Je vois toutes les maisons – Je les vois toutes

Je vois unchien – J’en vois un

Je vois plusieurs maisons – J’en vois plusieurs

3.0. Article.D’habitude en français on distingue 3 types d’articles : Art. défini - le, la, les, Art. indéfini – un, une, des et Art. partitif – du, de la auxquels s’ajoute l’omission significative de l’article (article zéro). L’article français se distingue des articles dans d’autres langues par :

¨ la présence des formes spécifiques d’article : partitif (du) et indéfini pluriel (des) ;

¨ l’emploi plus large des articles avec différents groupes de N, p. ex. avec les N propres (la France) et les N abstraits.

Les problèmes théoriques de l’article sont :

¨ son statut morphologique (est-il un morphème du N ou bien c’est un mot outil isolé ?) ;

¨ ses fonctions dans la langue ;

¨ la signification de la détermination/indétermination.

A ces problèmes communes s’ajoutent des problèmes spécifiques tels que : celui du soi-disant article partitif (du), de la forme des, de l’emploi de de au lieu de du et de des , le non emploi de l’article, en particulier, après la préposition de .

3.1.En ce qui concernele problème du statut morphologique de l’article certains linguistes (p. ex. G. Galichet [ 45 ]) voient la fonction essentielle et unique de l’article en expression des catégories du genre et du nombre du N, c’est-à-dire, il l’envisage comme une sorte de morphème détachable préposé au N. Pourtant l’article n’est pas le seul à avoir cette fonction, il la partage avec d’autres déterminatifs et Adj, qui dénotent souvent ces catégories de la façon plus exacte que l’article, p. ex. les élèves (le genre n’est pas exprimé), aucunes élèves, des élèves obéissantes (le genre est marqué en dehors de l’article). L’article conserve une grande autonomie structurale : il peut être séparé du N par de longues épithètes : C’était donc le dimanche matin, vers les un peu plus de dix heures ; il peut aussi être remplacé : Les titulaires des comptes indiqueront le nom de la ou despersonnes au profit de qui les chèques doivent être établis.

De cette façon l’article ne fait pas partie de la forme morphologique du N, la catégorie de la détermination exprimée par lui n’est pas une catégorie morphologique du N, mais une catégorie syntaxique se manifestant dans le groupe de substantif.

3.2.En ce qui concerne la fonction de l’article dans la langue, il faut dire que l’article représente un phénomène excessivement compliqué en grammaire française. Plusieurs théories de l’article ont été proposées dont la plus importante est celle de G. Guillaume [ 49 ]. On peut nommer les théories de l’article suivantes :

¨ théorie d’actualisation (article en tant qu’actualisateur du N – Ch. Bally [ 2 ] ; G. Guillaume [ 49 ]; Damourette et Pichon [ 37] );

¨ théorie de généralisation / individualisation (article en

tant que moyen d’exprimer le général et le particulier – G. Guillaume

[ 49 ]) ;

¨ théories logiques qui lient l’emploi de l’article à la référence du N - Grevisse [ 48 ];

¨ théorie d’assiette (установки) (article en tant que moyen d’exprimer la détermination - Damourette et Pichon [ 37 ]) ;

¨ théorie quantitative (article en tant que moyen d’exprimer ou non l’unicité de l’objet ou d’un groupe d’objets et comme suite – l’absence/présence de choix) ;

¨ théorie communicative ( le rôle de l’article dans la structure informative de l’énoncé : article défini dénote le thème, la partie connue de l’énoncé, article indéfini est lié au rhème, à la partie nouvelle de l’énoncé ) ;

¨ théorie contextuelle (article en tant que moyen d’assurer les liens entre les fragments du texte – H. Weinrich [ 5 ]).

Ces théories, comme cela arrive souvent ne s’opposent pas l’une à l’autre, mais complètent l’une l’autre soulignant différents côtés réels du fonctionnement de l’article dans la langue.

3.3. Fonctions des formes d’article.Dans les formes des articles français sont exprimées les oppositions essentielles suivantes :

¨ substantivité/non-substantivité (présence/absence de l’article) ;

¨ détermination qualitative (article défini/art. indéfini) ;

¨ détermination quantitative (article défini/art. partitif) ;

¨ nombre (le/les) ;

¨ genre (le/la).

Dans trois premières oppositions se manifestent les propres significations de l’article, tandis que les formes du nombre et du genre de l’article reproduisent les catégories du N que les articles déterminent.

3.3.1. Catégories du nombre et du genre.

3.3.1.1. Catégorie du nombrese manifeste dans les articles exprimant la détermination qualitative : le, la/les ; un, une/des. Au pluriel l’opposition de la détermination qualitative et quantitative se neutralise et l’opposition les/des exprime non seulement détermination / indétermination mais aussi totalité /partie : des livres peut signifier какие-нибудь книги et сколько-нибудь книг.

