Phrases interrogatives implicatives.
Ils vont au cinéma ? (La veille de leur examen, quelle horreur !)
Vous avez la clé ? (C’est bien sûr.)
Comment la trouvez-vous ? (Je vous avais bien dit qu’elle était formidable !)
Pourquoi l’as-tu gardé ? (Puisque tu n’en voulais pas !)
Combien serez-vous de personnes ? (Pour un simple mariage ! C’est de la folie.)
Quand travaille-t-elle ? (Jamais, vous le savez bien.)
Où allez-vous ? (Je le sais bien, mon cher !)
Lequel voulez-vous ? (Prenez celui que vous voulez et qu’on en finisse !)
Qui y a pensé ? (C’est moi, comme toujours !)
Avec quel argent va-t-il payer ? (J’aimerais bien le savoir moi !)
Qu’est-ce que j’en ai fait ? (Je n’en ai aucune idée !)
Est-ce que vous l’avez vu ? (Avec cet affreux chapeau !)
Qu’est-ce que vous lui avez dit ? (Pour la mettre dans un état pareil !)
Est-ce que la radio l’a annoncé ? (Non ? bon, alors il n’y a pas de vacances.)
Le téléphone n’a pas sonné ? (Il me semble l’avoir entendu.)
Exercice 3
Phrases impératives implicatives.
Donnez-moi le dictionnaire, s’il vous plaît ! (Je n’ai pas confiance en votre savoir.)
Prenez l’autobus de la place ! (C’est bien simple.)
Dépêche-toi d’aller à la poste...(Voilà 1 h que je t’en parle.)
Un kilo de pommes, s’il vous plaît...(S’il y en a encore.)
Trois places à l’orchestre, s’il vous plaît...(Vous êtes sourde ou idiote ?)
Appelez Police-Secours ! (C’est tout ce qu’il y a à faire.)
Deux menus à...12,50, s’il vous plaît...(On n’est pas très décidé.)
Un apéritif et un jus de fruits, s’il vous plaît...(Ça fait la quatrième fois que je le demande !)
Phrases exclamatives.
Ces phrases sont des phrases implicatives dont l’implication est exprimée orthographiquement par un point d’exclamation à la fin de la phrase. La phrase exclamative peut avoir deux formes tout à fait opposées.
Elle peut commencer très haut pour descendre très bas, en escalier, jusqu’à la dernière syllabe. En général, cette forme commence par un mot exclamatif. Elle exprime souvent la tristesse, le respect, la tendresse, l’horreur, etc.
Exercice 4
Quelle misère d’en être là !
Que c’est beau !
Quel homme c’était !
Comme c’est gentil !
Qu’est-ce que c’est que cette histoire !
Pourquoi se donner tant de mal !
Quelle horreur !
Qu’il est mignon !
Elle peut commencer sur un ton normal et monter assez haut. En général, cette forme ascendante exprime l’enthousiasme, l’optimisme, la gaieté, ou quelquefois un sentiment violent, comme la colère. Le plus souvent, elle ne commence pas par un mot exclamatif.
Exercice 5
Mais c’est formidable !
C’est magnifique !
On y va tout de suite !
C’était un homme !
Elle est tellement drôle !
Commencez le premier !
J’en ai assez !
Je suis contente !
EXERCICES
Liaison
Exercice 1. Justifiez les liaisons obligatoires et expliquez l’absence de liaison (liaison défendue) dans les groupes accentuels qui suivent.
Ce petit hameau ; les hirondelles ; de grands hêtres ; de beaux habits ; un grand héron ; les anciens habitants ; les héros et les héroïnes de Racine ; tous les onze ans ; elle est très harmonieuse ; il est très hautain ; ils étaient en haut ; selon elle ; elles étaient en extase ; il les hait ; ils hésitent ; sonnez et entrez !; ils étaient huit ; strident et aigu ; détester et aimer ; ils étaient en habits ; vers Orléans. Les avez-vous aimés ? Y êtes-vous allés ? Peuvent-elles entrer ? Voulez-vous vous approcher ? Se sont-ils heurtés ? Comment étaient-ils habillés ?
Exercice 2. Faites la transcription des phrases ci-dessous, trouvez les liaisons obligatoires et facultatives, expliquez l’absence de liaison.
1). Voulez-vous écouter attentivement mes explications ? 2). Ces chaussures sont très élégantes. Voulez-vous les essayer ? — Oui, je veux bien. Je suis très à mon aise. 3). Quand on parle du soleil, on en voit les rayons. 4). Les hasards les avaient fait se connaître. 5). Les anciens élèves entraient en groupe. 6). Ne rien haïr, mon enfant, tout aimer. Ou tout plaindre. (V. Hugo)
Exercice 3. Trouvez les liaisons obligatoires, interdites et facultatives dans les phrases ci-dessous :
Se sont-ils aimés ?
Pouvons-nous entrer ?
Les anciens habitants.
Ils étaient en haut.
Ils étaient en extase.
Les minorités ethniques.
Sa voix est très harmonieuse.
C’est une chanson oubliée.
Ce sont des chansons oubliées.
Comment allez-vous ?
Comment sont-ils arrivés ?
Comment est-elle ?
Ils vont en Espagne.
Il est très hautain.
Ils se sont heurtés.
Comment est-elle habillée ?
C’est un mot outil.
Ce sont des mots outils.
Sort-il souvent ?
Quand est-il arrivé ?
