Dites si c’est vrai ou faux
Le Collège de théologie fondé en 1257 par Robert de Sorbon accueillit seize étudiants.
1150 000 étudiants font leurs études à la Sorbonne actuelle.
Le quotidien d'un étudiant en philosophie est le même que celui d'un futur médecin.
Comme 54 % des étudiants, Olivier vit chez ses parents.
Quand il fait beau, il se rend à la Sorbonne à pied.
La réputation de la Sorbonne rayonne encore en France et dans le monde.
Les enseignements sont de qualité, de bons professeurs, parfois très médiatisés, donnent des cours à la Sorbonne.
Pour réussir son parcours le Sorbonnard doit avoir une réelle motivation.
Il ne suffit plus d'aller à la fac, aussi bonne soit-elle, pour réussir dans la vie professionnelle, il faut valider le cursus par de nombreux stages.
4. D’après vous, les études supérieures, facilitent-elles l’avenir d’une personne ? Pour réussir dans la vie, suffit-il de terminer la faculté ? Que faut-il faire encore ?
5. Commentez la phrase du texte : « Un étudiant à la Sorbonne devra se battre plus tard comme tout le monde ».
6. Etes-vous d’accord avec la phrase : « La réputation de la Sorbonne rayonne encore en France et dans le monde » ? Aimeriez-vous faire vos études à la Sorbonne ? Ayant lu le texte, avez-vous appris du nouveau sur le passé et le présent de cette université ?
2. Lisez le texte et
La journée d’un étudiant
Le réveil éclata avec une force stridente. Lucien Ménestrel se catapulta en bas de son lit et alluma. Plus de vautrageaprès sonnerie, c’est le deuxième trimestre qui allait décider de tout. Une cloison partielle, en faux acajou, séparait le lit du petit cabinet de toilette, en fait un lavabo, pas plus. Ménestrel alluma la lumière au-dessus de la glace et se recoiffa avec soin. Quant il se fut coiffé, il repassa dans la chambre. De vraies cellules, les chambres de la Résidence. Entre le lit et la commode, deux types de gabarit moyen pouvaient à peine se croiser. Au-dessus de sa tête, un trait fin, à peine perceptible, un mètre soixante-quinze. Il avait trois centimètres à gagner. Il prit appui sur ses pieds, retint sa respiration et fit un effort puissant pour s’allonger. Il répéta l’opération dix fois, respira et passa au second mouvement. Objection, tu vas t’étirer comme ça toute ta vie ? Ménestrel releva la tête avec résolution. Pourquoi pas ? Il répéta à voix haute. Pourquoi pas ? Et il entama le troisième exercice. Ses élongations finies, il repassa de nouveau dans le minuscule cabinet de toilette. Ménestrel sortit sa théière de la penderie qui faisait face au lavabo, brancha sa bouilloire électrique et tandis qu’elle chauffait, il se savonna le torse. Ménestrel se rasait non sans malaise. La bouilloire se mit à chanter, Ménestrel aurait pu aller prendre son petit déjeuner au Restau, il était ouvert à partir de sept heures et demie, mais c’était loin. La baie occupait toute la largeur de la cellule et donnait beaucoup de jours par temps clair, mais pour le moment, le matin était sale, crasseux même, la vue affligeante. Peut-être, dans trois ou quatre ans, ça ferait un joli campus avec de belles pelouses, mais pour l’instant, ce n’était encore qu’un chantier.
Le regard de Ménestrel devint austère et il lut tout haut un papier fixé au mur :
1. Finir ma trado lat.
2. Relire texte J.-J. avt TP.
Le papier était fixé par des punaises, fixation prévue et bien entendu interdite, par le règlement. A la Résidence, tout était défendu, même de déplacer un cendrier, de changer la place du lit ou de recevoir sa mère dans sa chambre. Il regarda à l’horizon le chantier de la Fac de Droit, et sur sa droite, les cubes de béton de la Fac des Lettres. Verre, béton, aluminium, les cubes bien carrés et les fenêtres rectangulaires. L’immense usine à fabriquer des licenciés, rendement faible, très faible, 70 % d’échecs et qu’est-ce qu’on faisait des déchets, et moi je ne peux pas me permettre d’être un déchet, ni de perdre ma bourse, ni de piétiner des années comme pion.
Ménestrel s’assit, ouvrit son dico et se mit à travailler. Le jour se levait, la petite cellule était bien chauffée. Il se sentait à l’aise dans sa peau, l’esprit clair, les muscles dispos, assis décontracté devant ses livres, vêtu d’un pantalon de flanelle grise, d’une chemise de coton bleue et d’un pull bleu foncé. Il avait fait deux ans de khâgne, sa trado lat ne lui paraissait pas trop dure, il travaillait avec une sensation agréable de vitesse et d’efficacité. Les phrases difficiles cédaient l’une après l’autre après une résistance raisonnable. Le seul effort un peu pénible, refréner son envie permanente de se lever.
