V. Контрольно-проверочный тест к модулю № 1

УЧЕБНОЕ ПОСОБИЕ

по лексикологии современного французского языка

для самостоятельной работы студентов 3 курса

факультета иностранных языков

Ростов-на-Дону

УДК 44 (075)

ББК 81.2 Фр-2

А 21

Печатается по решению редакционно-издательского

совета педагогического института Южного федерального университета

Рецензент:

доктор филологических наук А.П. Шаповалова

Отв. редактор:

кандидат филологических наук А.А.Марцелли

Автор:

Кандидат филологических наук Г.Г. Аврамов

Публикуется при поддержке гранта 3-08 «Разработка программного и учебно-методического обеспечения учебного процесса с внедрением рейтинговой системы оценки качества образования, ориентированных на достижение нового уровня профессиональной компетенции (по дисциплинам общепрофессионального и специального блоков образовательной программы ВПО по специальности 031201 «Теория и методика преподавания иностранных языков и культур»)

А21 Учебное пособие по лексикологии современного французского языка для самостоятельной работы студентов 3 курca факультета иностранных языков при подготовке к семинарским занятиям . - Ростов н/Д: ПИ ЮФУ. 2009. - 172 с.

Учебное пособие предлагает студентам и преподавателям краткое резюме на французском языке обязательного программного минимума по лексикологии современного французского языка и систему контрольно-проверочных вопросов и тестов помогающих студенту самостоятельно подготовиться к семинарским занятиям.

УДК 44 (075)

ББК 81.2 Фр-2

© Аврамов Г.Г., 2009

ПОЯСНИТЕЛЬНАЯ ЗАПИСКА

Данное учебное пособие по лексикологии современного французского языка предназначено для студентов III курса отделения французского языка факультета иностранных языков.

Пособие может быть использовано в качестве дополнительного учебного материала к учебнику Лопатниковой Н.Н. « Лексикология современного французского языка (на французском языке)» - М.: Высшая школа, 2006 и имеет своей целью помочь студентам при подготовке к семинарским занятиям по лексикологии современного французского языка. Пособие составлено с учетом требований программы, разработанной в соответствии с Государственным образовательным стандартом высшего профессионального образования по направлению 520500 «Лингвистика» и направлению подготовки дипломированных специалистов 620100 «Лингвистика и межкультурная коммуникация» и предусматривающей 30 часов лекций и 24 часов семинарских (практических) занятий.

Принцип построения учебного пособия связан с ее практическим характером: весь учебный материал распределен на 10 модулей, соответствующих планам 12 семинарских занятий программы. Каждый модуль состоит из 5 блоков. Первый блок представляет собой 4-8 основных вопросов темы. Во втором блоке дается расширенное резюме на французском языке, в котором обобщается обязательный программный минимум по теме. Третий блок представлен в виде вопросов для самоконтроля, где каждый из вопросов темы разбивается на подвопросы, последовательно отвечая на которые, студент может составить полный ответ на вопрос темы. В четвертом блоке дается литература (обязательная и дополнительная), необходимая для подготовки к семинарскому занятию. Пятый блок представлен диагностико-квалиметрическим обеспечением в виде контрольно-проверочных тестов различных типов, позволяющих студенту (и преподавателю) контролировать усвоение теоретического материала курса.

О Г Л А В Л Е Н И Е

Unité I. Introduction à l’étude théorique du lexique français.

Notions de base . Le mot. .................................................5

Unité II.Sources d’enrichissement du vocabulaire français.

Evolution sémantique des unités lexicales….. ............... 24

Unité III. Formation des mots. .........................................................44

Unité IV. Emprunts...........................................................................71

Unité V.Phraséologie française …………………………… ....... 87

Unité VI Stratification fonctionnelle du vocabulaire en

français moderne ...........................................................101

Unité VIl. Stratification sociale et temporelle du vocabulaire en

français moderne ……………………..........................114

Unité VIII.Structuration sémantique et formelle du

vocabulaire du français moderne. Synonymes..............131

Unité IX. Structuration sémantique et formelle du vocabulaire

du français moderne (fin). Antonymes. Paronymes.

Homonymes..................................................................145

Unité X. La lexicographie française..............................................159

Corrigés des tests ..................................................................................171

UNITÉ I.

SUJET :INTRODUCTION À L’ÉTUDE THÉORIQUE

DU LEXIQUE FRANÇAIS. NOTIONS DE BASE. LE MOT.