Nous sommes heureux quand il vient.
L’institut des langues étrangères.
C’est un appartement à vendre.
Ce sont des appartement à vendre.
Exercice 4. Dans le texte ci-dessous trouvez les liaisons obligatoires et facultatives.
Les deux frères, effayés par le silence de la maison en deuil, s’étaient empressés de la fuir. Rodolphe était entré dans la maison de commerce de son oncle Théodore, et il logeait chez lui. Quand à Ernest, après avoir essayé de deux ou trois métiers, il s’était engagé sur un des bateaux de Rhin, et il ne reparaissait que quand il avait besoin d’argent. Christophe restait donc seul avec sa mère ; et l’exiguïté des ressources, le paiement de certaines dettes, découvertes après la mort du père, les avaient décidés, quelque peine qu’ils en eussent, à chercher un autre logement plus humble et moins coûteux. (R. Rolland, Jean-Christophe)
Exercice 5. Trouvez les cas de liaisons obligatoires, facultatives et interdites dans les textes ci-dessous :
1) Quels étaient donc ces hommes qui, ignorant encore pour de longues années les métaux, lz poterie, ... ayant toutes les apparences d’une extrême barbarie, possédaient une intelligence remarquable...
Les premières manifestations d’art préhistorique apparaissent à la fin de l’époque moustérienne... (N. Casteret)
2) Les peintres ont ouvert les fenêtres, je les entends chanter et s’appeler. D’habitude je n’aime pas écouter les conversations sans avoir signalé ma présence ; peur de surprendre un mot qui me blesserait ; peur de me trouver nez à nez avec ces étrangers que sont, loin de moi, les autres ; ennemis peut-être ? Pourquoi le monde me serait-il amical ? Mais ce matin je n’ai rien à craindre de personne. Aux accents, je devine d’où viennent les garçons qui travaillent là-haut. Le patron et ses fils, des Parisiens ; l’aîné de tous est provençal : un autre, Italien. Voici qu’apparaît au balcon Monsieur Roux. Il était donc là ? Je n’ai pas vu sa voiture. Il a l’air heureux de me voir. Maintenant ils apparaissent tous, sur la galerie, aux fenêtres. (François Nourissier, Le Maître de maison.)
Syllabation et enchaînement
Exercice 6. Faites la transcription phonétique des mots suivants et divisez-les en syllabes.
a) groupe deux consonnes-bruit :
obtenir, captif, inspecter, espérer, rester, facteur, septagénaire, festin, aptitude, excellent, mesquin, accent, adverbe, exemple, lecture, objet, despotique, détester, abdiquer, fixer, égyptien, absent, pasteur.
b) groupe sonante (liquide) + consonne-bruit :
certain, service, liberté, valser, parfait, sortir, berceau, appartement, malsain, pardon, parcours, martyr, artiste, malfaisant, fortune, exercice, calvaire, colporteur, palpiter, falbala.
c) groupe consonne-bruit + sonante (liquide ou semi-voyelle) :
tendresse, peupler, métro, ressembler, concentrer, secret, passion, aigreur, laboratoire, assombrir, chevreau, stylographe, oblong, offrir, couvrir, vendredi, savoir, arrosoir, redresser, ouvrir, s’asseoir, souffrir, comptoir, mouvoir.
d) groupe consonne-bruit ou sonante + nasale :
cadenas, souquenille, cosmique, admirer, admettre, Massenet, calmer, Vernon, formel, tourment, amnistie, amnésie, somnoler, cosmopolite.
e) groupe de deux sonantes (liquides) :
arlequin, Orléan, parler, arlésien, perlé, Marly, bourlesque, haut-parleur, merlette.
f) groupe sonante (liquide, nasale) + semi-voyelle :
vouloir, baignoire, atelier, courroie, couloir, palier, grenier, s’ennuyer, oriental, pitié, s’habituer, coriace, sanatorium, moitié, s’apitoyer, obligatoire.
g) groupe de trois consonnes :
parloir, dortoir, exposer, textile, parapluie, portrait, détruire, mademoiselle, resplendir, inspectrice, obscur, pourvoir, cocardier, astreindre, excursion, palmier, verdier, trimestriel, vous parliez, étroit, proportion, meurtrir, lectrice, prétexter.
h) quatre consonnes et plus :
expliquer, exprès, extrême, exploit, abstrait, construire, expression, extrait.
Exercice 7. Enchaînement des syllabes. Donnez la syllabation des groupes accentuels ci-dessous.
Modèle : avec une amie /a-vε-ky-na-mi/
a) le séjour habituel, une salle sombre et longue, elle reste au laboratoire, quatre enfants, il est maigre et blond, il est toujours en retard, notre instituteur, salle à manger, chambre à coucher, le troisième étage, chambre à côté, table à écrire, machine à taper, vous serez libre à sept heures, chaque ouvrage, voyageur inconnu, table en bois, le peuple américain, voiture à bras.
b) Une montre en or, fleurs et couronnes, bien entendu, voyage en Espagne, c’est un ami, il leur en offrait peu, dans un instant, ils arrivent à dix heures, jeunes aviateurs, il a cent ans, elle a trois enfants, anciennes histoires.
Le e instable (caduc)
Exercice 8. Faites la transcription des mots qui suivent ; citez les règles justifiant le maintien ou la chute de e instable.
