Adverbes circonstanciels

3.3.1. Adverbes locaux.Tous ces Adv. ont un caractère déictique. Ils substituent la dénomination concrète de lieu exprimée par une construction substantivale et prépositionnelle. Les Adv. locaux et temporels expriment les significations ayant rapport à la position : moi – ici – maintenant. On distingue 4 groupes d’Adv. locaux:

¨ exprimant le lieu par rapport aux participants de la parole (système absolu) : ici, la, là-bas, ça, ailleurs;

¨ désignant la position par rapport à un autre objet (système relatif) : dehors, dedans, dessus, dessous, devant, derrière, deçà, delà, alentour, autour ; Les Adv. de ce groupe substituent un groupement N + préposition avec un N inanimé : Approche la table et monte dessus(= sur la table). Se modifiant sémantiquement (переосмысляясь), ils expriment avec le V. une locution figée qui peut se rapporter à un objet animé : tomber dessus ‘напасть, налететь на кого-л., rentrer dedans à qn ‘ударить кого-л.;

¨ de signification commune : partout, nulle part, où ?;

¨ appréciatifs désignant la distance par rapport à un objet : près, loin.

Les Adv. locaux français ne distinguent pas la direction (куда ?) et localisation (где?) : ici ‘здесь’ et ‘сюда’.

3.3.2. Adverbes temporels.Ce sont les Adv. exprimant le temps de l’accomplissement de l’action par rapport à un moment déterminé et répondant à la question quand ? (demain, alors etc.). Il faut les distinguer des Adv. exprimant la vitesse et le caractère du déroulement de l’action dans le temps, répondant à la question comment ? et se rapportant aux Adv. de manière (lentement, vite, soudain). La position intermédiaire est occupée par les adverbes répondant aux deux questions et dénotant la durée de l’action (longtemps), sa répétition (souvent, tantôt, parfois, toujours, constamment, rarement), son achèvement (déjà).

Comme le groupe précédent les Adv. temporels se divisent en 4 groupes :

a)Adv. de temps absolu déterminé par rapport au moment de la parole ;

b) Adv. de temps relatif déterminé par rapport à un autre moment au passé ou au futur ;

c)Adv. de signification commune : toujours, jamais, quand ?

d)Adv. appréciatifs désignant l’intervalle temporel par rapport à un moment idéal : tôt, tard.

Les groupes les plus nombreux sont les deux premiers. On y distingue trois rapports temporels : antériorité, simultanéité, postériorité :

¨ a n t é r i o r i t é - dans le temps absolu: hier, récemment ; dans le temps relatif : la veille, auparavant ;

¨ s i m u l t a n é i t é - dans le temps absolu : maintenant, aujourd’hui ; dans le temps relatif : alors, à ce moment, cependant ;

¨ p o s t é r i o r i t é – dans le temps absolu : demain, prochainement ; dans le temps relatif : le lendemain, ultérieurement.

Les Adv. après, bientôt, puis, ensuite, aussitôt font partie des deux sous-classes.

Aux Adv. circonstanciels se rapportent aussi l’Adv. de cause/but pourquoi ? et les Adv. formés des prépositions : pour (voterpour), contre (votercontre), sans (venirsans).

3.3.3. Distribution des adverbes circonstanciels.Leurs particularités distributives sont :

¨ l’emploi large avec les prépositions : à jamais, au loin, de demain, dèsaujourd’hui, en dessous, jusqu’ici, parlà, pour toujours etc. Cela souligne leur similitude avec le N ;

¨ à la différence des Adv. en -ment ils s’agencent facilement avec le V. être : Elle est ici ; Ce ne sera pas maintenant ; Il est loin ; Je ne suis pas pour ; Le livre est dessus;

¨ leur position particulière dans la proposition. Un Adv. désignant la répétition de l’action est facilement intercalé à l’intérieur de la forme analytique : Il a toujours dit que (de même – souvent, parfois, rarement, déjà)et autres. Par contre les Adv. locaux et temporels ne peuvent pas occuper cette position : *Il est ici (hier, après) venu. Mais ces derniers peuvent être placés à la tête de la proposition et se détacher ce qui dépend de leur lien sémantique avec le V. A un lien fort (p. ex. : un Adv. local + un V de direction) l’inversion est impossible : *Ici il viendra. A un lien faible l’inversion devient possible : Ici il fait chaud ; Demain il viendra.