I . MATIÈRE DE PROGRAMME :

1. Objet d’étude de la lexicologie. La lexicologie synchronique et diachronique.

2. Le vocabulaire en tant que système. Le lien de la lexicologie avec les autres branches de la linguistique.

3. Mot comme unité sémantico-structurelle fondamentale de la langue. Le mot et la notion.

4. Les fonctions des mots. La signification en tant que structure.

5. Le sens étymologique des vocables. Les vocables motivés et immotivés.

6. Caractéristiques phonétiques et grammaticales des mots en français moderne. L’identité du mot.

_______

II . RÉSUMÉ

1. Objet d’étude de la lexicologie. Le mot «lexicologie» remonte à deux radicaux grecs: à lexicon signifiant 'vocabulaire' et à logos au sens d' 'étude'. Ainsi la lexicologie est une branche de la linguistique qui étudie le vocabulaire d'une langue, ses particularités, les voies de son enrichissement.

Le vocabulaire constitue une partie intégrante de la langue. Aucune langue ne peut exister sans mots. C'est d'après la richesse du vocabulaire qu'on juge de la richesse de la langue en entier. De là découle l'importance des études lexicologiques.

La lexicologie a pour objet d'étude le vocabulaire ou le lexique d'une langue, autrement dit, l’ensemble des mots et de leurs équivalents considérés dans leur développement et leurs liens réciproques.

La lexicologie peut être historique et descriptive, elle peut être orientée vers une ou plusieurs langues. La lexicologie diachronique (ou historique) envisage le développement du vocabulaire d'une langue dès origines jusqu'à nos jours, autant dire qu'elle en fait une étude diachronique. Elle profite largement des données de la linguistique comparée dont une des tâches est la confrontation des vocables de deux ou plusieurs langues afin d'en établir la parenté et la généalogie. La lexicologie historique ou diachronique s'occupe de l'évolution du vocabulaire. Au contraire, la lexicologie synchronique (ou descriptive) a pour tâche d'étudier le vocabulaire dans une période déterminée de la langue. Ainsi le but de ce cours est d'étudier le lexique du français d'aujourd'hui. Ces deux types de lexicologies se rattachent étroitement l'un à l'autre. Tout en étudiant le lexique du français d'aujourd'hui, la lexicologie descriptive profite souvent des données de la lexicologie historique qui permettent de mieux comprendre l'état actuel de la langue.

Ce cours de lexicologie sera une étude du vocabulaire du français moderne, considéré comme un phénomène dynamique.

Cependant la nature des faits lexicologiques tels qu'ils nous sont parvenus ne saurait être expliquée uniquement à partir de l'état présent du vocabulaire. Afin de pénétrer plus profondément les phénomènes du vocabulaire français d'aujourd'hui, afin d'en révéler les tendances actuelles il est nécessaire de tenir compte des données de la lexicologie historique.

Les phénomènes du français moderne tels que la polysémie, l'homonymie, la synonymie et autres ne peuvent être expliqués que par le développement historique du vocabulaire.

2a). Le vocabulaire en tant que système. Le vocabulaire n'est pas une agglomération d'éléments disparates, c'est un ensemble d'unités lexicales formant système où tout se tient. C'est que les vocables de toute langue, tout en présentant des unités indépendantes, ne sont pas pour autant isolés les uns des autres.

Le vocabulaire d'une langue constitue son système lexical dont les différentes parties sont intimement liées les unes aux autres. A l'intérieur du système lexical les mots forment toutes sortes de séries, de groupements, ils se mettent en différents contacts les uns avec les autres; rapports antonymes, synonymes, homonymes, parenté génétique (doublets étymologiques).

Il s'ensuit que dans l'étude du vocabulaire une importance particulière revient aux rapports réciproques qui s'établissent entre les unités lexicales.

Le système du lexique, comme tout autre système, suppose l'existence d'oppositions. Ces oppositions s'appuient sur des rapports associatifs ou virtuels existant au niveau de la langue-système.

Elles appartiennent au plan paradigmatique. Chaque unité lexicale entretient, en effet, divers rapports associatifs avec les autres unités. Prenons l'exemple de F. De Saussure qui est celui du mot enseignement. À partir du radical enseignement est en rapport paradigmatique avec enseigner,enseignons, enseignant, etc. : envisagé sous l'angle sémantique il s'associe à instruction, apprentissage, éducation, etc. L'ensemble des unités entretenant entre elles un type de rapport paradigmatique constitue un paradigme.

Le lexique qui fait partie du système de la langue représente donc à son tour un système de systèmes.

Les rapports systémiques se manifestent non seulement au sein de la langue, mais également dans la parole. Au niveau de la parole les vocables réalisent leur faculté de s'agencer les uns avec les autres selon certaines règles.

Cette prédisposition inhérente aux vocables est due avant tout à l'organisation syntaxique de l'énoncé qui implique l'existence de différents termes de la proposition. Ces derniers peuvent se réaliser seulement sous forme de parties du discours déterminées. Ainsi la fonction de sujet sera rendue par un substantif, un pronom personnel, un verbe à l'infinitif, mais jamais par un verbe à la forme personnelle. Par contre, un verbe à la forme personnelle sera toujours un prédicat.