Autrefois, cimetière m, dénouement m, mugissement m, honnêteté f, ameublement m, terrassement m, secrètement, s’entre-haïr, à contre-cœur, contre-ordre m, confortablement, facilement, entrebâillement m, déploiement m, enchevêtrement m, franchement, seulement, certainement, couvre-feu m, renoncement m, s’entre-heurter, tonnelier m, complètement, doucement, roulement m, rarement, ouvertement, vêtement m, tranquillement, aimablement, probablement, parfaitement, jugement m, ronflement m, prestement, forteresse f, contre-espionnage m, marchepied m ; il niera, nous achèterions, vous achetez, ils se marieront, vous prierez, ils lieront, vous demanderiez, vous appeliez, nous apporterions.
Exercice 9. Ne prononcez pas le e instable dans l’adverbe.
Cette porte s’ouvre automatiquement.
A mon avis, c’est complètement raté.
Il a finalement consenti.
Il vous a parlé franchement.
On peut faire ce travail facilement.
Cela nous arrive rarement.
Il l’a dit doucement.
Il a répondu nerveusement.
Finalement, ils y ont consenti.
C’est à vous maintenant.
Le magasin est fermé provisoirement.
Cela coûte seulement dix francs.
Cela me ferait plaisir certainement.
Il parle toujours tranquillement.
Il garde ce cadeau précieusement.
Elle a des dentelles soigneusement raccomodées.
Exercice 10. Expliquez le mantien ou la chute possible du e instable :
a) au début du syntagme.
Que faites-vous ici ? Depuis quand êtes-vous ici ? Demain il partira. Ne faites pas de bruit. Ce n’est pas vrai. Tenez, ce n’est pas ça. Que c’est beau ! Je vous le jure. Cela se dit. Tenez-vous tout droit. Ceci tuera cela. Ne dis pas ça. Ce qu’il a grandi ! Cela est vrai.
b) à l’intérieur et à la fin du syntagme.
1) Un appartement à trois fenêtres sur la rue. 2) Elle est sortie en cheveux. 3) Etre à cheval sur une branche d’arbre. 4) Il était en bras de chemise. 5) Tant que la terre durera. 6) La littérature chevaleresque. 7) Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre. 8) On a toujours de la sympathie pour un homme facile à vivre. 9) Le petit du chevreuil s’appelle un faon /f/. 10) Demandez votre chemin. 11) Le métro dessert les portes de Paris. 12) Ce billet n’est pas valable. 13) Montrez-moi l’autre. 14) Dessinez deux triangles semblables. 15) Le roman de Camus La peste. 16) Fermez la fenêtre.
Exercice 11. Justifiez le maintien et la chute de l’e instable dans les textes ci-dessous.
a) Elle était simplement, peut-être pauvrement vêtue, tout en noir, comme la plupart des grisettes dans la soirée. Je jetai mon cigare aussitôt. Elle comprit cette attention d’une politesse toute française, et se hâta de me dire qu’elle aimait beaucoup l’ordeur du tabac et que même elle fimait. (Mérimée. Carmen)
b) J’appris bien vite à mieux connaître cette fleur. Elle avait germé un jour, d’une graine apportée d’on ne sait où. Le petit prince sentait bien qu’il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle, à l’abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil, elle s’était montrée. (A. De Saint-Exupéry)
Le e instable (caduc)
Exercice 12. Faites la transcription des mots qui suivent ; citez les règles justifiant le maintien ou la chute de e instable.
Autrefois, cimetière m, dénouement m, mugissement m, honnêteté f, ameublement m, terrassement m, secrètement, s’entre-haïr, à contre-cœur, contre-ordre m, confortablement, facilement, entrebâillement m, déploiement m, enchevêtrement m, franchement, seulement, certainement, couvre-feu m, renoncement m, s’entre-heurter, tonnelier m, complètement, doucement, roulement m, rarement, ouvertement, vêtement m, tranquillement, aimablement, probablement, parfaitement, jugement m, ronflement m, prestement, forteresse f, contre-espionnage m, marchepied m ; il niera, nous achèterions, vous achetez, ils se marieront, vous prierez, ils lieront, vous demanderiez, vous appeliez, nous apporterions.
Exercice 13. Ne prononcez pas le e instable dans l’adverbe.
Cette porte s’ouvre automatiquement.
A mon avis, c’est complètement raté.
Il a finalement consenti.
Il vous a parlé franchement.
On peut faire ce travail facilement.
Cela nous arrive rarement.
Il l’a dit doucement.
Il a répondu nerveusement.
Finalement, ils y ont consenti.
C’est à vous maintenant.
Le magasin est fermé provisoirement.
Cela coûte seulement dix francs.
Cela me ferait plaisir certainement.
Il parle toujours tranquillement.
Il garde ce cadeau précieusement.
Elle a des dentelles soigneusement raccomodées.
Exercice 14. Expliquez le mantien ou la chute possible du e instable :
c) au début du syntagme.
Que faites-vous ici ? Depuis quand êtes-vous ici ? Demain il partira. Ne faites pas de bruit. Ce n’est pas vrai. Tenez, ce n’est pas ça. Que c’est beau ! Je vous le jure. Cela se dit. Tenez-vous tout droit. Ceci tuera cela. Ne dis pas ça. Ce qu’il a grandi ! Cela est vrai.
d) à l’intérieur et à la fin du syntagme.