3.4. Adverbes modaux.Les Adv. modaux (appelés encore mots modaux) se rapportent à toute la proposition mais peuvent aussi caractériser un terme de proposition. Leur signification commune est l’appréciation de la situation décrite au point de vue du sujet parlant. L’appréciation peut être purement rationnelle, mais peut contenir un élément émotionnel (heureusement, malheureusement). Les mots de l’appréciation rationnelle expriment les significations de réalité, de certitude (assurément, certainement, effectivement, évidemment, incontestablement etc.) ; de possibilité, d’incertitude (peut-être, apparemment, probablement, vraisemblablement) ; de nécessité, d’imminence (неизбежность) (fatalement, nécessairement, immanquablement) ; d’éventualité (par hasard).

Les particularités distributifs des Adv. modaux sont :

¨ position non fixée dans la proposition y compris devant

la particule négative pas : Il ne viendra évidemment pas ; Il ne viendra pas évidemment ; Evidemment, il ne viendra pas ;

¨ possibilité de joindre une subordonnée complétive. Cela s’explique par ce qu’un mot modal représente un équivalent sémantique de la principale exprimant le modus : le jugement du sujet parlant sur le dictum : Elle n’a rien obtenu … Mais peut-être après tout, qu’elle n’a pas prié suffisamment (= on peut croire que …) ;

¨ ils forment facilement un énoncé isolé : Croyez-vous que cela vaille la peine ? Certainement. Dans ce cas les mots modaux se rapprochent fonctionnellement des mots-phrases.

En linguistique on unit les mots modaux en une PdD isolée. Mais en français ils conservent un lien étroit avec les Adv. La plupart des mots rapportés aux mots modaux sont en même temps employés comme des Adv. qualitatifs : Je n’avais jamais pu regretter vraimentquelque chose (по-настоящему – Adv. qualitatif) ; Mais non, vrai-ment, je ne le pense pas (в самом деле, действительно – Adv. modal). Voilà pourquoi en français moderne les mots modaux doivent être envisagés comme une sous-classe sémantico-fonctionnelle au sein des Adv. et non comme une PdD isolée.

3.5. Adverbes précisants.Ces adverbes avec les Adv. de liaison participent à la formation du niveau du discours de l’énoncé. Ce sont :

¨ adverbes caractérisant le mode d’expression de la pensée : franchement, honnêtement, proprement, littéralement, à vrai dire, sincèrement ;

¨ adverbes soulignant l’appartenance de l’énoncé à une personne donnée : personnellement, à mon avis ;

¨ soulignant et limitant un élément de l’énoncé : précisément, particulièrement, généralement, justement, en somme, en général, notamment, seulement.

3.6. Adverbes de liaison.Ils généralisent un énoncé et expriment les rapports logiques entre les énoncés et /ou leurs parties. A la différence des Adv. modaux ceux-ci ne peuvent pas former une proposition isolée. Ce sont :

¨ adverbes généralisants : bref, finalement, enfin;

¨ adverbes indiquant la succession : premièrement, primo, initialement, ultérieurement ;

¨

adverbes indiquant des liens logiques différents : conséquence – donc, aussi, ainsi, par conséquent ; opposition – cependant, d’ailleurs, toutefois, néanmoins, pourtant, au contraire, du reste, en tout cas ; similitude – également, en même temps, aussi, de même ; explication – en effet.

Ces derniers adverbes sont proches fonctionnellement des conjonctions.

4.0. Groupe syntaxique adverbial.La fonction primaire de l’Adv. est celle d’un terme dépendant dans un groupe verbal. Le groupe syntaxique V + Adv. peut avoir la structure maximale suivante :

V + (Adv. int) + Adv. + (prép. + N)

C’est très bien pour lui

La nomenclature et la position des éléments du groupe manifestent les catégories syntaxiques pareilles à celles du groupe adjectival (voir p.p. 70-73 ci-dessus)bien que moins déterminées et moins fréquentes.

La rupture du contact de l’adverbe avec le V. (détachement) reflète la distinction entre les caractéristiques n o n p r é d i c a t i v e et s e m i - p r é d i c a t i v e.