Donc, il faut reconnaître l'existence de rapports privilégiés entre certaines unités lexicales dans le discours.

Les rapports linéaires qui existent entre deux ou plusieurs unités sont appelés rapports syntagmatiques.

Plus que n'importe quel autre système le système du vocabulaire subit l'effet des facteurs extralinguistiques, avant tout d'ordre social et culturel. Cette influence est directe. Il s'ensuit que le vocabulaire, étant d'une grande mobilité, représente un système ouvert, autrement dit, il s'enrichit constamment de nouvelles unités lexicales.

Une autre particularité du lexique en tant que système consiste dans le manque de régularité, de rigueur dans les oppositions lexico-sémantiques, ce qui entraîne des limites plutôt floues entre les sous-systèmes. Il en est ainsi jusqu'à la signification lexicale qui ne peut être définie dans toute son étendue.

De cette façon, le caractère systémique du vocabulairerepose sur les rapports paradigmatiques et syntagmatiques qui s’établissent entre les unités lexicales.

2b). Le lien de la lexicologie avec les autres branches de la linguistique. La lexicologie est étroitement liée aux autres branches de la linguistique: la grammaire, la phonétique, la stylistique. Les points de contact entre les différents aspects de la linguistique sont nombreux et variés.

Le lexique et la grammaire sont intimement liés l'un à l'autre. Le sens du mot (sa signification lexicale) dépend souvent de ses liens grammaticaux avec les autres mots. Ainsi les verbes intransitifs devenus transitifs reçoivent un complément d'objet direct et changent de sens. Comparez: rentrer à la maison / rentrer la récolte; sortir de la maison/ sortir une photo de la poche; travailler à l’usine/ travailler à sa thèse. Plusieurs verbes français changent de sens suivant la rection: on manque un train, mais on manque de patience.

Le lien entre la lexicologie et la morphologie est particulièrement manifeste dans le domaine de la formation des mots.

Les principes de la classification lexico-grammaticale en parties du discours des mots sont également importants pour les études morphologiques et lexicologiques.

Les contacts entre la lexicologie et la syntaxe sont aussi nombreux
Un des points de convergence est formé par les locutions phraséologiques dont le fonctionnement syntaxique rejoint celui des mots.

On aperçoit, d'une part, la lexicalisation des formes grammaticales, c'est-à-dire leur transformation en unités lexicales (locutions ou mots composés). Ainsi on observe un passage continuel des groupements syntaxiques libres en unités lexicales: un pauvre diable - бедняга; un blanc-bec - молокосос; un sauve-qui-peut - паника.

Le processus contraire est la grammaticalisation des unités lexicales. Ainsi les substantifs goutte, pas, guère, point, devenus la deuxième partie de la négation, ont reçu une valeur purement grammaticale.

La lexicologie est en contact perpétuel avec la phonétique historique. La pensée de l'homme trouve sa réalisation dans la matière sonore qui constitue le tissu de toute langue. Chaque mot a son propre aspect phonique sans lequel il n'existerait pas. Pourtant si l'on veut expliquer l'aspect phonique actuel du mot, son origine, on doit souvent s'adresser aux données de la phonétique historique, savoir les lois phonétiques qui ont changé la face du mot. La richesse du vocabulaire en homonymes s'explique en premier lieu par l'évolution phonétique de la langue. Ainsi les substantifs mer (marem), mère (matrem), maire (major) n'avaient autrefois rien de commun dans leur prononciation. Ils ont acquis leur aspect phonique actuel à la suite de l'action des lois phonétiques.

La lexicologie a de nombreux points de contact avec la stylistique. Chaque mot possède en dehors de ses valeurs grammaticale et lexicale une valeur stylistique. Il existe des faits linguistiques qui peuvent être étudiés à la fois par la lexicologie et par la stylistique: les synonymes, les néologismes et les archaïsmes, les dialectismes, les argotismes.

3a). Mot comme unité sémantico-structurelle fondamentale de la langue. Le mot est reconnu par la grande majorité des linguistes comme étant une des unités fondamentales, voire l'unité de base de la langue. Cette opinion qui n'a pas été mise en doute pendant des siècles a été toutefois révisée par certains linguistes du XXe siècle. : (structuralistes américains, Ch. Bally, A. Martinet et autres). . Parmi les premiers il faut nommer des représentants de l'école structuraliste, et en premier lieu les linguistes américains Z.S. Harris, E.A.Nida, H.A. Gleason, selon lesquels non pas le mot, mais le morphème serait l'unité de base de la langue. Conformément à cette conception la langue se laisserait ramener aux morphèmes et à leurs combinaisons.

