La relation de l'Homme au monde
Les thèmes philosophiques, religieux et politiques occupent une place centrale dans l'œuvre de Dostoïevski.
C'est lors de son passage au bagne que se développe la force spirituelle de Dostoïevski. Il ne s'endurcit pas, il ne se révolte pas et accepte les révélations qui lui arrivent peu à peu sur la Russie, le peuple russe, la monarchie russe et la religion. Il écrit dans une correspondance : « Je te jure que je ne perdrai pas espoir et garderai purs mon esprit et mon cœur... Je dois vivre... Ces années ne seront pas stériles. » Au fond de son enfer, il rencontre le Christ, et sa foi renouvelée va désormais le guider dans sa vie privée, dans sa vie d'écrivain et dans sa vie politique : « ... il n'est rien de plus beau, de plus profond, de plus sympathique, de plus raisonnable, de plus viril et de plus parfait que le Christ... Désormais, je n'écrirai plus d'âneries. »
Mais cette découverte du Christ n'implique pas un retour à la religion. À cet égard, Kirilov, personnage des Démons, imagine que Jésus mourant ne s'est pas retrouvé au Paradis : « Les lois de la nature, dit l'ingénieur, ont fait vivre le Christ au milieu du mensonge et mourir pour un mensonge ». Ce qui fait dire à Albert Camus analysant l'œuvre de Dostoïevski, que « Jésus incarne bien tout le drame humain. Il est l'homme parfait, étant celui qui a réalisé la condition la plus absurde. Il n'est pas le Dieu-homme, mais l'homme-dieu. Et comme lui, chacun de nous peut être crucifié et dupé - l'est dans une certaine mesure. »
La question du Christ, et de l'existence de Dieu, est en fait au cœur de sa réflexion, ainsi que Dostoïevski lui-même l'affirme, parlant des Karamazov : « La question principale qui sera poursuivie dans toutes les parties de ce livre est celle même dont j'ai souffert consciemment ou inconsciemment toute ma vie: l'existence de Dieu. »
Exercices.
1. Trouvez dans le texte les mots internationaux et traduisez-les.
2. Trouvez dans le texte ci-dessous les termes littéraires et composez par écrit votre vocabulaire thématique.
Analyser et exposer :
Quel est le genre de ce texte (scientifique, publicitaire, de belles lettres, de vulgarisation scientifique, etc.) ?
Quels objectifs ce texte vise-t-il (étudier un problème, renseigner, informer sur un sujet, faire penser, faire part d’une opinion, provoquer une réaction, entamer une discussion, etc.)
Qu’est-ce qui fait l’intêret principal de ce texte.
Elaborez un plan détaillé du texte prenant de base les sous-titres proposés par l’auteur.
Pour chacun des paragraphes de votre plan, composez une phrase qui énonce l’idée principale, une ou deux phrases pour appuyer cette idée.
Résumez les idées importantes du texte.
Mikhaïl Prichvine
(1873-1954)
Celui qui veut comprendre un poète, a dit Goethe*, doit visiter sa patrie.
C’est à Elets que se sont écoulées l'enfance et l'adolescence de Mikhaïl Prichvine. Nombreux sont les écrivains russes qui ont vécu à proximité de cette vieille ville russe. Dans cette région où les forêts voisinent avec la steppe, où il n'y a ni montagnes, ni cascades, ni jungle tropicale, ni fleurs exotiques, où coulent de petites rivières, ont vécu Ivan Tourguénev, Léon Tolstoï, Ivan Bounine, écrivains qui ont su décrire la nature russe dans sa beauté simple, mais captivante.
D'abord, la vie de Mikhaïl Prichvine différa peu de celle des jeunes de son âge. Né en 1873, il entre au lycée à une époque difficile pour la société russe, lorsque la vague de la réaction étouffa pour un temps les aspirations libérales. Exclu du lycée pour son indépendance d'esprit, Prichvine poursuit ses études à l'école réelle de Tioumen. Il entre ensuite au collège polytechnique de Revel (Tallinn), mais il ne devait pas achever ses études là non plus. Il est arrêté pour avoir fréquenté des cercles marxistes, après quoi il se rend à l'étranger où il étudie l'agronomie à l’Université de Leipzig.
Maintenant qu'il a un diplôme, Prichvine peut rentrer en Russie et travailler. C’est ce qu'il fait. Il se lance dans l'agronomie, écrit des livres et des articles sur l'agriculture.
Il abandonne soudain sa profession qui lui assurait une existence tranquille et aisée et, à un âge où l'homme suit généralement les sentiers battus, il change son genre de vie. Il se rend dans le Nord pour s'y consacrer au folklore et à l'ethnographie.
Les voyages se suivent et chacun d'eux donne naissance à un livre où il décrit des lieux peu connus, les mœurs et les coutumes de leurs habitants, leur langage original.
Débutant dans la carrière littéraire, Prichvine chercha l'inspiration ailleurs, loin des lieux qui lui sont chers depuis son enfance Les livres de cette époque portent l'empreinte de l'exotisme ethnographique : l'attention de l'écrivain est attirée pat ce qui distingue la Russie du nord de celle du centre. Et plus il voyage, mieux il comprend et connaît ces régions nouvelles. C'est ainsi que ses voyages, les recherches aussi bien scientifiques que littéraires qu'il y a menées furent pour lui une remarquable école littéraire. Son oeuvre, liée par une multitude de fils aux traditions de la littérature classique russe et qui, maigre tout, ne ressemble à l'œuvre d'aucun écrivain russe.
