Les variantes et le synonimes phraseologique
Les variantes phraséologiques. Un des traits particuliers de la phraséologie française est la variabilité de ses unités. En effet, un grand nombre de locutions phraséologiques est sujet à des modifications portant sur leur structure formelle. Ces modifications ne sont que partielles, elles ne portent atteinte ni au sens, ni à F image qui en principe restent les mêmes.
Il faut distinguer entre les variantes et les synonymes phraséologiques qui parfois prêtent à confusion Avons-nous variantes ou synonymes dans tirer profit de et tirer parti de. ou dans ne pas remuer son petit doigt et ne pas bouger son petit doigt ?
Il y a synonymie si les distinctions formelles sont accompagnées d'une modification sémantique, dans le cas contraire nous avons variantes. C'est pourquoi il faudrait qualifier de variantes ne pas remuer (bouger) du petit doigt et de synonymes tirer profil de et tirer parti de.
Quant aux modulations stylistiques elles ne détruisent pas l'intégrité des locutions phraséologiques (se mettre [se foutre] en colère).
Les variations affectent parfois la structure grammaticale des locutions phraséologiques : on dira également jouer des mâchoires si jouet-dé la mâchoire, écorcher une anguille (ou ! 'anguille) par la queue, mettre dam la (sur la, en) balance.
Très souvent c'est la composition lexicale qui varie. L'envergure sémantique du composant variable est très large. Ce peuvent être aussi bien des synonymes (abandonner / quitter la partie : saper les ba:;es /les fondements de... ; jeter des perles aux cochons /aux pourceaux : face / visage de carême) que des vocables à valeur sémantique éloignée (mettre/réduire à la besace ; couper/manger son blé en herbe : faire flèche/ feu de tout bois : parler à un sourd/à un mur, aux rochers). Toutefois le plus souvent ce sont des vocables à sens plus ou moins voisin parmi lesquels : - des dénominations d'animaux (brider son cheval / son âne par la queue ; ne pas se trouver dans le pas d'un cheval /d'un âne, d'un mulet) ; donner sa langue au(x) chat(s) /aux chiens ; un froid de loup/de canard) : - des parties du corps (avoir un chat dans la gorge /le gosier ; jeter qch à la figure /à ta face, au nez de qn ; se tordre les mains /les bras, les doigts : river une chaîne au cou / au bras, aux pieds de qn).
Parfois c'est le changement de l'ordre respectif des mots-composants qui crée des variantes : mettre du noir sur blanc et mettre du blanc sur noir.
Les variantes peuvent être aussi une conséquence de la coexistence de la locution phraséologique pleine et elliptique (sortir blanc [comme neige] : manger son bien [par les deux bouts} : boire le calice [jusqu 'à la lie} ; se laisser tondre [la laine sur le dos}).
Les variantes phraséologiques sont particulièrement fréquentes parmi les combinaisons (le fardeau [lepoids] des années : lier \nouer\ amitié avec qn ; brûler [bouillir, griller] d'impatience). les ensembles phra-séologiques (garder, observer, sauver) les décors : contes (histoires) à dormir debout) : elles sont rares parmi les locutions soudées la bailler bonne (belle) - « se moquer de ».
Le vocabulaire du français d'aujourd'hui abonde en locutions phra-séologiques. Cette richesse de la phraséologie confère à la langue française un aspect expressif et imagé et minimise les affirmations de certains linguistes qui. se référant aux phénomènes de la formation des mots, insistent sur son caractère foncièrement abstrait