Le roi en jaune

Dramatis Personae

La Princesse Cassiilda, fille du Prince Aldone

La Prince Aldone, premier fils du Roi en Jaune

La Prince Thale, second fils du Roi en Jaune

La Prince Uoht, troisieme fils du Roi en Jaune

Naotalba, Pretre du Signe Jaune

Acte 1

Premier Tableau

(Devant le Temple d’Hassatur, a Carcosa. Au loin, sur une hauteur, jardins et edifices de la ville. Dernieres heures du jour.)

(Cassiilda est seule. Elle regarde au loin les ramparts de sa cite qui s’apprete a etre envahie)

CASSIILDA

(comme pour elle-meme)

Au long du lac se brisent les vagues de nuages

Les deux soleils jumeaux meurent sur ses rivages

Et les ombres s’allongent

Sur Carcosa.

(Entrйe du Prince Uoth)

LE PRINCE UOHT

Cassiilda, ma niece, tu es la et tu vois:

Deja de la Cite hurlent dix mille voix.

CASSIILDA

(comme pour elle-meme)

Si etrange est la nuit sous les etoiles noires

Si etrange les lunes qui tournent au ciel du soir

Mais plus etrange encore

Est Carcosa.

(Entrйe du Prince Aldone)

LE PRINCE ALDONE

Cassiilda, ma fille, tu es la et tu vois:

Deja des flammes de sang viennent bruler nos toits.

CASSIILDA

(comme pour elle-meme)

Les chansons qu’aux Hyades un jour on chantera

La ou flottent en bruissant les guenilles du Roi

Doivent mourir sans bruit

Dans Carcosa.

LE PRINCE UOHT

O ma niece si belle, O Cassiilda si fiere,

Parle aux Dieux tres anciens, aide-nous en priere.

LE PRINCE ALDONE

Toi qui etait ma fille, maintenant ma pretresse,

Entends notre douleur, soulage notre detresse!

CASSIILDA

(toujours pour elle-meme, s’eloignant des deux hommes)

Ma voix deja se meurt et le chant de mon ame

Doucement s’evanouit comme sechent les larmes

Qu’on n’a jamais verses,

A Carcosa.

(Cassiilda apercoit le Prince Thale qui entre dans la piece, elle sort prestement.)

LE PRINCE THALE

(implorant)

Sauve-vous, Hassatur!

La mort des hommes gronde

Et la flamme les seconde,

Partout sur leur chemin,

Ils crient l’Ordre et le Bien

En ce reve eveilles

Ils avancent indomptes!

LE PRINCE UOHT

(implorant)

Sauve nous, Hassatur!

Sauve nous! Sauve nous!

Car bientot ceux d’en bas,

bruleront Carcosa!

LE PRINCE ALDONE

(implorant)

Sauve nous, Hassatur!

Ils rampant tel un magma

que rien n’arretera!

LE PRINCE ALDONE

Sauve nous O Hassatur

Ou sers-nous en pature!

LE PRINCE UOHT

Hassatur! Viens a nous!

Hassatur! Sauve-nous!

(Entrйe de Naotalba, pretre du Signe Jaune.)

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Prince Uoth, Prince Aldone

Et vous Prince Thale,

Si la peur vous accable,

Priez l’imperissable,

Car le Grand Hassatur

Signe notre future!

Rassurez-vous!

Celui qui a jamais

Garde son nom secret,

Il est pire que la Mort

Et votre voix l’implore,

de l’appui de son bras

Il les dispersera!

Rassurez-vous!

LE PRINCE THALE

(interpellant Naotalba)

Naotalba te voici!

Pretre, viens jusqu’ici!

Scene 2

(Naotalba vient vers le Prince Thale avec de grandes marques de respect. Le Prince Uoth et le prince Aldone restent a distance ecoutant la supplication de Thale.)

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(s’agenouillant devant le Prince Thale, avec empressement)

Fils de notre Roi

Maitre de notre foi,

Thale viens-tu enfin

annoncer des humains?

LE PRINCE THALE

(avec intention)

Non...j’ai d’autres projets...

Je dois t’en informer.

(tres nettement)

Pretre,

celle que je viens chercher se nomme Cassiilda.

Cette vierge qu’autrefois tu lias a ce sanctuaire,

La belle Cassiilda...la fille de mon frere.

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Qu’oses-tu demander? Est-ce donc ce que je crois?

Celle qu’on a promise a Celui qui gemit?

Qui emporte avec lui dans des sanglots sans voix

les plaintes infinies de sinister ennui?