La position de l’adverbe par rapport au verbe reflète l e m o d e d e l a c a r a c t é r i s a t i o n de l’action : Il a naturellement parlé et Il a parlé naturellement.

La présence d’un élément exprimant l’intensité et le degré (Adv. int) reflète la catégorie de c o m p a r a i s o n et d’ i n t e n s i t é : Il l’a fait plus vite que moi ; Il l’a fait très exactement.

La présence du groupe prépositionnel reflète la l i m i t a t i o n d e l a c a r a c t é r i s a t i o n : C’est bien à C’est bien pour lui.

4.1. Position de l’adverbe et le mode de la caractérisation.L’Adv. peut se trouver dans une des trois positions : a) non détachée, après le verbe : Il a souffert horriblement; b) détachée, devant ou après le noyau verbal : Il a souffert, horriblement ; Horriblement, il a souffert pendant tout ce temps ; c)à l’intérieur d’un groupe verbal analytique, devant sa partie significative : Il a horriblement souffert. Mais tous les Adv. ne peuvent pas occuper toutes les trois positions. Dans des positions différentes les Adv. manifestent les oppositions suivantes :

¨

adverbe détaché/non détaché. A l’état non détaché il manifeste une caractéristique non prédicative du V. A l’état détaché est manifestée ou bien une caractéristique prédicative ou bien un lien semi prédicatif. Un Adv. détaché en postposition se rapporte au rhème de l’énoncé, exprimant un énoncé complémentaire : Puis elle se mettait à crier, horriblement. D’abord on décrit l’action, puis, de la façon complémentaire, on énonce sa caractéristique (Она начинала кричать, et кричала ужасно). Les Adj. locaux et temporels à la position initiale expriment le thème de l’énoncé, la localisation générale de l’événement se manifestant comme complément de toute la phrase et non seulement du V: Hier, Pierre est venu chez moi vers le soir.

Il est plus difficile de résoudre le problème des Adv. préposés qualitatifs et de manière en position détachée. P. ex.: Obligeamment, pour leur éviter quelque algarade, Jean crut devoir intervenir // Brusquement, il reprit la chandelle, les laissa dans l’obscurité. Ici l’Adj. exprime le rhème et reçoit une nuance expressive à cause de la rupture de l’ordre de mots habituel thème – rhème. D’abord on montre la circonstance dans le cadre de laquelle se déroule l’action et puis on décrit l’action même (dans la phrase citée : Жан решил проявить любезность и сделал то-то). Les Adv. exprimant la succession des actions (ultérieurement, finalement etc.) dans la préposition expriment le thème tout en servant de moyen de liaison. Comme règle, les Adv. à la position initiale, indifféremment de leur sémantique, désignent le cadre (temporel, spatial, psychologique) dans lequel se déroule l’action postérieure.

Les Adv. modaux, précisants et de liaison sont toujours détachés ; même à l’absence de virgules ils sont soulignés phonétiquement. Ils se rapportent à toute la proposition et ont un caractère semi-prédicatif.

¨ préposition/postposition d’un adverbe non détaché.

Ici se manifeste la même régularité que chez les Adj. Dans la postposition l’Adv. conserve complètement sa signification habituelle, tandis qu’en préposition il reçoit une nuance appréciative. La signification d’intensité et modale sont proches de l’appréciation. P. ex. : Il l’a frappé fort(caractéristique simple) et J’ai fort apprécié cette oeuvre (appréciation); un homme ivre affreusement(caractéristique simple) et un homme affreusementivre (intensité) ; Cette idée lui est venue naturellement (caractéristique simple) et Il ne l’a naturellement prévenu (modalité).

4.2. Degré de comparaison et d’intensité.Le degré de comparaison des Adv. est exprimé syntaxiquement à l’aide des mots outils : plus, moins, aussi et la conjonction que : Je l’ai fait moins bien que lui ; Il a travaillé aussi longtemps que moi ; Cela se trouve plus loin. Seuls les Adv. beaucoup, peu, bien et mal ont les formes suppléées plus, moins, mieux, pis. Le degré d’intensité est exprimé par les Adv. très, tout, bien, par la particule si : tout près, si loin, très facilement.