3.3.1.2. Catégorie du genre.Chez les articleselle reflète le genre du N. A la différence des N et des Adj. ici le genre se neutralise au pluriel : le, la/les; un, une/des.

Parfois dans la fonction asémantique l’emploi de l’article est lié au genre du N. P. ex. l’article est conservé (avec la préposition) devant le N masculin, mais il est omis devant le N au féminin : en France, mais au Japon ; le gouvernement de Syrie, mais du Liban ; le travail du soir, mais de nuit.

3.3.2. Substantivité/non-substantivité (présence/absence de l’article).L’absence de l’article signifie que le N cesse d’indiquer une substance et commence à exprimer une propriété, une qualité, surtout dans l’aspect syntaxique. La corrélation entre la forme et la fonction peut être présentée de la façon suivante :

Je vois toutes les maisons – Je les vois toutes - student2.ru Je vois toutes les maisons – Je les vois toutes - student2.ru Je vois toutes les maisons – Je les vois toutes - student2.ru absence de l’article A A1 non-substantivité

Je vois toutes les maisons – Je les vois toutes - student2.ru présence de l’article B B1 substantivité

Les rapports A à A1etB à B1 sont symétriques puisque ici la forme correspond à la fonction .

3.3.2.1. Rapports symétriques.

3.3.2.1.1. A à A1.L’absence de l’article montre que le N se caractérise par la non-substantivité et accomplit la fonction d’une autre PdD. Ce sont les cas suivants :

3.3.2.1.1.1.Les locutions verbales du type : avoir faim, prendre part, mettre en oeuvre. La perte de la substantivité par le N se manifeste dans : a)l’impossibilité de la substitution pronominale (on ne peut pas dire As-tu faim ? – * Oui, je l’ai) ; b) la présence des marques d’intensité accompagnant d’habitude un V ou un Adj : J’avais un peu faim et très sommeil.

3.3.2.1.1.2.Les constructions existentielles avec il y a :Au salon il y avait foule ; il y a butoù sont décrits des événements et non pas des objets. Les N sont employés dans le sens non référentiel (ils y expriment la qualité) dans les locutions du type Il y a livres et livres ; Il est rentré de soldat ; Après six mois de président.

3.3.2.1.1.3.LeN dans la fonction d’attribut caractérisant. D’habitude c’est la fonction de l’Adj. et le N dans cette fonction modifie son sens. P. ex. : Ils sont devenus marteaux (marteau signifie ici чокнутый). Jean grelottais plus dans l’eau de l’Atlantique en criant à mes enfants, pour faire plus homme qu’elle est très bonne.

3.3.2.1.1.4. Le N sans préposition en fonction d’épithète : messages météo, poste radio, recette miracle etc. Dans cette fonction le N peut joindre les déterminatifs de l’Adj. : J’ai mis mon chapeau, j’ai pris mon air le plus dame.

3.3.2.1.1.5. Le N avec préposition en fonction d’épithète ou de circonstance : une table de bois, écouter avec attention.

3.3.2.1.1.6.Dans l’emploi autonome, à la détermination des mots mêmes ou de leur significations : Chien a cinq lettres. Le mot table est du féminin.

3.3.2.2. Rapports asymétriques.

3.3.2.2.1. B à A1 .Malgré la présence de l’article la substantivité du N est affaiblie.C’est le cas des phraséologismes du type prendre la fuite ; l’impossibilité de la substitution pronominale (*Il l’a prise) témoigne la perte de la substantivité par le N. Ch. Bally [ 2 ] y joint les locutions du type boîte aux lettres, pêcher à la ligne, (écouter) avec une grande attention.

3.3.2.2.2. A à B1.Le N conserve la substantivité malgré l’absence de l’article. Ici on distingue les cas suivants :

3.3.2.2.2.1.Actualisation directe dans la situation. L’article

est absent quand le mot dénomme directement l’objet ou la personne. Ce sont : a) N propres (Pierre) ; b) N communs dans la fonction des N propres (Père m’a dit que…) ; c) titres (Grammaire française) ; d) enseignes (« Laiterie »), annonces (« Réunion à 17 heures ») ; e) apostrophes (Bonjour, docteur!)

3.3.2.2.2.2.Nomination généralisante qui remonte aux normes de l’ancien français où l’absence de l’article signifiait la neutralisation de la détermination/indétermination et aussi était propre aux N abstraits, celle-ci s’est conservée dans les dictons et sentences : Pauvreté n’est pas vice ; Mauvaise herbe croît toujours.

3.3.2.2.2.3.En français moderne l’absence de l’article est utilisée à des fins grammaticales pour dénoter la substance dans le sens généralisant :

¨ dans les constructions à valeur classificatoire du sujet

(Pierre est étudiant) ou de l’objet (élire qn député; nommer qn ministre), et aussi dans les appositions (M. Dubois, docteurès lettres) ;

¨ dans les énumérations où les N dénotent ensemble une notion plus large perdant partiellement leur propre substantivité : Femmes, vieillards, bourgeois, artisans couraient tous. Les N similaires dénotent ensemble « tous les habitants de la ville».