Hassatur lui-meme ?!

LE PRINCE UOHT

(avancant prestement jusqu’au pretre pour proteger le Prince)

Oui O Naotalba,

ecoute-nous tu le dois.

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(continuant a s’adresser au Prince Thale)

Ni temps ni meme matiere

mais seulement le Chaos,

Sans forme et sans frontiere,

Le tres Grand, le tres Haut,

Hassatur?!

LE PRINCE ALDONE

(s’avancant lui aussi)

Naotalba, c’est mon frere,

Et Cassiilda, ma chair.

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(continuant a s’adresser au Prince Thale)

O Thale par Yuggoth es-tu devenu fou?

D’ Hassatur pourtant tu connais le courroux!

N’entends-tu meme d’ici

La soured plainte des flutes

qui accompagnent le cri

de ses servants en rut?

LE PRINCE UOHT

Par les Dieux!

A ce triste dessein comment se resigner?

Aux griffes de cette folie saurais-tu la livrer?

LE PRINCE ALDONE

Naotalba,

a ce neant sordide tu ne peux la donner.

Tu dois au nom des notres de ses voeux la relever.

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Le Roi seul a ce droit.

LE PRINCE THALE

(impetueusement)

Eh bien, le Roi lui-meme,

s’il le faut, me rendra

Cassiilda que j’aime

et aimerai quand meme...

Par la puissance d’Eibon

Ecoute je te l’ordonne.

Je veux Cassiilda,

F’tagn! Obeis-moi!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(offense et fierement)

Le Roi seul peut oser

En ces mots me parler.

Retire toi!

LE PRINCE THALE

Alors tu le sauras!..

(sielence)

Car on pretend que la dans l’ombre de l’autel,

Bravant ta vigilance et le courroux du ciel,

Celui don’t nombreux dissent qu’il peut prendre mille formes,

Humain, bete ou bien pire, son visage se deforme,

Nyarlatothep lui-meme est venu en ces lieux,

Chanter a cette enfant ses murmures amoureux!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(avec violence)

Ah! si ce n’est point ici une somber calomnie,

Si le temple est souille par la pretresse impie,

Qu’ Hassatur de ses mains

Decide de son dessein!

LE PRINCE UOHT

Naotalba, Souviens-toi

Rappelle-toi Carcosa!

LE PRINCE ALDONE

J’implore ta, clemence.

Crois a son innocence!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Si le temple est souille,

Qu’elle soit ecartelee!

Ni sa beaute ni sa jeunesse

Ne sauraient la defender ici,

Pour une honteuse faiblesse,

Je la frapperais sans merci!

Par la puissance des Dieux bannis,

Qu’Abboth commence sa litanie!

LE PRINCE THALE

Naotalba! Non!

Son coeur ne peut m’echapper!

Ma plus vivante esperance

Ne saurait me tromper,

Je veux croire a son innocence!

(suppliant)

Conduis-nous a Cassiilda, je l’interrogerai...

J’en appelle a Eibon, par Cthulhu je promet.

Cent fois mieux morte qu’infame s’il le faut je l’aimerai!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(gravement)

Vas la voir et juge la.

De toi seul dependra

Son hymen ou trepas.

LE PRINCE ALDONE

Si son crime est reel

Jet e la livrerai...

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

A ton premier signal, je la tuerai!

LE PRINCE THALE

Que les brumes de Hali ravivent mon esperance!

Qu’au cour de cette nuit se lise son innocence!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Viens! Car tu vas la voir!

Ni sa beaute ni sa jeunesse ne sauraient la defendre ici:

Je la frapperais, sans merci!

LE PRINCE UOHT

Si le temple est souille...

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Par la pretresse impie...

LE PRINCE THALE

Si son crime est ainsi...

LE PRINCE ALDONE

Je te la livrerai!

(Les princes quittent le temple, precede de Naotalba.)

Acte 2

(Le Sanctuaire d’Hassatur, dans le temple. Au fond l’image du Dieu. A la droite de cette statue, porte secrete, dans un des piliers de l’autel. Ce sanctuaire communiquй avec les jardins et autres parties du temple – on est a la fin du jour. Des lampes pendues aux voutes illuminant vivement la scene.

(Le Prince Thale est seul sur scene. Cassiilda entre sur le cote accompagne par son pere le Prince Aldone et son Oncle le Prince Uoth)

LE PRINCE ALDONE

(a Cassiilda)

Ame timide,

Va, ne crains rien,

Je suis ton pere et ton soutien.

Pourquoi tremblante,

As tu fremi?