Coup d’œil à la montre. Il était temps de se mettre au Rousseau. Levasseur recommandait aux étudiants de lire attentivement le texte de l’explication avant les TP. Le regard de Ménestrel tomba sur sa montre, il bondit sur ses pieds, ramassa ses affaires en un clin d’œil, enfila sa veste de tweed à la diable, il n’était pas en retard, mais quand il bougeait, il aimait bouger vite. Il ferma sa porte à clef en sifflotant, fit deux pas en dansant dans le couloir, et frappa du poing à la porte de Bochute. Oui, dit une voix geignarde et assoupie. Je file, dit Ménestrel à voix haute, tu me rattraperas.
***
Les étudiants de Levasseur se pressèrent à sa suite dans la petite salle rectangulaire. Jacqueline Cavaillon s’assit au sixième rang, une place était vide à côté d’elle et elle sourit à Ménestrel tandis qu’il entrait, l’air contrarié, ses notes et ses livres sous le bras. Mais il posa ses affaires sur une table au deuxième rang, au bord de l’allée centrale. A la fin des TP., il voulait être un des premiers à sortir, pour être sûr de trouver une place à la biblio du département. Méthodiquement, il retira sa veste de tweed et, en posant sur le dossier de sa chaise, il jeta un coup d’œil à sa voisine de gauche, une blonde avec des cheveux longs, raides et brillants pendant de chaque côté du visage, mais bien protégée par son rideau de cheveux, elle resta immobile et ne lui rendit pas son regard. Ménestrel pensa avec humeur, ce que ça peut être arrogant, les filles.
Levasseur étendit la main droite, un silence relatif se fit et Danielle commença à parler. Pâle, à peine audible, les yeux baissés, elle lisait son texte en ânonnant. Il y eut des murmures dans la petite salle. Quelqu’un cria : « Plus fort !» Ménestrel fit « Chut !» en regardant derrière lui d’un air mécontent. Levasseur dit avec assez de gentillesse, Mademoiselle on ne vous entend pas, faites un effort pour parler plus haut.
Levasseur avait la réputation d’être sec, et pourtant, à l’égard de Danielle, il était plus que correct, il était attentif, il ne marquait ni humeur, ni impatience. Quand l’explication fut finie, Levasseur laissa Danielle regagner sa place. Il lui fit des critiques modérées. Son exposé n’était pas mal construit, son plan très acceptable, dans ce qu’elle avait dit il y avait de bonnes choses. Malheureusement elle avait lu ses notes. Le silence emplit la petite salle. Levasseur commença à parler. Il connaissait bien Rousseau, il avait lu et fiché les critiques, en outre il croyait à ce qu’il faisait.
Levasseur avait répété la veille son explication au magnétophone afin de mieux se dégager de ses notes et de regarder son auditoire. Et maintenant, tandis qu’il parlait, il éprouvait un vif plaisir. C’était du travail bien fait, le plan bien enchaîné, les transitions astucieuses, les coins et recoins fouillés, et des petites découvertes, ça et là. Et surtout, cherchant le contact avec ses étudiants, il venait de le trouver au détour d’une phrase. Il y avait eu comme un déclic, et tout d’un coup, un silence plus actif, un meilleur niveau d’attention, quelques regards plus vifs.
Ménestrel prenait de nombreuses notes, c’était agréable, il avait l’impression d’avancer. Levasseur disait des choses que Ménestrel avait eu l’envie de penser, mais pas jusqu’au bout, ni sous cette forme.
***
Ménestrel travaillait depuis une heure à la biblio à l’explication d’un texte de vieux français qu’il devait faire pour Lecenne. Les livres allemands que Lecenne avait signalés dans sa biographie étaient en main.
Ménestrel plongea la main dans sa poche pour y prendre son mouchoir et y trouva la lettre de sa mère, reçue le matin et pas encore décachetée. Son humeur joyeuse s’évapora. Il resta un moment à la regarder, puis décacheta l’enveloppe, mais sans en retirer la feuille de papier bleu grand format pliée en quatre. D’ailleurs pas d’illusions à se faire, le temps qu’elle a mis à répondre est déjà en soi une réponse. Il déplia le feuillet avec lenteur.
Mon cher enfant,
Il est certain que mon silence a dû te surprendre, car je n’ai pas l’habitude, que je sache, de ne pas répondre à tes lettres. Tu sais bien pourtant, qu’en toutes circonstances, tu peux compter sur moi, et je ne vois pas pourquoi tu as récrit une deuxième lettre sur un ton qui me faisait presque reproche de mon silence. Tu devrais bien comprendre qu’on n’a guère le cœur à écrire quand on est veuve et qu’on vit absolument seule, l’hiver avec ses pensées, dans une baraque mal chauffée.