4.3. Limitation de la caractéristique.Les pronoms et les N joints aux Adv. à l’aide des prépositions concrétisent la caractéristique exprimée par l’Adv., précisent sa direction vectorielle (направленность). Dans la phrase Il a enfin compris, heureusementl’Adv. modal a une signification généralisante et peut signifier « heureusement pour lui-même, pour l’entourage, pour l’affaire». Dans le groupement heureusement pour lui, pour moi l’extension prépositionnelle précise la sphère d’action de la caractéristique. De même dans L’institut se trouve loin et loin de la maison.

Certains Adv. en s’agençant fréquemment avec des locutions prépositionnelles finissent par être employés comme moyen de liaison formant une préposition composée. P. ex. indépendamment de signifie «помимо» dans : Indépendamment de son salaire, il touche de nombreuses indemnités. De même conformément à, contrairement à, loin de (dans la signification de «не только не ») se sont transformés en prépositions composées.

4.4. Réalisation de la signification de l’adverbe.Il faut distinguer la modification de la signification d’un Adv. à l’intérieur du même groupe sémantique, le transfert de l’Adv. d’un groupe sémantique à un autre et la conversion de l’Adv. en une autre PdD. La réalisation de la signification d’un Adv. dépend avant tout de la signification catégorielle du V., du caractère de l’action dénoté par le V., tels que perfectivité / imperfectivité, action/état, action se développant ou non dans l’espace etc. P. ex. l’Adv. vite auprès un V. imperfectif dénote la vitesse du déroulement de l’action (« быстро» ) : Il marche vite; auprès un V. perfectif – le temps de son accomplissement (« вскоре») : On sera plus vite arrivé (= мы скорее доедем). L’Adv. naturellement auprès des V. d’action signifie «естественно», « просто» : Il parle naturellement ; auprès des V. d’état il signifie «по природе своей» : Il est bon naturellement. L’Adv. parallèlement signifie « параллельно» auprès des V. d’action se déroulant dans l’espace (Ces deux rues courent parallèlement) et «одновременно » - auprès des V. d’action n’étant pas liée à l’idée d’espace (Exprimer deux idées parallèlement). Bien est un Adv. qualitatif («хорошо», «правильно») auprès des V. d’action capable d’être caractérisée au point de vue qualificatif : Il danse bien. Auprès des V. d’action incapable d’être caractérisée au point de vue qualificatif, il exprime l’intensité (« очень») : J’espère bien vous revoir.

On voit des glissements de sens suivants : lieu àtemps: d’ici en huit через неделю, L’hiver n’est pas loin maintenant; lieu à quantité, intensité: Je lui ai donné tout ce qu’il désirait et même au-delà; Il est de loin le premier; qualité à quantité: pas mal de choses; qualité à intensité: Il est terriblement riche; quantité à intensité: Il est beaucoup plus fort; qualité à modalité: certainement, naturellement, vraiment; temps à lien logique: toujours(opposition), cependant, toutefois.

5. Adverbialisation.La particularité des adverbes réside dans leur caractère dérivatif. En français la plupart des adverbes, à l'exception d'un petit nombre d'adverbes simples (bien, mal, tard, hier, tant et autres), sont résultat de la modification sémantique des mots des autres parties du discours : adjectifs (vite), pronoms (ici), locutions prépositionnelles (avant, alors, lendemain, davantage). Ils sont formés par la voie de la composition des mots (toujours, beaucoup) et surtout par la dérivation à la base des adjectifs à l'aide du suffixe -ment (joliment). Le processus de la formation des adverbes des autres PdD (surtout des Adj.) et de l'adverbialisation des locutions (surtout avec N) est très actif en français moderne. La différence entre un adverbe et une locution adverbiale est souvent très floue et se manifeste graphiquement : par une écriture liée ou divisée. Voila pourquoi les unités lexicales circonstancielles sont du point de vue structural très hétérogènes : les significations proches sont exprimées tantôt par un adverbe, tantôt par une locution adverbiale, p. ex. :

  caractère indéfini universalité négation
Temps quelquefois toujours jamais
Lieu quelque part partout nulle part