Soit confidante,

C’est un ami!

LE PRINCE THALE

(doucement a Cassiilda )

Approche...

CASSIILDA

(Elle se prosterne avec respect)

O Prince Thale,

Par celui qu’on nomme Toth,

Et fils d’Azatoth,

c’est l’esprit de ton pere,

Qui te guide et t’eclaire...

LE PRINCE UOHT

(a Cassiilda)

Ame timide,

Va ne crains rien!

Je suis ton oncle et ton soutien,

Chere innocente,

Va ne crains rien!

Sois confidante;

C’est un ami!

CASSIILDA

(au Prince Thale)

Ta presence m’est chere

Et je m’incline, sincere.

Scene 2

(Les Princes Aldone et Uoth restent en retrait. Cassiilda s’approche du Prince Thale.)

LE PRINCE THALE

(avec douceur et simplicate)

Cassiilda.

Voici maintenant venire une heure fortunee

Ou doit changer enfin ton humble destine,

L’heure ou il est bien doux

De venir te donner un epoux.

CASSIILDA

(timidement et avec trouble)

Seigneur, ne dois-je pas ici finir ma vie?

LE PRINCE THALE

Assez longtemps aux regards de l’envie,

Ce temple a derobe ta naissante beaute,

Celui qui t’aime, enfant, te rend la liberte!

CASSIILDA

(a elle-meme, tres emue)

Celui qui m’aime...

LE PRINCE THALE

Ce jour est le dernier de ta longue retraite,

Cassiilda, viens maintenant...

CASSIILDA

(indecise et troublee)

Te suivre...

LE PRINCE THALE

Pourrais-tu resister?

Au nom des Anciens Dieux,

Qui mugissent en ces lieux,

Suis moi sans hesiter.

CASSIILDA

(a part)

O doux mystere, vas-tu donc m’etre revele?

Vision de toi?

LE PRINCE THALE

(a part, l’observant)

Son regard pur...

CASSIILDA

...qu’il m’a parle?

LE PRINCE THALE

...m’a rassure

D,un gai rayon son front s’eclaire!

CASSIILDA

Vas-tu donc m’etre revele, o doux mystere?

LE PRINCE THALE

(avec une extreme tendresse)

Te voila frissonnante et pourtant radieuse!

Cassiilda,

tu m’as compris et mon name est joyeuse,

Pres de toi, je le sens, bientot, j’aurai trouve

Le repos qui m’est cher et l’amour tant reve!

CASSIILDA

(qui l’a ecoute avec stupeur, tres frappe, se trouble et chancelle)

Lui! C’etait donc lui! Qu’Eibon soit loue!

LE PRINCE UOHT

(avec ardeur)

Vas, chere enfant!

CASSIILDA

(s’immobilisant subitement et d’une voix suppliante)

Arretez!

LE PRINCE ALDONE

Tu trembles... tu palis...

CASSIILDA

Par ce temple sacre,

par ce Dieu qui me garde en cette humble retraite,

de grace, laissez moi!

LE PRINCE THALE

(qui n’a cesse de l’observer, soudainement, avec йclat)

Maudite! c’est donc vrai!

Ton infame secret! On me l’a fait connaitre;

Le trouble ou jet e vois, d’ailleurs... me l’a livre!

(tres accentue et avec indijnation)

Sous les habits d’un pretre,

Brulant de tout son etre,

un amant, chaque soir,

pres de toi viens s’asseoir!

CASSIILDA

Grace!

Avant de m’accabler, o maitre, ecoute moi!

C’etait le soir des Fetes de Hali...

Je priais seule ici;

(declame avec naivete)

Soudain j’entends des pas...

Un home au teint d’ebene,

Devant l’autel m’emmene ...

Il me parle... et je tremble en ecoutant sa voix...

Je n’ose regarder ... puis... sans que je devine,

Si cette vision est humaine, ou divine...

L disparait!

LE PRINCE ALDONE

Cette home oui dis le moi,

l’as tu vu plus d’une fois?

CASSIILDA

Chaque soir il revient

Avec la meme grace,

Fier, beau et hideux

a cette meme place.

Il meme parle de lui

et de ses Mille Vies.

... sans que jamais sa main

ose effleurer la mienne...

Et doucement il passй,

en murmurant «demain»!

LE PRINCE THALE

(se contenant comme pour lui-meme)

Ah cet home, ce Dieu, ce rejeton putride, est-il ainsi perfide?

CASSIILDA

(simplement)

Et chaque soir j’ai espoir

Qu’il vienne et m’interpelle,

Quand je chante a l’autel

Sa douce priere du soir.