Dans la linguistique française on pourrait mentionner Ch. Bally qui bien avant les structuralistes américains avait déjà exprimé des doutes sur la possibilité d'identifier le mot. En revanche, il propose la notion de sémantème (ou sème) qui serait « un signe exprimant une idée purement lexicale », et la notion de molécule syntaxique ou « tout complexe formé d'un sémantème et d'un ou plusieurs signes grammaticaux, actualisateurs ou ligaments, nécessaires et suffisants pour qu'il puisse fonctionner dans une phrase». La notion de «sémantème» est illustrée par des exemples tels que loup, louveteau, rougeâtre. etc., celle de « molécule syntaxique » pari ce loup, un gros loup, marchons! Ainsi Ch. Bally sépare l'aspect lexico-sémantique d'un mot non-actualisé dans la langue-système de la forme de ce mot actualisée dans la parole.

Plus tard A. Martinet a aussi rejeté la notion de mot en lui substituant celle de monème qui lui a paru plus justifiée que celle de mot. Selon lui, les monèmes sont les unités minimales de sens (autonomes ou non-autonomes). Ainsi dans nous travaillons on aura, selon A. Martinet, trois monèmes : nous travaill-ons.

Parmi les monèmes il distingue les lexèmes-monèmes de type
ouvert (dans l'exemple cité : travaill-) et les morphèmes-monèmesde type fermé (nous et -ons).

Ces conceptions qui attribuent au morphème une position centrale dans le système de la langue est incompatible avec la thèse reconnue par la plupart des linguistes selon laquelle la langue est un instrument de la connaissance de la réalité objective.

Le morphème est pareillement au mot une unité significative de la langue, mais, à l'opposé du mot, il ne peut nommer, désigner en direct les objets et les phénomènes de la réalité. Cette faculté qui est propre au mot par excellence met en contact notre conscience et le monde extérieur, elle permet de l'analyser, de le pénétrer et parvenir à le connaître. Cette propriété en fait une unité fondamentale et indispensable de toute langue.

Outre ce trait distinctif fondamental du mot il y a lieu de signaler quelques-unes de ses autres particularités qui en font une unité de base de la langue.

Le mot est une unité polyfonctionnelle. Il peut remplir toutes les fonctions propres aux autres unités significatives : fonctions nominative, significative, communicative, pragmatique. L'envergure du fonctionnement du mot est si grande qu'il peut se transformer en morphème, d'un côté (ex. : march - dans nous marchons) et constituer une proposition, de l'autre (ex. : Marchons ! Silence !). Ce fait permet de conclure que les frontières entre le mot et les autres unités significatives restent ouvertes.

L'asymétrie qui est propre aux unités de la langue en général est particulièrement caractéristique du mot. Cette asymétrie du mot se manifeste visiblement dans la complexité de sa structure sémantique. Le même mot a le don de rendre des significations différentes. Les significations mêmes contiennent des éléments appartenant à des niveaux différents d'abstraction. Ainsi le mot exprime des significations catégorielles : l'objet, l'action, la qualité. Ces significations sont à la base de la distinction des parties du discours. À un niveau plus bas le mot exprime des significations telles que la nombrabitité/la non-nombrabilité,un objet inanimé/un être animé. A un niveau encore plus bas le mot traduit diverses significations lexicales différentielles.

Notons encore que le mot constitue une réalité psychologique c'est
avant tout les mots qui permettent de mémoriser nos connaissances et de les communiquer.

Ainsi le mot est une unité bien réelle caractérisée par des traits qui lui appartiennent en propre. C'est l'unité structuro-sémantique et référentielle par excellence. Malgré les diversités qui apparaissent d'une langue à l'autre le mot existe dans toutes les langues à ses deux niveaux : langue système et parole. Les mots (aussi bien que les équivalents de mots) constituent le matériau nécessaire de toute langue.

3b) Le mot et la notion constituent une unité dialectique. La thèse centrale qui le prouve est que tout mot généralise. La généralisation des faits représente le plus haut degré de notre connaissance.

D'après la théorie de la connaissance, il faut distinguer deux degrés de la connaissance. Le début du processus de la connaissance est la formation des perceptions et des représentations à la base des sensations.