5.1. Affixation. Adj. à Adv. Il y a un seul suffixe adverbial -ment formant les adverbes à la base des adjectifs. Très souvent il accomplit la fonction purement transpositionnelle : sans changer la signification du lexème il transfère le mot d’une PdD en une autre : difficile - difficilement, naïf - naïvement. Voila pourquoi on interprète ce morphème comme un morphème grammatical et non dérivatif. Ce n 'est pas tout à fait correct, puisque le transfert du lexème d'une PdD en une autre en français représente toujours la création d'un mot nouveau. Comme à toute autre transposition ici on a très souvent des glissements sémantiques plus ou moins manifestes, p. ex. : bon –xopoший иbonnement - npocmo. Le suffixe -ment est très productif. Cela s'explique par un profond parallélisme sémantique de l'Adj. et de l'Adv. exprimant les propriétés respectivement d'une substance et d'un processus. Mais puisque dans la réalité les substances et les processus sont intimement liés, la propriété d'une substance peut se manifester en même temps comme celle du processus lié avec cette substance et inversement.

Le suffixe -ment ne se joint pas à tous les adjectifs. La possibilité de son emploi à été maintes fois étudiée en linguistique française [ 58 ]. L'Adv. ne se forme pas des Adj. dénotant la propriété qui ne peut pas être liée au caractère de l'action , p. ex. rouge, chauve, gros, petit etc. Ils peuvent former les Adv. à sens dérivé : vertement сильно (tancer vertement), petitement скудно, мелочно (vivre petitement, se venger petitement). Au contraire, les Adj. dénotant les propriétés morales du sujet qui peuvent influencer le caractère de l'action, forment des Adv. en -ment : un homme aimable à se conduire aimablement, un homme courageux à se battre courageusement. D'autre part, les Adv. en -ment ne se forment pas des adjectifs verbaux qui dans leur sémantique contiennent la caractéristique du procès, p. ex. les Adj. avec le suffixe -ablemarquant une possibilité passive (critiquable).

N à Adv.Le suffixe -ment forme les Adv. a la base d'une petite quantité de substantifs : nuit - nuitamment.

5.2. Conversion Adj. à Adv. Plusieurs Adv. se sont formés à la suite de la conversion de l'Adj. sans le suffixe -ment. Une telle conversion est très productive en français moderne : travailler dur,payer cher ; boire frais ; parler français ; voter utile ; Ça pousse serré ; Ça chauffe terrible devant le but (football) ; Ce veston tombe impeccableetc. [ 62 ]. Les facteurs de la conversion sont :

a)la coïncidence des fonctions des deux PdD dans la
postposition verbale de sorte que très souvent c'est l'accord seul qui
distingue ces deux PdD. P. ex. dans la phrase Le malade dort tranquille l'accord est possible ( p. ex. Les malades dorment tranquilles) ce qui prouve que tranquille est une Adj. Mais dans La pluie tombe dru l'absence de l'accord prouve son adverbialisation ;

b)l'ellipse du complément à sa signification claire et
généralisante : un mot dépourvu de l'accord se transforme en Adv. dénotant la propriété de la façon plus généralisante qu'un Adj. P. ex. : manger des plats froids (un plat froid) à manger froid ;acheter des produits (un produit) français à acheter français; voter pour un candidat socialiste à voter socialiste.Ce n'est pas par hasard qu'un tel Adv. est employé d'habitude auprès une construction intransitive.

Un tel Adv. forme très souvent une locution phraséologique avec un verbe : voir rouge, rire jaune, sonner creux, boire sec, jouer serré etc. Entre lui et un Adv. en -ment on voit des divergences sémantiques : l'Adv. sans affixe conserve sa signification directe tendis que l'Adv. en -ment acquiert une signification dérivée se rapportant au moral. P. ex. : bas и bassement, parier net (четко) и nettement (недвусмысленно); parler fort (громко) и fortement (убежденно), chanter faux (неправильно) и accuser faussement (aspect moral). Avec cela, étant lié à un objet présupposé, l'Adv. sans affixe souligne le résultat, la conséquence : voter utile – голосовать так, чтобы от этого была польза; II pédale terrible – Он изо всех сил нажимает на педали.

N à Adv.N se transforme en Adv. à la suite de la condensation des groupes nominaux avec une préposition (enfin, davantage) ou avec un adjectif (longtemps, quelquefois). Ce procédé maintenant n'est pas productif, les locutions nominales s'écrivent séparément et peuvent être envisagées comme phénomènes de l'adverbialisation syntaxique.