Je suis bien navrée pour toi, mon cher enfant, que tu n’aies pas encore touché ta bourse du premier trimestre, alors que nous sommes déjà en mars. Malheureusement, il m’est absolument impossible de t’aider à nouveau. Je t’ai avancé pour le premier semestre, comptant bien que tu pourrais me rembourser à Noël, et j’ai été très déçue que tu n’aies pu le faire. J’ai bien un petit pécule à la banque, mais comme je te l’ai déjà expliqué, je n’y touche jamais : si je tombe malade, il faut bien que je garde cette somme en réserve pour payer ma clinique.
Enfin que veux-tu que je te dise, mon cher enfant. J’ai cinquante et un ans et une santé délicate, tu en as vingt. Il est temps que tu voles de tes propres ailes et que tu apprennes à te débrouiller dans la vie. A mon avis, tu devrais faire une réclamation pour ta bourse.
J’espère que tu vas bien, et que tu travailles bien. Je prie pour toi matin et soir, et je t’embrasse bien affectueusement, mon cher enfant.
Julie de Belmont-Ménestrel
Ménestrel posa le feuillet sur la table, et les yeux mi-clos, le visage immobile, il le fixait sans le voir. Même en empruntant à sa mère pour novembre et décembre, il avait dû se livrer au travail noir, c’est-à-dire perdre des heures et des heures d’étude pour joindre les deux bouts, et maintenant le retard dans le paiement de sa bourse et le refus de sa mère ça voulait dire perdre trois fois plus de temps à des petits travaux ineptes à Paris. Au premier trimestre, il avait vendu des yaourts à domicile, trié des chèques dans un centre de chèques postaux, donné des cours à une débile mentale et fait du baby-sitting. Le plus embêtant, c’est qu’aucun de ces petits métiers ne durait. En général, c’était du travail noir, non déclaré, toujours en remplacement de quelqu’un. Au bout de quinze jours au maximum, il fallait chercher autre chose.
D’après R. Merle Derrière la vitre
Commentaires :
1. Vautrage m –du verbe (se) vautrer : se coucher, s’étendre en se roulant.
2. J.-J. avt TP – Relire le texte de Jean-Jacques Rousseau avant les travaux pratiques.
3. Pion m– un surveillant.
4. Khâgne f– Classe préparatoire aux lycées qui prépare pour le concours à l’Ecole Normale Supérieure (lettres).
5. Pécule m– somme d’argent économisée peu à peu.
6. Faire une réclamation pour ta bourse –réclamer, exiger le paiement de la bourse.
7. Faire du baby-sitting –garder un bébé quand ses parents sont absents.
Autour du texte:
1. La journée de Ménestrel par quoi commençait-elle ? Dans quel but faisait-il de la gymnastique matinale ?
2. Comment était sa chambre à la Résidence ? A quoi ressemblait-elle ? Pourquoi la vue qui s’ouvrait sur le campus était-elle affligeante ? Quelle impression produisait-elle sur Ménestrel ?
3. Ménestrel pourquoi n’allait-il prendre son petit déjeuner dans le restaurant de l’Université ?
4. Planifiait-il d’avance son emploi du temps ? que devait-il faire ce jour-là ?
5. Comment travaillait-il ? Quels sentiments éprouvait Ménestrel quand il faisait sa traduction latine ? Pourquoi ce n’était pas difficile pour lui ?
6. Qu’a-t-il fait avant d’aller aux cours ?
7. Pourquoi Ménestrel a-t-il décidé de s’asseoir au deuxième rang ? Quelle était la réaction de sa voisine à son apparition ? Qu’a-t-il pensé de toutes les filles de l’Université ?
8. Le cours de Levasseur par quoi a-t-il commencé ? Comment le professeur a-t-il caractérisé l’exposé de Danielle ?
9. Levasseur quel cours faisait-il ? Brossez son portrait. Relevez toutes les phrases qui témoignent que Levasseur était un bon professeur. Quelle réputation avait-il auprès des étudiants ? Que signifie pour vous être un bon professeur ?
10. Ménestrel à quoi travaillait-il à la bibliothèque ? Prenait-il vraiment plaisir à son travail ?
11. Quelle lettre avait-il reçu le matin avant d’aller aux cours ? Pourquoi ne l’avait-il pas lue tout de suite ?
12. De quoi sa mère se plaignait-elle dans sa lettre ? Pourquoi refusait-elle d’aider son fils ? Quel conseil lui a-t-elle donné cette fois ?
13. Ménestrel touchait-il la bourse ? Comment réussissait-il à joindre les deux bouts ? Pourquoi était-il obligé de changer de travail tous les quinze jours ? Les petits travaux qu’il faisait le satisfaisaient –ils ?
14. En lisant la lettre de la mère de Ménestrel peut-on conclure que les relations entre la mère et le fils étaient assez tendues ? Partagez-vous l’opinion de sa mère qui estimait que son fils devait apprendre à se débrouiller tout seul ? Est-ce aussi la position de la plupart des parents ?