un texte (le champ sémantique).

Les synonymes sont les mots qui peuvent se substituer l’un à l’autre dans un même énoncé. Mais ils ne sont pas interchangeables dans tous les contextes.

Ils se différencient par :

· Leur degré d’intensité : certains synonymes forment des séries croissantes. P.ex. un homme mauvais – méchant-cruel-monstreux ;

· Leur degré d’expressivité : certains mots traduisent un jugement (positif ou négatif) sur la réalité décrite ; leur emploi dépend d’une situation de communication particulière, ou registre de langue. P.ex. crier (registre courant) ; protester, tempêter (registre soutenu) ; gueuler, brailler, beugler, hurler, vociférer (registre familier).

L’ homonyme est un mot qui se prononce ou s’écritexactement comme un autre mot, mais a un sens tout à fait différent. On distingue :

· les homonymes homophones – qui possède la même forme sonore. p.ex : faim/ fin ; sain/sein/ saint ; mer/mère/maire.

· les homonymes homographes- qui possède la même forme écrite. P.ex. mule – animal et chaussure ; vase-boue et capacité pour des fleurs.

Il existe aussi des paronymes : mots de sens différents, mais l’orthographe et la prononciation sont voisines. P.ex. son –sans ; fleur- flair ; tache-tâche.

Les antonymessont des mots qui s’opposent logiquement l’un à l’autre. Pour pouvoir s’opposer, ils doivent appartenir à un même domaine de pensée. P.ex. monter-descendre ; petit-grand ; ami-ennemi.

Onomatopée– mot formé de telle sorte que sa sonorité imite la réalité qu’il désigne : tic-tac ; pim-pam ; toc-toc.

Les mots sont rarement isolés. Dans un texte, ils appartiennent à des réseaux de signification, les champs lexicaux et les champs sémantiques, qui dépassent le cadre étroit de la phrase simple.

On appelle champ lexical un ensemble de mots et d’expressions qui, dans un texte ou un ensemble de texte, se réfèrent à un même thème. P.ex. le champs lexical du mot « élève » comprend des mots et des explications sur l’école( serviette, pupitre,devoir à domicile, maître d’élèves, etc.) les métaphores de la vie, du travail ( élève dans son affaire, c’est-à-dire débutant, celui-ci qui n’a pas encore d’expériences). Les champs lexicaux appartiennent à trois grands domaines de la connaissance : la perception, la sensibilité, l’intellect.

On appelle champ sémantique l’ensemble des significations que prend un même mot utilisé plusieurs fois dans un texte ou un ensemble de textes. La première condition de la constitution d’un champ sémantique est la répétition d’un mot. Chaque fois il se charge de connotation nées du contexte (idées et sentiments de l’auteur, échanges connotatifs entre mots proches, etc.)p.ex. Qu’est-ce que tuas, petit ? ; pas très…murmure le petit ; mais le petit…défaillait à demi dans le bras de son frère ; allez, mes petits, sauvez-vous, je suis pressé.(« Une consultation ») Comme le champ lexical, le champ sémantique révèle les sentiments et l’idéologie d’un auteur.

La stylistique linguistique distingue deux catégories de mots vieillis : mots historiques et archaïsmes.

Mots historiques, c’est un lexique qui est sorti d’usage avec des mots, exprimés les choses maintenant disparues. P. ex. La redevance –оброк ; la diligence ; le pharaon.

Les mots historiques n’ont pas d’équivalents parmi les mots de la langue d’aujourd’hui. On les utilise pour exprimer les choses des époques passées, les choses disparues. L’emploi des mots historiques est naturel dans le langage de la science, dans les ouvrages d’histoire où ils ont une valeur terminologique et pas stylistique.

C’est surtout dans les oeuvres littéraires avec le sujet historique où les mots historiques ont la valeur stylistique. Ils sont utilisés pour créer une « couleur historique », pour faire revivre les traits spécifiques de la vie de l’époque ou reproduire les particularités de la langue d’autrefois.

L’archaïsme c’est un mot ou tournure de la langue qui ont vieilli.

Deux phénomènes de l’archaïsme : 1. mot est vieilli, mais la notion reste dans l’époque avec un autre nom, p. ex. Vélocipède – vélo, bicyclette ; aéroplan-avion.

2. l’acception est vieillie, mais le mot prend un autre sens : disque-pour les gramophones et pour les ordinateurs ;

De contraste avec la norme de la langue, les archaïsmes ont une couleur stylistique accentuée, en changeant la tonalité du discours. P. ex. Regarde ce petit ! Il est un vrai gentilhomme. D’habitude ils ont une valeur expressive.

Néologismes –mots de sens nouveau et de locutions nouvellement créées. La stylistique s’intéresse à la couleur est à la valeur expressive éventuelle des néologismes naissant dans les différents styles de la langue, ainsi qu’aux créations individuelles des auteurs. Ils surgissent dans tous les domaines d’activité, voilà pourquoi ils enrichissent tous les styles d’une langue.