2) Un appartement à trois fenêtres sur la rue. 2) Elle est sortie en cheveux. 3) Etre à cheval sur une branche d’arbre. 4) Il était en bras de chemise. 5) Tant que la terre durera. 6) La littérature chevaleresque. 7) Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre. 8) On a toujours de la sympathie pour un homme facile à vivre. 9) Le petit du chevreuil s’appelle un faon /f/. 10) Demandez votre chemin. 11) Le métro dessert les portes de Paris. 12) Ce billet n’est pas valable. 13) Montrez-moi l’autre. 14) Dessinez deux triangles semblables. 15) Le roman de Camus La peste. 16) Fermez la fenêtre.
Exercice 15. Justifiez le maintien et la chute de l’e instable dans les textes ci-dessous.
c) Elle était simplement, peut-être pauvrement vêtue, tout en noir, comme la plupart des grisettes dans la soirée. Je jetai mon cigare aussitôt. Elle comprit cette attention d’une politesse toute française, et se hâta de me dire qu’elle aimait beaucoup l’ordeur du tabac et que même elle fimait. (Mérimée. Carmen)
d) J’appris bien vite à mieux connaître cette fleur. Elle avait germé un jour, d’une graine apportée d’on ne sait où. Le petit prince sentait bien qu’il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle, à l’abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil, elle s’était montrée. (A. De Saint-Exupéry)
ANNEXES :
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
J'ai vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s'était cassé dans mon moteur. Et comme je n'avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C'était pour moi une question de vie ou de mort. J'avais à peine de l'eau à boire pour huit jours.
Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait:
–S'il vous plaît... dessine-moi un mouton!
–Hein!
–Dessine-moi un mouton...
J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. ...
... il ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée.
–Mais… qu'est-ce que tu fais là?
–S'il vous plaît... dessine-moi un mouton...
Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât , je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe.
j'ai dessiné.
Il regarda attentivement, puis:
–Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.
Je dessinai un autre mouton:
Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:
–Tu vois bien... ce n'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes...
Je refis donc encore mon dessin.
- Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.
J’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai une caisse avec trois troues d’aération et lançai :
- Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.
- C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ?
- Pourquoi ?
- Parce que chez moi c’est tout petit...
- Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton.
- Pas si petit que ça... Tiens ! Il s’est endormi...
Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.
Texte
Qu’avez-vous à déclarer ?
Valentine. – La douane, Monsieur, s’il vous plaît ?
Le Douanier. – C’est ici. Mademoiselle. Qu’avez-vous à déclarer ?
Valentine. – Heu... Je ne sais pas. Monsieur...
Le Douanier. – Est-ce que vous avez des cigarettes, des spiritueux, des dentelles ?
Valentine. – J’ai des cigarettes.
Le Douanier. – Combien de cigarettes avez-vous ?
Valentine. – J’ai deux cent cigarettes.
Le Douanier. – Vous pouvez passer deux cents cigarettes sans payer de droits.
Valentine. – J’ai aussi une bouteille de whisky.
Le Douanier. - Où est-elle ?
Valentine. – Elle est dans ma valise.
Le Douanier. – Ouvrez votre valise, s’il vous plaît. /Valentine ouvre sa valise/
Le Douanier. – Hm... Je vois... C’est une grande bouteille... Vous pouvez passer une demi-bouteille sans payer de droits. Mais vous devez payer des droits sur l’autre demi-bouteille. Allez au bureau, Mademoiselle. Au suivant ! (à Georges Février). Qu’avez-vous à déclarer, Monsieur ?
Georges. – Je n’ai rien à déclarer.
Le Douanier. – Rien ?... Ni cigarettes, ni spiritueux, ni dentelles ?
Georges. – Pas de cigarettes !... Je ne fume que des cigarettes françaises. Je n’ai ni spiritueux, ni dentelles...
Valentine. – (à Georges). Je vous demande pardon, Monsieur... (au douanier) Monsieur le douanier, s’il vous plaît, où se trouve le bureau ?
Le Douanier. – Il est à votre gauche, Mademoiselle.
Valentine. – Merci Monsieur.
Georges. – Mademoiselle, vous avez des droits à payer ?
Valentine. – Oui, j’ai une grande bouteille de whisky... C'est pour des amis.
Georges. – Il faut payer des droits sur une seule bouteille, Monsieur le douanier ?
Le Douanier. – Oui, Monsieur, il faut payer des droits. On n’autorise qu’une demi-bouteille par personne...
Georges. – Une demi-bouteille par personne ! Eh bien, dans ce cas, Monsieur le douanier, j’ai une demi-bouteille de whisky à déclarer !
Le Douanier. – Une demi-.bouteille de whsky à déclarer ! Mais...
Georges. – Eh oui... Voici la bouteille de Mademoiselle... Mademoiselle déclare une demi-bouteille et n’a pas de droits à payer, n’est-ce pas ?
Le Douanier. – C’est exact, Monsieur. Pour une demi-bouteille on ne paie pas de droits.
Georges. – Et je déclare l’autre demi-bouteille... Je n’ai pas de droits à payer, n’est-ce pas ?
Le Douanier. – C’est exact. Monsieur... Dans ce cas, Mademoiselle n’a rien à payer... Et vous non plus, Monsieur... Au revoir, Monsieur... Au revoir, Mademoiselle... Au suivant, s’il vous plaît ! Qu’avez-vous à déclarer ?