Le second degré de la connaissance, son degré rationnel, est la formation des notions et des jugements qui suppose la généralisation des faits isolés. Par la généralisation théorique, abstraite des perceptions et des représentations, on forme des notions, des concepts. La notion, le concept fait ressortir les propriétés essentielles des objets, des phénomènes de la réalité sans en fixer les propriétés accidentelles. L'homme entre en contact avec la réalité par ses sensations, perceptions et représentations. Si on regarde une table, on la perçoit. En s'en souvenant plus tard, on se la représente. En pensant à la table comme à une espèce de mobilier pouvant meubler une pièce dans un appartement, on en fait une notion. Ainsi tout mot présente l'unité dialectique du général et du particulier. Pris à l'état isolé, le mot université rappelle à l'esprit la notion générale d'établissement supérieur d'un certain type. Dans la proposition Nous faisons nos études à l'université, cette notion-là prend un sens concret, se rattachant à la représentation d'une université concrète, une ville possédant une seule université. Les noms concrets éveillent habituellement dans la pensée l'image des objets qu'ils désignent: table, lit, plafond, fleur, chien. L'homme vérifie toujours l'objectivité de ses connaissances par la pratique, qui est à la base du processus de la connaissance.

L'unité dialectique du mot et de la notion ne signifie aucunement leur identité. La notion peut être rendue non seulement par un seul mot, mais aussi par un groupe de mots: esprit de suite последовательность; prendre froid — простудиться; tout à coup — вдруг. Le même mot peut traduire des notions différentes.

La même notion peut être traduite par des mots différents. Les
synonymes expriment les diverses nuances d'une seule notion ou des notions très rapprochées. Comparez les synonymes: courage, bravoure, audace, hardiesse, héroïsme, vaillance. Chacun de ces substantifs est marqué de traits distinctifs qui le rendent en même temps propre à exprimer l'idée générale de courage qu'ils représentent tous. La notion se réalise toujours dans un mot ou dans un groupe de mots.

4a). Les fonctions des mots. En tant qu'élément de la communication le mot possède plusieurs fonctions. La grande majorité des vocables est susceptible d'exprimer des notions (ou concepts) ; il serait juste de dire que ces vocables remplissent la fonction c o g n i t i v e (rationnelle, intellectuelle, dénotative ou logique). Cette fonction est en rapport direct avec une autre faculté propre aux mots, celle de nommer de désigner les objets de la réalité ou leurs propriétés ; cette autre faculté des mots en constitue la fonction r é f é r e n t i e l l e (nominative ou désignative). Certains mots ont une valeur affective, ils servent à traduire les sentiments de l'homme, son attitude émotionnelle envers la réalité ; ce sont des mots fonction é m o t i v e (expressive ou affective).

Les fonctions cognitive, émotive, et référentielle des mots sont reconnues par la majorité des linguistes. Parmi ces fonctions la fonction référentielle caractérise le mot par excellence.

Les mots et leurs équivalents se distinguent quant aux fonctions qu'ils exercent dans la langue.

Tout mot est porteur de différentes fonctions. La majeure partie des mots est appelée à rendre des notions. C'est leur fonction notionnelleoulogique. Un certain nombre de mots ne le peuvent pas, tels que pronoms personnels, noms propres, mots-outils.

Tout en traduisant des notions les mots autonomes désignent les objets ou leurs propriétés, les faits, ce qui constitue leur fonction nominative. Les noms propres de personnes et d'animaux n'expriment pas de notions et ont seulement la valeur nominative. En prononçant les mots Jeanne, Paul, Mimi, Piff on ne fait que nommer certains êtres ou animaux. Les noms géographiques traduisent des notions uniques: Paris, la France, La Méditerranée, la Loire, les Alpes.

N'ayant pas de fonction nominative, les mots-outils ne traduisent
guère de notions. Ils sont appelés à exprimer les rapports grammaticaux entre les mots autonomes, c'est-à-dire les rapports entre les faits et non pas les faits eux-mêmes.

Les mots peuvent avoir une valeur neutre ou une valeur affective (expressive). La plupart des mots ont une valeur neutre: aller, faire, homme, femme, etc. Les mots à valeur affective traduisent les sentiments humains, l'attitude de l'homme envers la réalité. Ce sont, par exemple, des noms communs ou des verbes à fonction négative comme coquin, nigaud, mouchard, flic, capitulard, paniquard; filer, duper, vivoter, écrivailler, politicailler. Les interjections ne remplissent que la fonction expressive, positive ou négative: hélas, tiens, hourra, allons, bravo.

4b). La signification lexicale comme structure. Lastructure de la signification lexicale est un phénomène linguistique complexe qui dépend de facteurs extralinguistiques et intralinguistiques. Le rôle central dans cette structure appartient à la notion : elle en constitue l'élément obligatoire pour la presque totalité des vocables, alors que la présence des autres indices sémantiques (nuances émotionnelles, caractéristiques stylistiques, particularités d'emploi) est facultative.