Prichvine a écrit un grand nombre de livres en cinquante ans d’activité littéraire. Ce sont des notes de voyages « Au pays des oiseaux serreins » et « A la recherche du puits magique» parues au debut de siècle, des notes phenologiques «Le calendrier de la nature», un roman autobiographique chargé de pensées philosophiques «La chaîne de Kachtcheï», des nouvelles «Le bosquet des cigognes» et «Le ginseng1», puis le récit d'un voyage effectué dans la région de Yaroslavl «Le printemps nu», des notes de son journal personnel qui semblent former un poème en prose «Phacélie». «Le dégel dans la forêt», des contes «Les trésors du Soleil» et «La haute futaie2» terminée en 1954, quelque peu avant la mort de l'écrivain. Mais toutes ces diverses œuvres ont un trait commun: la description de la nature qui, dans ses manifestations infinies, est l'objet principal de l'attention de l'auteur. L'écrivain nous apprend à être attentif envers la nature comme envers un parent, il nous invite à connaître le «visage même de la vie», que ce soit une fleur, un chien, un arbre, un rocher ou même le visage de «toute une contrée».
C'est sans doute Maxime Gorki qui a défini le mieux l'attitude de Prichvine envers la nature.
«Chez aucun des écrivains russes, je n'ai rencontré ni ressenti un mariage aussi harmonieux de l'amour de la terre et de sa connaissance, que celui que je vois et ressens chez vous».
En effet, l'amour de la terre, des trésors qu'elle cache se marie harmonieusement chez Prichvine avec la connaissance presque parfaite de cette même terre. Sa position dans la littérature a été celle d'un pionnier convaincu, d'un explorateur passionné, l'un naturaliste épris de la nature.
Dans «Le calendrier de la nature», livre où se reflète la longue expérience de l'écrivain, Prichvine écrit qu'habituellement le personnage qui est le héros de la nouvelle est issu de la propre personne de l'auteur, de ses propres réflexions et sentiments, qu'il exprime toutes ses pensées et motions. Lui, Prichvine, «au lieu de prêter ses pensées et sentiments à un personnage imaginaire, les prête à la contrée qui l'intéresse.
Apres avoir lu les livres de Prichvine, nous voyons les arbres et entendons le bruissement de leur feuillage, nous percevons le murmure des sources dans la forêt, le gazouillis3 merveilleux des oiseaux. Après avoir lu ces livres, nous avons l'impression de suivre dans la forêt un chasseur. Et bien que nous ayons maintes fois parcouru cette forêt.
Constantin Paoustovski en a trouvé dans « Les quatre saisons » de Prichvine, l’explication extrêmement claire et merveilleusement écrite. «Là où coulaient les cours des eaux printanières il y a maintenant de partout des cours de fleurs ». En lisant cela il a aussitôt compris que les riches rubans de fleurs poussaient précisément là où les eaux printanières s’écoulaient librement, laissant derrière elles un limon fertile. C’est comme le tableau fleuri des crues printanières.
Ces découvertes, à première vue insignifiantes et personnelles, mais en réalité extrêmement importantes sont multiples dans les livres de Prichvine. Elles lient étroitement et profondément chacun de nous à la nature immense et inépuisable.
Si loin qu’aille l’homme dans la conquête des lointaines planètes et des mystérieux fonds marins, il s’inclinera toujours avec reconnaissance devant les écrivains qui l’ont aidé à mieux connaître la Terre, à s’y attacher plus fortement. Le remarquable écrivain russe Mikhaïl Prichvine est l’un d’eux.
1 ginseng (m) –женьшень
2 futaie (f) ) – строевой лес
3 gazouillis (m) = gazouillement (m) – чириканье
Notes:
*Goethe – Johann Wolfgang von Goethe (1749–1832) – écrivain allemand
Répondez aux questions suivantes :
1. Qui a dit : « Pour comprendre un poète il faut visiter sa patrie » ? 2. De qui s’agit-il dans ce texte ? 3. Où se sont écoulées l’enfance et l’adolescence de M. Prichvine ? 4. Quels écrivains russes ont-ils vécu à proximité d’Elets ? 5. Quelles est la nature de cette region ? 6. Pourquoi l’époque était difficile quand M. Prichvine est entré au lycée ? 7. Pourquoi M. Prichvine a-t-il exclu du lycée ? 8. Où a-t-il continué ses études ? 9. Pour quel but rend-il à l’étranger ? 10. Qu’est-ce qu’il fait en Russie après avoir reçu son diplôme à Leipzig ? 11. Comment change-t-il son genre de vie ? 12. Qu’est-ce que ces voyages lui donnent ? 13. Qu’est-ce qui attire l’attention de M. Prichvine ? 14. Pourquoi son œuvre ne ressemble à l’œuvre d’aucun écrivain russe ? 15. Quel est le roman autobiographique de Prichvine ? 16. Qu’est-ce qui semble former un poème en prose « Phacélie » ? 17. A quoi nous apprend l’écrivain ? 18. Quelle est impression de Maxime Gorki sur l’œuvre de M. Prichvine ? 19. Qu’est-ce que nous voyons et percevons ayant lu les livres de M. Prichvine ? 20. Quels livres de M. Prichvine avez-vous lu ?
Exercices.
1. Trouvez dans le texte des mots ayant le même radical que les mots suivants :
réciter (v), enfant (m), voisin (m), mont (m), beau (adj), printemps (m), personne (f), travail (m), voyage (m), inspirer (v), penser (v), attention (f), écrire (v)
2. Donnez :
a) le féminin des adjectifs suivants :
beau, vieux, clair, harmonieux, naturel, étroit, profond, lointain, réel, précis, original, nouveau, personnel, nombreux
b) le pluriel des adjectifs suivants :
beau, vieux, clair, harmonieux, étroit, profonde, lointaine, précis, original, nouvelle, personnel, nouveau
3.Formez des adverbes à l’aide de suffixe –ment :
fort, habituel, extrême, merveilleux, étroit, profond, libre, précis, harmonieux