Prép. à Adv. Une préposition reçoit la fonction adverbiale à l'omission du N découlant de la situation ou du contexte. La différence entre une préposition et un Adv. est déterminée syntaxiquement : par la présence ou l'absence de l'extension. Dans Il a voté pour ce candidat le mot pour est une préposition ; dans Il a voté pour le mot pour est un Adv. De même : C'est selon ; mettre qch dessus etc. Dans certains cas le mot a cessé d'être employé comme préposition (dedans, dehors, dessous, dessus) ou, au contraire, comme adverbe (hors) et l'adverbe a commencé à se distinguer formellement de la préposition correspondante. D'habitude la locution prépositionnelle est corrélée à un objet animé, tandis que l'adverbe est corrélé à un objet inanimé : Vous pouvez compter dessus (=sur mon aide) m Vous pouvez compter sur elle (=sur cette personne).

5.3. Locutions adverbiales.A côté des adverbes simples en français sont largement usités les adverbes composés ou les locutions adverbiales. C'est la manifestation du caractère analytique du français ; vu l'insuffisance des moyens dérivatifs, plusieurs caractéristiques sont exprimées non par des adverbes mais par des groupements de mots représentant la transposition des mots des autres PdD. Les modèles les plus importants de formation des locutions adverbiales sont :

a)préposition + adjectif (prépositions à, de, en, à la) : accuser à faux, de nouveau, d'ordinaire, en vain, en entier, à la légère

b)préposition + numéral : à deux, en deux, deux par deux ;

c)préposition + infinitif : sans tarder, à tout rompre ;

d)adjectif + nom : nulle part, tête baissée ;

e)préposition + nom. Ces locutions sont surtout nombreuses.
Leur structure est très variée : avec plaisir, avec soin, à pied, à fond,
à la lettre, à la folie, de préférence, d'abord, d'habitude, en face, en
effet, par bonheur, par hasard, sans peine, sans limites. Dans le plan
sémantique ces locutions sont aussi très variées et représentent
différents degrés d'idiomatisation : à partir de l'emploi libre des mots
(avec attention, sans entrain) jusqu'à des soudures indissolubles
(d'emblée, à brûle-pourpoint). Tout comme adverbes ces locutions
peuvent exprimer les degrés de comparaison et d'intensité de la
caractéristique : avec plus d'attention (=plus attentivement).

6.0. Conjonction en tant que partie du discours.Conjonction est un mot outil reliant des propositions ou termes de proposition. La tradition grammaticale les divise en conjonctions de coordination et de subordination. Comme la fonction de liaison est propre aussi aux prépositions, adverbes et pronoms, se dresse la question de la distinction des conjonctions de ces derniers.

En ce qui concerne la distinction de la conjonction et de la préposition voir (PRÉPOSITION§ 1.1.2. ci-dessous)

En ce qui concerne la distinction de la conjonction et de l’Adv., bien des mots tels que puis, pourtant, cependant, encore, aussi etc.sont rapportés par les uns aux conjonctions, par d’autres – aux adverbes. La distinction principale entre ces deux PdD réside en ce que l’Adv. est un mot autonome dont la position est libre au sein de la proposition, il peut être détaché et former même une proposition elliptique, tandis que la position de la conjonction au sein de la proposition est fixe ; elle se place devant l’élément introduit par elle et ne peut pas se trouver dans la position finale. P. ex. : Mais je l’ai vu (conjonction) et Je l’ai vu, pourtant (adverbe).

La distinction de la conjonction et du pronom consiste en ce que la conjonction ne fait que lier deux propositions et n’en substitue pas un terme (de proposition), tandis que le pronom tout en liant deux propositions en fait à la fois partie. P. ex. : Je sais qui est venu (qui – pronom ayant la fonction du sujet de la subordonnée) et Je sais que Pierre est venu (que - conjonction).