L'étude de la structure de la signification lexicale peut être poussée encore plus avant jusqu'au niveau des composants sémantiques minimums appelés « sèmes ». Chaque signification peut être représentée comme une combinaison de sèmes formant un « sémantème » (ou « sémème »). Par exemple, le sémantème de chaise comprend les sèmes « siège (pour s'asseoir) » (S1 ), « avec dossier » (S2,), « sur pieds » (S3), « pour une seule personne » (S4) ; le sémantème de fauteuil en plus des sèmes de chaise possède le sème « avec bras » (S5).

À l'intérieur d'un même sémantème on dégage selon le degré d'abstraction les sèmes génériques et les sèmes spécifiques. Les sèmes génériques sont communs à plusieurs vocables sémantiquement apparentés, ils sont intégrants. Les sèmes spécifiques distinguent sémantiquement ces vocables les uns des autres, ils sont différentiels. Pour chaise et fauteuil le sème générique est « siège » (S,), les autres sèmes sont spécifiques (S.,. S3- S4 pour chaise. S,. S3, S4, S5 pour fauteuil). Le sème différentiel qui distingue fauteuil de chaise est « avec bras ». Ainsi les sèmes différentiels créent les oppositions sémantiques entre les vocables.

On distingue encore les sèmes occasionnelsou potentiels qui peuvent se manifester sporadiquement dans le discours. Pour fauteuil on pourrait occasionnellement déceler le sème potentiel de « confort ». Il apparaît nettement dans la locution familière arriver dans un fauteuil - « arriver premier sans peine dans une compétition ». Dans le sémantème de carrosse on perçoit facilement le sème potentiel « richesse » qui devient un sème spécifique dans la locution rouler carrosse. Également dans la locution dans l'huile le sème potentiel « aisance, facilité » se hausse au niveau d'un sème spécifique. Il s'ensuit que les sèmes potentiels sont d'importance pour l'évolution sémantique des vocables. Ainsi l'analyse sémique permet de pénétrer la structure profonde de la signification des vocables et de mettre en évidence leurs traits sémantiques différentiels.

5. Le sens étymologique des vocables. Les vocables motivés et immotivés. Il est évident qu'il n'y a pas de lien organique entre le mot, son enveloppe sonore, sa structure phonique et l'objet qu'il désigne. Pourtant le mot, son enveloppe sonore, est historiquement déterminé dans chaque cas concret. Au moment de son apparition le mot ou son équivalent tend à être une caractéristique de la chose qu'il désigne. On a appelé vinaigre l'acide fait avec du vin. tire-bouchon - une espèce de vis pour tirer le bouchon d'une bouteille. Un sous-marin est une sorte de navire qui navigue sous l'eau et serre-tête - une coiffe ou un ruban qui retient les cheveux.

L'enveloppe sonore d'un mot n'est pas due au hasard, même dans les cas où elle paraît l'être. La table fut dénommée en latin tabula - « planche » parce qu'autrefois une planche tenait lieu de table. Le mot latin calculus - « caillou » servait à désigner le calcul car, anciennement, on comptait à l'aide de petits cailloux.

La dénomination d'un objet est basée sur la mise en évidence d'une particularité quelconque d'un signe distinctif de cet objet.

Le sens premier, ou originaire, du mot est appelé sens étymologique. Ainsi, le sens étymologique du mot table est « planche » ; du mot linge ß lat. lineus, adj. «de lin» ; du mot candeur ßlat. candor «blancheur éclatante » ; du mot rue ßlat. ruga « ride ». Le sens primitif de travail ß lat. pop. tripalium est « instrument de torture » ; de penser ßlat. pensare « peser » ; de traire ßlat. trahere - « tirer ».

Il est aisé de s'apercevoir d'après ces exemples que le sens étymologique des mots peut ne plus être senti à l'époque actuelle.

En liaison avec le sens étymologique des mots se trouve la question des mots motivés et immotivés sans qu'il y ait de parallélisme absolu entre ces deux phénomènes.

Nous assistons souvent à la confusion du sens étymologique d'un
mot et de sa motivation. Toutefois le sens étymologique appartient à l'histoire du mot, alors que la motivation en reflète l'aspect à une époque donnée.

Tous les mots d'une langue ont forcément un sens étymologique,
explicite ou implicite, alors que beaucoup d'entre eux ne sont point motivés. Tels sont chaise, table, sieste, fortune, manger, etc. Par contre nous aurons des mots motivés dans journaliste,couturière, alunir, porte-clé, laissez-passer dont le sens réel émane du sens des éléments composants combinés d'après un modèle déterminé. La motivation de ces mots découle de leur structure formelle et elle est conforme à leur sens étymologique. Il en est autrement pour vilenie dont la motivation actuelle est en contradiction avec le sens étymologique puisque ce mot s'associe non plus à vilain, comme à l'origine, mais à vil et veut dire « action basse ». On dit d'un mot motivé qu'il possède « une forme interne ». Pour les mots à structure morphologique (formative) complexe on distingué la motivation directe et indirecte. On assiste à la motivation directe lorsque l'élément (ou les éléments) de base du mot motivé possède une existence indépendante. Dans le cas contraire il y aura motivation indirecte. Ainsi journaliste formé à partir de journal ou lèche-vitrine tiré de lécher et vitrine seront motivés directement. Par contre, oculiste et aquatique le seront indirectement du fait que ocul- et aqua- n'existent pas sous forme de mots indépendants.

