Les moins diplômés encore plus pénalisés qu’auparavant

Les jeunes et le chômage : la situation plus mauvaise que jamais

Véronique SOULÉ 8 avril 2014 à 19:25

http://www.liberation.fr/societe/2014/04/08/un-jeune-sur-cinq-au-chomage-trois-ans-apres-la-fin-de-ses-etudes_994142

AU RAPPORT

Plus d'un jeune sur cinq est sans emploi, trois après avoir quitté l'école. Un taux de chômage qui n'a jamais été aussi haut, particulièrement chez les non-diplômés.

Trois ans après être sorti de formation, plus d’un jeune sur cinq (22%) est au chômage: jamais ce taux n’avait été aussi haut en France. La dernière enquête du Cereq (le Centre d’études et de recherches sur les qualifications), concernant l’insertion des 700 000 jeunes ayant quitté le système éducatif en 2010 – appelés «la Génération 2010» -, renvoie une image plutôt sombre des débuts des jeunes Français dans la vie active. Les diplômés s’en sortent toujours nettement mieux que les non diplômés, et cet écart s’est même creusé. Mais pour tous, à des degrés divers, le risque du chômage s’aggrave et l’insertion se détériore.

Retour sur les principaux enseignements de cette enquête, la sixième de la sorte menée par le Cereq, un établissement public sous l’autorité du ministère de l’Education et de celui du Travail.

Une insertion globalement plus difficile

Si l’on compare avec la génération 2004 – sortie de formation cette année-là -, les jeunes de la génération 2010 ont en moyenne passé sept mois, soit un mois de plus, en recherche d’emploi au cours de leurs trois premières années de vie active. Parmi eux, environ 12% ont eu une trajectoire «très éloignée de l’emploi» – c’est-à-dire avec moins de 10% de leur temps en emploi – soit quatre points de plus que la génération 2004.

Entre-temps, la situation économique s’est dégradée. Il y a eu la crise financière de 2008, celle des dettes souveraines de 2010, et la baisse du nombre de contrats aidés. Une succession de mauvaises nouvelles dont les jeunes ont été les premières victimes. «Dans le système français, quand la conjoncture est mauvaise, l’ajustement se fait plutôt sur les débutants», explique Alberto Lopez, le directeur du Cereq.

Mais tout n’est pas si sombre. Globalement, la majorité des jeunes (62%) trouvent un emploi en moins de trois mois. La part des emplois à durée indéterminée – CDI, fonctionnaires et non salariés – est en outre restée stable: elle représente deux tiers de ceux ayant un emploi au bout de trois ans de vie active.

Les moins diplômés encore plus pénalisés qu’auparavant

En France où le diplôme pèse particulièrement lourd, on les savait handicapés sur le marché du travail. C’est plus vrai que jamais. Alors que 81% des diplômés du «supérieur court» (jusqu’à bac plus 4) ont un emploi au bout de trois ans, et que ce taux atteint 88% pour ceux du «supérieur long» (bac plus cinq et au-delà), 41% des non-diplômés travaillent – une baisse de 16 points par rapport aux jeunes de la Génération 2004. Conséquence de cette forte dégradation: la majorité (48%) se retrouve au chômage, un niveau record, contre 32% six ans plus tôt.

La tendance affecte aussi les peu diplômés, particulièrement les détenteurs de CAP et de BEP. Avec la crise qui a frappé l’industrie, les CAP préparant aux métiers industriels, connus pour assurer de meilleurs débouchés que ceux du tertiaire, ne sont désormais plus épargnés. L’apprentissage, réputé mieux insérer, ne suffit pas pour protéger.

Enfin, les jeunes n’ayant que le bac en poche subissent eux aussi cette dégradation, mais atténuée. Les bacs pros et technos, plus pratiques et proches des métiers, s’en sortent mieux que les bacs généraux.

Pour expliquer l’écart qui se creuse entre diplômés et non diplômés, les experts du Cereq décrivent une «stratégie de repli» en temps de crise: «Les diplômés se replient sur des emplois de moindre qualification, des bacs pros vont prendre des emplois destinés aux non diplômés, qui se retrouvent alors concurrencés par tous les autres.»

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