3.3.3. Détermination qualitative (détermination /indétermination). Articles le/un.Selon la théorie de G. Guillaume [ 15 ] le but essentiel de l’existence de l’article est l’expression la fonction généralisante (présentation de la notion dans tout son volume) et individualisante. Mais la généralisation est toujours la fonction secondaire pour toutes les catégories grammaticales. Dans cette fonction on voit la neutralisation des oppositions de formes et de significations. Le et un généralisants sont très souvent synonymiques ou se distinguent par des nuances (p. ex., un à la différence de le représente toute la classe d’objets par l’un d’eux). L’opposition réelle le/un se manifeste dans leur fonction individualisante où ils ne se substituent pas l’un à l’autre. Dans ce cas c’est la signification de détermination /indétermination qui se fait voir au premier plan : le caractérise l’objet comme unique dans la situation donnée, et un – comme appartenant à une classe d’objets analogues (comme un d’eux).

De cette façon, l’opposition des articles le/un exprime la détermination/indétermination ; à la généralisation elle est neutralisée et les articles le/un se manifestent comme synonymes grammaticaux, chacun avec sa nuance.

3.3.3.1.L’opposition détermination/indétermination est liée au côté informatif de l’énoncé, à la présupposition des interlocuteurs. Les éléments entrant dans la présupposition sont déterminés pour les interlocuteurs et les N correspondants sont pourvus d’article défini, sinon - ils ne le sont pas. L’indétermination est conditionnée par la possibilité du choix et les objets indéterminés sont ceux qui sont présentés en plusieurs exemplaires ou variétés. L’emploi des déterminatifs reflète les connaissances des interlocuteurs sur l’objet. En russe les déterminatifs sont moins obligatoires mais plus variés qu’en français et distinguent plus nettement les situations d’information :

  Situation d’information Déterminatifs
sujet parlant interlocuteur le français le russe
ne connaît pas ne connaît pas connaît connaît ne connaît pas connaît ne connaît pas connaît un un un le какой-нибудь, какой-то какой-то один этот, тот

P. ex. : (1) Apporte-moi un livre de Mauriac ; (2) Tu m’as apporté un roman de Mauriac ? ; (3) Je t’ai apporté un roman de Mauriac ; (4) Je t’ai apporté le roman de Mauriac (que tu m’avais demandé). Il est important de souligner que l’emploi de un prend en considération l’ignorance de l’objet par un des interlocuteurs au moins.

3.3.3.2. Facteurs de la détermination. Le N reçoit la détermination à force de la situation qui rend l’objet le seul possible dans son genre. On distingue les cas suivants :

¨ l’objet est unique à force d’être en un seul exemplaire : Le soleil brille. Le ciel est bleu ;

¨ l’objet est unique dans la situation donnée : Le président a levé la séance (chaque séance a un seul président) ;

¨

l’objet se trouve unique à force d’un épithète individualisant. Dans ce cas N et son épithète dénotent ensemble un objet unique. P. ex. Elle étudie une langue étrangère et Elle étudie la langue française.

3.3.4. Détermination quantitative. Articles le/du.Le problème de l’article partitif est un des plus compliqués dans la grammaire française. Les points de vue sur la nature et le rôle de cet article dans la langue sont suivants :

a) dun’est pas un article maisla combinaison de la préposition deet de l’article défini : dans les propositions Je mange du pain et le goût du pain ce ne sont pas des homonymes, mais différentes fonctions de la même forme (Galichet [ 45 ] );

b)article du exprime la continuité (недискретность) de l’objet. Il représente l’article de matière (Gouguenheim [ 46 ] ),l’article de massivité (Damourette et Pichon [ 37 ] ).C’est aussi le point de vue des linguistes russes ( Богомолова [ 4 ] ; Илия [ 16 ] );

с) du est la forme particulière de l’article indéfini devant les substantifs discontinus ( Bonnard [33] ; Grevisse [ 48 ] );

d) duexprime l’indétermination quantitative ( Gak [ 11 ] ).

L’analyse de différentes théories et points de vue sur sa nature, son fonctionnement permet de dire que la signification partitive est le cas particulier d’une notion plus large – celle de l’indétermination quantitative qui représente une signification grammaticale à la différence du caractère continu (недискретность) qui est une signification lexicale. De cette façon, du indique la détermination qualitative et l’indétermination quantitative, tandis que un - au contraire : la détermination quantitative et l’indétermination qualitative, p. ex. un chien. La difficulté de la définition de la place de l’article du s’explique par le fait qu’en français les significations du nombre, de la détermination/indétermination et de la discontinuité/ continuité sont si étroitement liées qu’elles forment une sorte de « sur-catégorie» [ 11, 192-193 ].

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