6.1. Conjonctions de coordination (CC) et conjonctions de subordination (CS).La distinction de la coordination et de la subordination est une des questions les plus compliquées de la grammaire. D’habitude les rapports de coordination se déterminent comme rapports convertibles reliant deux éléments égaux, tandis que les rapports de subordination sont inconvertibles embrassant les rapports inégaux entre les éléments ( Пешковский [ 20, 54] ). Le lien de coordination permet de changer la position de ses éléments sans détriment du sens : Pierre et Jean sont venus à Jean et Pierre sont venus; Jean est parti, mais Pierre est resté à Pierre est resté, mais Jean est parti. Le lien de subordination ne permet pas un tel déplacement : le chien du voisin à * le voisin du chien (avec préposition); Je vous téléphonerai quand j’aurai fini le travail à Quand je vous téléphonerai j’aurai fini mon travail (le sens change). Pourtant il faut envisager cette convertibilité comme un phénomène potentiel: sa possibilité dans des cas concrets peut être limitée par la sémantique des éléments liés, p. ex.: Il se réveilla et se leva aussitôt.

D’autre part les liens de subordination n’indiquent pas toujours que la principale exprime la pensée essentielle et la subordonnée – une information complémentaire. Comparons trois propositions ( Moignet [ 58, 269 ] ) : 1) S’il venait, je ne le recevrais pas ; 2) Il viendrait, je ne le recevrais pas ; 3) Il viendrait que je ne le recevrais pas. La condition est exprimée par la subordonnée dans (1), par une proposition juxtaposée dans (2) et par la principale dans (3). Très souvent c’est la principale qui contient une information secondaire, une nuance modale de l’énoncé : Il est évident qu’il a raison.

Pour la distinction des CC et CS on a proposé des critères formels : distributif (position de la conjonction dans la proposition), transformationnel (possibilité de la substitution de la CS par un mot interrogatif). Mais ces critères s’avèrent insuffisants, p. ex. si se manifeste différemment des autres CS. Il est plus juste de distinguer les conjonctions en partant du type de liaison exprimée par la conjonction : les CC expriment les opérations essentielles logiques sur les objets, les CS – des rapports entre les procès.

7.1. Conjonctions de coordination.Ce sont avant tout les conjonctions simples : et, ou, ni, mais, car, or, donc. Elles se placent toujours entre les propositions (ou mots) reliés ou au commencement d’une proposition introduite (à l’exception de donc qui peut recevoir la fonction de particule).

Les fonctions sémantiques primaires des CC consistent en ce qu’elles expriment les opérations logiques essentielles conjonction (конъюнкция) : et (jonction positive), ni (jonction négative) ; disjonction (дизъюнкция) : ou ; implication : car(cause), donc, or (conséquence) ; opposition : mais (implication négative). Dans la phrase Il est vieux mais assez fort une implication est aussi présente : Il est vieux, doncil n’est pas fort. La conjonction et la disjonction touchent des objets isolés de la pensée ou des situations, des événements entiers, l’implication ne touche que les situations. Voilà pourquoi et, ou, ni peuvent relier des termes de propositions aussi bien que des propositions, tandis que car, or, donc ne relient que des propositions. La conjonction mais relie aussi d’habitude des propositions, et à l’intérieur des ces dernières – les éléments du caractère prédicatif représentant des «prédicats réduits».

Dans leurs fonctions sémantiques secondaires les conjonctions peuvent recevoir d’autres significations. La conjonction et peut exprimer l’opposition, mais – précision, ou – explication.

Les conjonctions peuvent perdre leur signification conjonctive. P. ex. et au commencement d’une proposition isolée se manifeste comme une particule de renforcement : Et voilà, nous sommes arrivés. Mais, ayant perdu la signification de l’opposition, fait partie des particules emphatiques : Mais non ! (la négation est exprimée sans aide de mais qui ne fait que la renforcer et la lier à la situation) ; Ah mais ! Mais oui, mais enfin, non mais !

Pour l’expression d’un lien de coordination on emploie aussi des conjonctions doubles : ni … ni, soit … soit, tantôt … tantôt. Bien des Adv. et des locutions adverbiales se manifestent comme variantes fonctionnelles des CC : ainsi, alors, aussi, cependant, par conséquent, au contraire, ou bien, en effet, encore, enfin, ensuite, du moins, néanmoins, quand même, en outre, pourtant, puis, du reste, par suite, toujours, toutefois et d’autres qui différencient les significations exprimées par des CC simples.

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