Un mot peut donc être motivé non seulement par le lien sémantique
existant entre ses parties constituantes, mais aussi par l'association qui s'établit entre ses diverses acceptions. Le mot chenille pris au sens dérivé dans chenille d'un tout-terrain est motivé grâce au lien métaphorique qui l'unit à son sens propre. Nous dirons que ce mot sera sémantiquement motivé dans son sens dérivé. Nous sommes alors en présence d'une motivation sémantique.

Donc, la motivation est un phénomène intralinguistique qui repose sur les associations formelles et sémantiques que le mot évoque. Toutefois la motivation phonétique ou naturelle est extralinguistique.

Tout vocable motivé ne le sera que relativement du fait qu'à partir de ses éléments constituants et des liens associatifs entre ses diverses acceptions on ne peut jamais prévoir avec exactitude ses sens réels.

En principe tout mot est motivé à l'origine. Avec le temps la forme
interne des vocables peut ne plus se faire sentir, ce qui conduit à leur démotivation. Cet effacement du sens étymologique s'effectue lentement, au cours de longs siècles. C'est pourquoi à chaque étape de son développement la langue possède de ces cas intermédiaires, témoignages du développement graduel de la langue. En effet, les mots sont parfois motivés uniquement par un des éléments de leur structure formelle. C'est ainsi que la signification actuelle des mots malheur et bonheur ne peut être que partiellement expliquée par leur premier élément mal- et bon-, heur ß lat. pop. augurium «présage, chance » ayant pratiquement disparu de l'usage. On doit considérer ces mots comme étant partiellement motivés. Donc, les vocables peuvent se distinguer par le degré de leur motivation.

Dans chaque langue on trouve des vocables motivés et immotivés.

Des cas assez nombreux se présentent lorsque les vocables exprimant la même notion, mais appartenant à des langues différentes, ont la même forme interne. On dit en français le nez d'un navire, une chaîne de montagnes, la chenille d'un char de même qu'en russe нос корабля, цепь гор, гусеница танка. En français et en russe on dit pareillement roitelet et королек. Les mots perce-neige et подснежник ont une forme interne proche. Cette similitude de la forme interne de certains mots dans les langues différentes tient à des associations constantes qui apparaissent également chez des peuples différents.

Pourtant la forme interne des mots et des locutions revêt le plus souvent un caractère national. Pour désigner la prunelle les Français l’ont comparée à une petite prune, tandis qu'en russe зрачок dérive de l'ancien зреть « voir ». La pommade est ainsi nommée parce que ce cosmétique se préparait autrefois avec de la pulpe de pomme ; le substantif russe correspondant мазь se rattache au verbe мазать - « enduire de qch ». La fleur qui est connue en Risse sous le nom de гвоздика est appelée en français œillet. On dit en russe ручка сковородки et en français la queue d'une poêle. Le caractère national de l'image choisie pour dénommer les mêmes objets et phénomènes apparaît nettement dans les locutions phraséologiques. En russe on dira знать на зубок et en français savoir sur le bout du doigt ; l'expression russe быть тощим как спичка correspond en français à être maigre comme un clou ; l'expression дать руку на отсечение se traduira en français comme mettre sa main au feu.

La forme interne marque de son empreinte le sens actuel du vocable
et en détermine en quelque sorte les limites. L'exemple suivant en servira d'illustration. Comparons les mots train et поезд. Le système des significations du mot français est plus compliqué que celui du mot russe correspondant. Signalons les essentielles acceptions de train : allure d'une bête de somme (le train d'un cheval, d'un mulet) ; allure en général (mener grand train) : suite de bêtes que l'on fait voyager ensemble (un train de bœufs) ; suite de wagons traînés par la même locomotion (le train entrait en gare).

Le lien de toutes ces acceptions avec le sens du verbe traîner, dont le substantif train dérive, est évident.

Le substantif russe поезд qui se rattache au verbe ездить « aller,
voyager » ne traduit que le sens de « train de chemin de fer ».

6a). Caractéristiques phonétiques des mots en français moderne.Nous nous bornerons ici à noter certains traits caractérisant les mots français quant à leur composition phonique et leur accentuation dans la chaîne parlée.