Écoutez et retenez par cœur la poésie de Paul Verlaine « Chanson d’automne »
Les sanglots longs
Des violons
de l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
monotone
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m’en vais,
Au vent mauvais
Qui m’emporte
De ça, de là
Pareil à la
Feuille morte
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m'ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion , il me demanda :
–Qu'est ce que c'est que cette chose-là?
–Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion.
–Comment! tu es tombé du ciel!
–Oui, fis-je modestement.
–Ah! ça c'est drôle...
–Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?
–Tu viens donc d'une autre planète?
–C'est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin...
–Et toi, d'où viens-tu, mon petit bonhomme? Où est-ce "chez toi"? Où veux-tu emporter mon mouton?
–Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée, c'est que, la nuit, ça lui servira de maison.
–Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l'attacher pendant le jour. Et un piquet.
–L'attacher? Quelle drôle d'idée!
–Mais si tu ne l'attaches pas, il ira n'importe où, et il se perdra...
–Mais où veux-tu qu'il aille!
–N'importe où. Droit devant lui...
–Ça ne fait rien, c'est tellement petit, chez moi!
–Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin...
J'avais ainsi appris une chose très importante: C'est que sa planète d'origine était à peine plus grande qu'une maison!
Texte
Au restaurant
Le Garçon. – Une table pour deux ?
Georges. – Oui, une table pour deux.
Le Garçon. – Voulez-vous vous asseoir ici ?
Georges. – Oui, c’est cela, asseyons-nous ici. Garçon, donnez-moi le menu, s’il vous plaît.
Le Garçon. – Voici le menu, Monsieur.
Georges. – Merci. Voyons... Nous allons prendre des hors-d’œuvre pour commencer... Salade de tomates, saucisson, pâté.
Marguerite. – Je vais prendre un pâté...
Georges. – Et moi, une salade de tomates...
Le Garçon. – Un pâté, une salade de tomates... Bien, Monsieur. Et après ?
Georges. Beefsteak frites, entrecôte, escalope garnie...
Marguerite. – Une entrecôte, pour moi.
Georges. – Et un beefsteak frites, pour moi.
Le Garçon. - Un beefsteak frites, une entrecôte... Que voulez-vous avec l’entrecôte, Madame ?
Marguerite. – Qu’est-ce qu’il y a avec l’entrecôte ?
Le Garçon. – Eh bien, il y a des frites, des petits pois, des pâtes...
Marguerite. – Je vais prendre des petits pois...
Le Garçon. – Une entrecôte garnie aux petits pois... Bien, Madame ! Et après ?
Marguerite. – Vous avez de la salade de laitue ?
Le Garçon. – Oui, Madame.
Marguerite. – Une salade de laitue, alors.
Le Garçon. – Bien, Madame.
Georges. – Une salade pour moi aussi.
Le Garçon. – Bien, Monsieur. Deux salades... Et après ?
Georges. – Après... Je ne sais pas.
Le Garçon. – Qu’est-ce que vous allez boire ?
Georges. – Qu’est-ce que vous avez ?
Le Garçon. – Nous avons du vin rouge, du vin blanc, du vin rosé, de la bière...
Georges. – Apportez-moi du vin rosé...
Le Garçon. – Du vin rosé... Bien Monsieur ! Une bouteille ou une demi-bouteille ?
Georges. – Une demi-bouteille, ça suffira !
Le Garçon. – Bien, Monsieur...
Georges. – Et... dites, garçon, nous sommes assez pressés.
Le Garçon. – Bien, Monsieur, je vais vous servir tout de suite.
Georges. – Merci !
Ecoutez et retenez par cœur la poésie de Paul Verlaine « Colloque sentimental ».
Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
- Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.
- Ah ! Les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! – C’est possible.
- Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir !
- L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
Ah! petit prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n'avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J'ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m'as dit:
–J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil...
–Mais il faut attendre...
–Attendre quoi?
–Attendre que le soleil se couche.
Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m'as dit:
–Je me crois toujours chez moi!
En effet. Quand il est midi aux Etats-Unis, le soleil, tout le monde sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher de soleil. Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais...
–Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois!
Et un peu plus tard tu ajoutais:
–Tu sais... quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil...
–Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste? Mais le petit prince ne répondit pas.
***
Le cinquième jour, toujours grâce au mouton, ce secret de la vie du petit prince me fut révélé. Il me demanda avec brusquerie, sans préambule, comme le fruit d'un problème longtemps médité en silence:
–Un mouton, s'il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs?
–Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.
–Même les fleurs qui ont des épines?
–Oui. Même les fleurs qui ont des épines.
–Alors les épines, à quoi servent-elles?
Je ne le savais pas. J'étais alors très occupé à essayer de dévisser un boulon trop serré de mon moteur. J'étais très soucieux car ma panne commençait de m'apparaître comme très grave, et l'eau à boire qui s'épuisait me faisait craindre le pire.
-Les épines, à quoi servent-elles?
Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu'il l'avait posée. J'étais irrité par mon boulon et je répondis n'importe quoi:
–Les épines, ça ne sert à rien, c'est de la pure méchanceté de la part des fleurs!
–Oh!
Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune:
–Je ne te crois pas! Les fleures sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines...
Je ne répondis rien. A cet instant-là je me disais: "Si ce boulon résiste encore, je le ferai sauter d'un coup de marteau." Le petit prince dérangea de nouveau mes reflexions:
–Et tu crois, toi, que les fleurs...
–Mais non! Mais non! Je ne crois rien! J'ai répondu n'importe quoi. Je m'occupe, moi, des choses sérieuses!