LE PRINCE UOHT

Sa douce priere du soir?

(Naotalba surgit alors d’un cote de la scene)

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(arrogant)

Et cette douce priere

Vaut bien la que trios freres

ignorant, blasphemant,

L’ecoutent en gemmisant.

LE PRINCE UOHT

Naotalba, tu savais et tu n’en a rien dit?

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

Qui mais comment trahir

Celle qui par son rang

Devait un jour gravir

Le trone des plus Grands?

Ma pretresse elle etait

Je lui etait devoue.

Je ne pouvais vous dire

Cette histoire ... et bien pire!

LE PRINCE THALE

(sechement)

Parle, Pretre de Hali

Car tu en as trop dit!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

O Seigneur j’avais peur!

Mais vos paroles tantot

Ont seme en mon Coeur

Un doute sans repos.

Je suis venu en soir

Et pres d’ici cache

J’ai vu cet etre noir

Et cette depravee.

LE PRINCE ALDONE

(faisant mine de mettre la main sur le pommeau de son epee)

Retiens plutot tes mots!

Ou qu’Abboh me pardonne

Par cette lame qui frisonne

Je t’arracherai la peau!

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(designant Cassiilda)

Seigneur, contiens tes cris

Regarde plutot Celle-ci.

Elle a bafoue son Dieu,

Avoue son crime odieux.

LE PRINCE UOHT

Oui Thale, il le faut.

Ecoutons Cassiilda

Qu’elle nous dise par ses mots

Quels propos se tinrent la.

CASSIILDA

(emportee par une flamme qui depasse sa raison)

Non! Vous pouvez m’occire!

Par le feu par le sang,

Rien ne me fera trahir

L’envoye du Sultan.

LE PRINCE UOHT

(horrifie)

Nyarlathotep!

Le messager des Dieux dements!

LE PRINCE ALDONE

(se prenant la tete dans les mains)

Nyarlathotep!

Le visage du Chaos rampant!

LE PRINCE THALE

(avec degout)

Nyarlathotep!

Le Neant par dela l’Espace et le Temps!

LE PRINCE ALDONE

(suppliant)

Cassiilda!

CASSIILDA

(detournant la tete)

Hassatur etait mon Dieu,

Je renounce a mes voeux.

LE PRINCE UOHT

(suppliant)

Cassiilda!

CASSIILDA

(s’adressant au Prince Thale)

Thale, je t’ai aime.

Mais mon sort est scelle.

LE PRINCE THALE

(suppliant)

Cassiilda!

CASSIILDA

(sechement)

Nyarlathotep m’attend.

Ecoutez a present.

(tous font silence devant Cassiilda. Cassiilda se tourney vers Naotalba)

CASSIILDA

Naotalba!

Toi qui depuis Yan-Tlei

Jusqu’aux portes de R’lyeh

Fut mon fier messager.

J’exige au nom du Roi

Qu’ici meme, qu’ici-bas,

Tu lui offre ta voix.

NAOTALBA, PRETRE DU SIGNE JAUNE

(Suppliant)

O Hassatur pardonne a ton enfant!

Hassatur je t’en prie sois clement!

Car voici ta promise

En toute sa traitrise!

(Naotalba est pris de tremblements)

CASSIILDA

(invoquant a denoux)

O toi Nyarlathotep!

viens sans doute et sans crainte

car l’homme qui par son corps

tu vas hurler ta plainte,

cet home est deja mort!

(Silence. Puis Naotalba declame d’une voix forte et puissante qui ne semble plus etre la sienne)

NYARLATHOTEP PAR LA BOUHE DE NAOTALBA

(Lugubre et lent)

Je suis Celui qui hurle dans la nuit.

Je suis Celui qui sans vie gemit.

Je suis Celui qui n’a jamais vu la lumiere.

Je suis Celui qui parle pour ses Freres.

Mon char est le char de la Mort;

Mes ailes sont les ailes de l’effroi;

Mon soufflй celui des Loiggors;

FRoides et mortes sont mes proies.

Par Azatoth, Sultan des Dieux

Qu’en cet instant et en ce lieu

Celui qu’on nomme Veneki

a tout jamais soit banni!

Car Azatoth est mon dieu!

Car Azatoth le veut!

Version gruge:

Par Azatoth, Sultan des Dieux

Qu’en cet instant et en ce lieu

Celui qu’on nomme Veneki

Pour toujours revienne a la vie!

Car Azatoth est mon dieu!

Car Azatoth le veut!

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