Types de néologisme :

1. un mot nouveau, introduit dans une langue en l’empruntant à une autre langue (p. Ex. Speaker, perestroïka) ;

2. un mot, obtenu par dérivation (Télévision, radiophone) ;

3. un mot, obtenu par troncation (abréviation), souvent argotique :exam, prof, dic, bac, Club Med (méditerranée)

1. un mot, obtenu par siglaison : Cde (code), FM (angl. Frequency Modulation –Modulation de fréquence) ; BNP (Banque Nationale de Paris).

2. un sens nouveau d’un mot.

Mot – valise –c’est le néologisme formé de la combinaison d’éléments empruntés à d’autres mots. Il s’apparente du fait au jeu de mots et au lapsus. Sansglorians (texte de Joyce) - sans+gloire ; sanglot+riant-

Franglais–mot ou expression formé des mot anglais et français : faire du camping ; bloc-notes ; wagon-lit ; homme –sandwich ; littérature light.

Les néologismes sont typiques pour le style de la publicité et des annonces, pour le style officiel (style administratif et d’affaires).

Emprunt –c’est l’acte par lequel une langue accueille un élément (mot, tour) d’une autre langue ; anglicisme, américanisme, canadianisme, etc. Ce phénomène est lié au développement de la société, déterminé par plusieurs facteurs matériels et psychologique. Le progrès de la science et de la technique, celui de la vie politique et de la mentalité humaine, les relations commerciales et culturelles entre les peuples contribuent largement à l’emprunt.

Types d’emprunt :

1. lexical – le mot avec l’objet : de l’anglais les termes de marine : dock ; sloop-шлюпка ; soap opéra-мыльнаяопера;spoutnik.

2. grammatical – suffixe latin -ium pour les mots nouveaux : sanatorium ; grecs –ite : bronchite, etc.

3. phonétique – la prononciation à la manière française : sport, boxe, orange.

4. la forme interne des mots, appelée calque : journée-travail – трудодень;

Locutions phraséologiques,ce sont les groupements stables, reproduits dans la parole en tant qu’unités toute faites, unités lexicales.

Types de locution :

1. groupe de mots figé qui s’emploie sans aucune modification d’ordre morphologique, syntaxique ou lexicale : machine à coudre, coup de foudre.

2. groupement phraséologique stable, qui peut varié du point lexicale ou syntaxique : un joli (sale, vilain) moineau – пренеприятныйтип; avoir (recevoir, prendre) sur les doits –получитьпозаслугам.

3. unités phraséologiques qui sont fixés et ont la formation archaïque : battre le pavé ; coiffer sainte Catherine ; moine bourru.

3. locution proverbiale, absorbée l’individualité des mots, sans les priver de sens : à bon chat bon rat ; dent pour dent ; franc comme l’or.

Proverbes– formule présentant des caractères formels stables, souvent métaphorique ou figurée et exprimant une vérité d’expérience ou un conseil de sagesse pratique et populaire, commun à tout groupe social. P.ex. Il faut battre le fer quand il est chaud. Deux moineaux sur un épi ne sont pas longtemps amis.

Aphorisme– formule exprimant de manière forte et concise un point de doctrine scientifique, philosophique ou morale. P.ex. Connais-toi toi-même (Socrate). Etre ou ne pas être, voilà la question.

Maxime –formule brève et frappante résumant un principe de morale ou une observation psychologique de caractère générale : le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. (Voltaire)

Si la langue est un système qui permet un certain nombre de possibilités potentielles, le langage, c’est l’utilisation et le développement effectifs et particuliers que le locuteur utilise de ses possibilités en parlant ou en écrivant.

Le français parléest distingué par la langue parlée normalisée et la langue parlée familère. La première correspond en tout aux normes du langage correct ; la seconde, tout en suivant les règles essentielles, présente souvent de nombreuse particularités lexicales, grammaticalers et phonétiques condamnées par la norme.

Dialecte,c’est un parler d’une région étendue ne différant des parlers voisins que par les changements peu importants, si bien qu’on peut considérer tous les dialectes comme les variétés d’une langue principale.

Argot,à l’origine, langage particulier aux mendiants, vagabonds, voleurs et intelligible pour eux seuls. Par extension (вширокомсмысле), c'est un langage de ce genre entre gens de même profession ou vivant ensemble : argot des peintres, estudiantin, des élèves. P. Ex. Un dolluche-dollar ; intégrer-entrer à l’école ;

Jargon,c’est un langage compliqué de spécialistes d’une science ou d’un art. Par extension, c’est un langage peu intelligible ou affecté d’un groupe sociale. P.ex. à la mords-moi ; à va- vite ;

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