Il me regarda stupéfait.
–De choses sérieuses!
Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid.
–Tu parles comme les grandes personnes!
Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta:
–Tu confonds tout... tu mélanges tout!
Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés:
–Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi: "Je suis un homme sérieux! Je suis un homme sérieux!" et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon!
–Un quoi?
–Un champignon!
Écoutez le dialogue « à l’Hôtel » et apprenez-le par cœur.
A L’HOTEL
VALENTINE. – Est-ce que vous avez une chambre pour une personne, s’il vous plaît ?
LA PARTONNE. – Oui, Mademoiselle. J’ai une très jolie chambre avec salle de bains particulière au troisième étage. Elle est très bien, très tranquille.
VALENTINE. – A quelle prix, s’il vous plaît ?
LA PARTONNE. – Celle-ci est à 300 francs...
VALENTINE. – 300 francs par jour ?
LA PARTONNE. – Oui, Mademoiselle.
VALENTINE. – Est-ce que vous avez une chambre sans salle de bains particulière ?
LA PARTONNE. – Oui, nous avons une chambre au quatrième étage.
VALENTINE. – A quel prix ?
LA PARTONNE. – Celle-là est à 150 francs. Elle est plus petite. Elle a un lavabo. Elle est très bien pour le prix.
VALENTINE. – 150 francs... Je vais la prendre...
LA PARTONNE. – Bien Mademoiselle. Vous avez le 45. Voici votre clef...
VALENTINE. – Le petit déjeuner n’est pas compris, n’est-ce pas ?
LA PARTONNE. – Non, Mademoiselle, le déjeuner n’est pas compris. Combien de temps allez-vous rester ?
VALENTINE. – Je vais rester environ une quinzaine de jours, peut-être plus...
LA PARTONNE. – Bien Mademoiselle. C’est pour savoir... Voulez-vous remplir cette fiche ?
VALENTINE. – Certainement !
Nom... Rivière...
Prénom... Valentine.
Nationalité... Française.
LA PARTONNE. – Mettez aussi votre date d’arrivée.
VALENTINE. – Date d’arrivée... Quel jour sommes-nous ?
LA PARTONNE. – Nous sommes le 17 mai...
VALENTINE. – 17 mai... Voici !
LA PARTONNE. – Il faut aussi marquer votre numéro de carte d’identité...
VALENTINE. – Mon numéro de carte d’identité... C’est que... Je n’ai pas ma carte d’identité... Mais j’ai mon passeport... Je reviens de l’étranger...
LA PATRONNE. – Alors, marquez votre numéro de passeport, Mademoiselle ! Le garçon va monter votre valise. Émile !... le 45 pour Mademoiselle !
Écoutez et retenez par cœur la poésie de Paul Verlaine.
Clair de lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Triste sous leurs déguisements fantasques
Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
–Il y a des millions d'années que les fleures fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien? Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n'est pas sérieux et plus important que les additions d'un gros Monsieur rouge? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?
Il rougit, puis reprit:
–Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: "Ma fleur est là quelque part..." Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s'éteignaient! Et ce n'est pas important ça!
La nuit était tombée... J'avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler! Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais: "La fleur que tu aimes n'est pas en danger... Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton... Je te dessinerai une armure pour ta fleur... Je..." Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre... C'est tellement mystérieux, le pays des larmes.
Écoutez le dialogue « On prépare un Itinéraire » en imitant le speaker.
On prépare un itinéraire
GEORGES. – Il vaut mieux partir par Orléans...
MARGUERITE. – Non ! Il vaut mieux partir par Angers...
GEORGES. – Mais non !... Il vaut mieux partir par Orléans ! Regarde la carte ! Léon sort de Paris par la Porte d’Orléans...
MARGUERITE. – Certainement pas !... Il vaut mieux sortir de Paris par la Porte de Saint-Cloud !... Regardez la carte, Léon !...
LEON. – Oui.
MARGUERITE. – Vous prenez l’autoroute de l’Ouest, et la Nationale 10 jusqu’à Chartres...
VALENTINE. – On dit que la sortie de Paris est plus rapide par l’autoroute de l’Ouest !
GEORGES. – Le dimanche l’autoroute de l’Ouest est très encombrée !
LEON. – Je pense sortir de Paris par la Porte d’Orléans... Je vais prendre la route Nationale 20 jusqu’à Orléans...
GEORGES. – Et, à Orléans, tu suis la Loire... Tu passe par Blois, Saumur, Angers...
LEON. – C’est cela... Et à partir d’Angers, je reviens vers Paris par la Nationale 23, jusqu’à Chartres...
GEORGES. – Et à Chartres, tu prends la Nationale 10, et l’autoroute de l’Ouest et tu rentres dans Paris par la Porte de Saint-Cloud !...
MARGUERITE. – A mon avis, il vaut mieux sortir de Paris par l’autoroute de l’Ouest C’est plus rapide !
GEORGES. – Dans ce cas, il faut rentrer par Orléans, et la route du retour est toujours très encombrée !
LEON. – De toute façon, je dois passer par Angers, et la route est toujours très encombrée, à l’aller comme au retour...
GEORGES. – Il vaut mieux visiter les châteaux de la Loire en allant d’Orléans vers Angers !
MARGUERITE. – On peut les visiter en allant d’Angers vers Orléans !
VALENTINE. – Les châteaux de la Loire ne sont pas tous sur les bords de la Loire ! Il faut prendre de petites routes, des routes départementales...
MARGUERITE. – Et vous ne pourrez pas tout visiter en une seule fois !
VALENTINE. – Alors, visitez les châteaux de la Loire en deux fois ! La première fois, vous sortez de Paris par la route d’Orléans, la route Nationale 20...
MARGUERITE. – Et vous rentrez par l’autoroute de l’Ouest...
VALENTINE. – La deuxième fois, vous sortez de Paris par l’autoroute de l’Ouest, vers Angers...
MARGUERITE. – Et vous rentrez par la route d’Orléans !
GEORGES. – A moins de visiter les châteaux de la Loire en autocar...
LEON. – En autocar !
GEORGES. – Oui, en s’adressant à une agence de voyages !
Écoutez et retenez par cœur la poésie de Robert Desnos.
Le Pélican
Le capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d’Extrême-Orient.
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un œuf tout blanc,
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D’où sort, inévitablement,
Un autre qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l’on ne fait pas d’omelette avant.
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
J'appris bien vite à mieux connaître cette fleur... Elle avait germé un jour, d'une graine apportée d'on ne sait où. Le petit prince sentait bien qu'il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n'en finissait pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh! oui. Elle était très coquette! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil, elle s'était montrée.
–Ah! Je me réveille à peine... Je vous demande pardon... Je suis encore toute décoifée...
Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration:
–Que vous êtes belle!
–N'est-ce pas... Et je suis née en même temps que le soleil...
Le petit prince devina bien qu'elle n'était pas trop modeste, mais elle était si émouvante!
- Oui.
–C'est l'heure, je crois, du petit déjeuner. Auriez-vous la bonté de penser à moi...
Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d'eau fraîche, avait servi la fleur.
Ainsi l'avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatres épines, elle avait dit au petit prince:
–Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes!
–Il n'y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l'herbe.
–Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur.
–Pardonnez-moi...
–Je ne crains rien des tigres, mais j'ai horreur des courants d'air. Vous n'auriez pas un paravent?
–Et puis le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C'est mal installé. Là d'où je viens...
Elle s'était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n'avait rien pu connaître des autres mondes. Humiliée de s'être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort.
Et le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d'elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux.
"J'aurais dû ne pas l'écouter, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. » « Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais dû m'enfuir! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j'étais trop jeune pour savoir l'aimer."
Je crois qu'il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages. Il arrosa une dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l'abri sous son globe, il se découvrit l'envie de pleurer.
–Adieu, dit-il à la fleur. Adieu !
–J'ai été sotte, lui dit-elle. Je te demande pardon. Tâche d'être heureux.
–Je t'aime, oui je t’aime, lui dit la fleur. Tu n'en as rien su, par ma faute. Cela n'a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d'être heureux... Laisse ce globe tranquille. Je n'en veux plus.
–Mais le vent...
–Je ne suis pas si enrhumée que ça... L'air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.
–Mais les bêtes...
–Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c'est tellement beau. Sinon qui me rendra visite? Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J'ai mes griffes.
–Ne traîne pas comme ça, c'est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t'en !
Car elle ne voulait pas qu'il la vît pleurer. C'était une fleur tellement orgueilleuse...
Ecoutez et retenez par cœur la poésie de Jacques Prévert « Familiale ».
Familiale
La mère fait du tricot,
Le fils fait la guerre ;
Elle trouve ça tout naturel, la mère.
Et l père ? qu’est-ce qu’il fait, le père ?
Il fait des affaires.
Sa femme fait du tricot,
Son fils la guerre,
Lui des affaires.
Il trouve ça tout naturel, le père.
Et le fils ? et le fils ?
Qu’est-ce qu’il trouve, le fils ?
Il ne trouve rien, absolument rien, le fils,
Le fils. Sa mère fait du tricot, son père des affaires, lui la guerre ;
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue. La mère continue, elle tricote.
Le père continue, il fait des affaires.
L fils est tué ; il ne continue plus...
Le père et la mère vont au cimetière ;
Ils trouvent ça naturel, le père et la mère.
La vie continue ; la vie avec le tricot, la guerre, les affaires,
Les affaires, la guerre, le tricot, la guerre,
Les affaires, les affaires et les affaires...
La vie avec le cimetière.
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
Le petit Prince commença par visiter les planètes voisines pour y chercher une occupation et pour s'instruire.
Le premier était habité par un Roi, la seconde par un vaniteux, la troisième par un buveur, la quatrième par un biznessman, le grand monsieur cramoisi de tout à l’heure. Après chaque visite le petit prince se disait en lui-même que les grandes personnes étaient décidément très-très bizarre.
La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même:
– Peut-être bien que cette homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.
Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur:
–Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère?
–C'est la consigne, répondit l'allumeur. Bonjour.
–Qu'est ce la consigne?
–C'est d'éteindre mon réverbère. Bonsoir.
Et il le ralluma.
–Mais pourquoi viens-tu de le rallumer?
–C'est la consigne, répondit l'allumeur.
–Je ne comprends pas, dit le petit prince.
–Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne. Bonjour.
Et il éteignit son réverbère.
Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.
–Je fais là un métier terrible. C'était raisonnable autrefois. J'éteignais le matin et j'allumais le soir. J'avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...
–Et, depuis cette époque, la consigne a changé?
–La consigne n'a pas changé, dit l'allumeur. C'est bien là le drame! La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé!
–Alors? dit le petit prince.
–Alors maintenant qu'elle fait un tour par minute, je n'ai plus une seconde de repos. J'allume et j'éteins une fois par minute!
–Ça c'est drôle! Les jours chez toi durent une minute!
–Ce n'est pas drôle du tout, dit l'allumeur. Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble.
–Un mois?
–Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir.
Et il ralluma son réverbère.
Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était tellement fidèle à sa consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami:
–Tu sais... je connais un moyen de te reposer quand tu voudras...
–Je veux toujours, dit l'allumeur.
Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux.
Le petit prince poursuivit:
–Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n'as qu'à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras.
–Ça ne m'avance pas à grand chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir.
–Ce n'est pas de chance, dit le petit prince.
–Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour.
Et il éteignit son réverbère.
"Celui-là", se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, "celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant, c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même".
Il eut un soupir de regret et se dit encore:
"Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux..."
Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures!
Écoutez le dialogue « A la poste » et retenez-le par cœur.
A la poste
Georges. – C’est votre tour, Valentine !
Valentine. – (à l’employé). Voici une lettre pour les Etats-Unis, Monsieur.
L’employé. – Par avion ?
Valentine. – Non, en courrier ordinaire.
L’employé. – C’est cent francs.
Valentine. – Quand est-ce qu’elle arrivera aux Etats-Unis ?
L’employé. – Dans dix jours.
Valentine. – Dans dix jours ! Oh ! Dans ce cas, est-ce que je peux l’envoyer par avion ?
L’employé. – Certainement. Par avion, c’est cent soixante quinze francs.
Valentine. – Et voici une lettre pour Nevers. Est-ce que vous pourriez la peser ?
L’employé. – Donnez... Vingt grammes... Pas de surcharge...
Valentine. – Pardon ?
L’employé. – Je dis qu’elle pèse vingt grammes. Il n’y a pas de surcharge à payer... Vous mettez un timbre à 25 francs.
Valentine. – Donnez-moi un carnet de 20 timbres à 25 francs.
L’employé. – Voilà ! Cela fait 675 francs.
Valentine. – Merci, Monsieur.
L’employé. – Au suivant !
Georges. – Je viens pour un paquet recommandé...
L’employé. – Avez-vous rempli la fiche ?
Georges. – Non, Monsieur, ce n’est pas pour envoyer un paquet... c’est pour venir le chercher...
L’employé. – Ah bon ! Vous venez chercher un paquet recommandé ! Il faut le dire !... A quel nom ?
Georges. – Février... Georges Fevrier...
L’employé. – Attendez... Je vais voir...
Valentine. – (à Georges) Il faut remplir une fiche pour envoyer un paquet recommandé ?
Georges. – Oui, et pour venir le chercher, il faut donner une signature...
L’employé. – Voici votre paquet. Avez-vous votre carte d’identité ?
Georges. – Oui. Voici ma carte d’identité...
L’employé. – Voyons...
Georges. – Je signe le reçu ?
L’employé. – Une seconde, Monsieur. Votre carte d’identité n’est plus valable !
Georges. – Ma carte d’identité n’est plus valable !
L’employé. – Non, Monsieur, elle n’est plus valable depuis le 5 juin. Aujourd’hui nous sommes le 6 juin...
Georges. – Mais enfin, Monsieur, je suis Monsieur Georges Février !
L’employé. – Votre carte d’identité n’est plus valable, Monsieur !
Georges. – Mais puisque je vous dis que je suis Monsieur Georges Février !
L’employé. – Puisque je vous dis que votre carte d’identité n’est plus valable !
Georges. – Enfin, Monsieur, c’est scandaleux ! Voici ma carte d’identité... Hier, elle était valable... Hier, j’étais Monsieur Georges Février... Et aujourd’hui, Monsieur, est-ce que je ne suis plus Monsieur Georges Février ?
L’employé. – Bon, ça va, ça va, ça va... Signez ce reçu... Voici votre paquet... Et n’oubliez pas de faire renouvelez votre carte d’identité... Au suivant !
Ecoutez le texte du livre de A. De Saint-Exupéry « Le petit Prince »
La sixième planète était habitée par un géographe, qui a conseillé au petit prince d’aller visiter la planète Terre. « Elle a une bonne réputation » - lui dit-il.
La septième planète fut donc la Terre.
Le petit prince, une fois sur terre, fut bien surpris de ne voir personne. Il avait déjà peur de s'être trompé de planète, quand un anneau couleur de lune remua dans le sable.
–Bonne nuit, fit le petit prince à tout hasard.
–Bonne nuit, fit le serpent.
–Sur quelle planète suis-je tombé? demanda le petit prince.
–Sur la Terre, en Afrique, répondit le serpent.
–Ah!... Il n'y a donc personne sur la Terre?
–Ici c'est le désert. Il n'y a personne dans les déserts. La Terre est grande, dit le serpent.
Le petit prince s'assit sur une pierre et leva les yeux vers le ciel:
–Je me demande, dit-il, si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète. Elle est juste au-dessus de nous... Mais comme elle est loin!
–Elle est belle, dit le serpent. Que viens-tu faire ici?
–J'ai des difficultés avec une fleur, dit le petit prince.
–Ah! fit le serpent.
Et ils se turent.
–Où sont les hommes? reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert...
–On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.
Le petit prince le regarda longtemps:
–Tu es une drôle de bête, lui dit-il enfin, mince comme un do