Les mots français sont caractérisés par leur brièveté. Certains se réduisent à un seul phonème. Il s'agit surtout de mots non autonomes (ai, eu, on, est, l',d’ etc.), les mots autonomes à un phonème étant exclusivement rares (an, eau).

Par contre, les monosyllabes sont très nombreux dans ces deux catégories de mots (le, les, des, qui, que, mais, main, nez, bras, monte, parle, etc.). Ces monosyllabes sont parmi les mots les plus fréquents.

L'analyse d'un certain nombre de textes suivis a permis de constater
que dans le discours les mots contenant une syllabe forment environ 61% et les mots à deux syllabes forment près de 25% de l'ensemble des mots rencontrés. Cet état de choses est le résultat d'un long développement historique qui remonte à l'époque lointaine de la formation de la langue française du latin populaire (ou vulgaire). Pour la plupart les monosyllabes sont le résultat des nombreuses transformations phonétiques subies par les mots latins correspondants formés de deux ou trois syllabes (cf.: homme < lat. homo, main ßlat. manus, âme ßlat. anima).

Le français possède naturellement des mots à plusieurs syllabes : toutefois il y a visiblement tendance à abréger les mots trop longs auxquels la langue semble répugner (métropolitain à métro, stylographe à stylo, piano-forte à piano, automobile à auto, météorologie à météo ; cf. aussi avion qui s'est substitué à aéroplane, pilote à aviateur).

Comme conséquence de ce phénomène la longueur des mots au niveau de la langue est de 2,5 syllabes, alors que dans la parole - de 1,35 syllabes. Ce décalage s'explique par la fréquence d'emploi des mots-outils lors du processus de communication.

La tendance à raccourcir les mots, qui s'est manifestée à toutes les époques, a pour conséquence un autre phénomène caractéristique du vocabulaire français - l'homonymie. Un grand nombre de mots a coïncidé quant à la prononciation à la suite de modifications phonétiques régulières.

C'est surtout parmi les monosyllabes que l’on compte un grand nombre d'homonymes ; tels sont : ver ß lat. vermis, vers (subst.) ß lat. versus ß « sillon, ligne, vers », vers (prép.) ß lat. versus de vertere ~ « tourner », vert ß lat. vendis. De là de nombreuses séries d'homonymes : par, part, pars ; cher, chair, chaire ; air, ère, aire, hère, erre (il), etc.

Quant à la syllabation des mots français elle est reconnue comme
étant remarquablement uniforme et simple. Ce sont les syllabes ouvertes qui forment près de 70% dans la chaîne parlée. Surtout fréquentes sont les syllabes ouvertes du type : consonne - voyelle (par exemple : [de-vi-za-ge] - dévisager, [re-pe-te] - répéter), moins nombreuses sont les syllabes des types : consonne-consonne-voyelle et voyelle (par exemple : [blé-se] - blesser, [tru-ble] - troubler, [e-ku-te] - écouter, [a-ri-ve] - arriver). Parmi les syllabes fermées on rencontre surtout le type : consonne – voyelle - consonne (par exemple : [jur-nal] -journal, [par-tir] -partir). Les autres types sont rares. Cette particularité de la structure syllabique des mots français contribue à son tour à l'homonymie.

En français les mots phonétiquement se laissent difficilement isoler dans le discours : privés de l'accent tonique propre, ils se rallient les uns aux autres en formant une chaîne ininterrompue grâce aux liaisons et aux enchaînements. On dégage, en revanche, des groupes de mots représentant une unité de sens et qui sont appelés « groupes dynamiques ou rythmiques » avec un accent final sur la dernière voyelle du groupe.

Cette particularité de l'accentuation fait que le mot français perd de
son autonomie dans la chaîne parlée. La délimitation phonétique des mots émis dans la parole en est enrayée. Ceci explique les modifications de l'aspect phonétique survenues à certains mots au cours des siècles. Les uns se sont soudés avec les mots qui les précédaient dont l'article défini : c'est ainsi que ierre est devenu lierre, endemain - lendemain, uette - luette, oriot - loriot ; l'aboulique - la boutique, d'autres au contraire, ont subi une amputation : lacunette - « petit canal » s'est transformé en la cunette car on a pensé à l'article précédant un substantif ; de même m'amie a été perçu comme ma mie.

6b). Caractéristiques grammaticales du mot en français moderne.Les unités essentielles de la langue étroitement liées l'une à l'autre sont le mot et la proposition.. C'est en se groupant en propositions d'après les règles grammaticales que les mots manifestent leur faculté d'exprimer non seulement des notions, des concepts, mais des idées, des jugements.

Donc, la faculté de former des propositions afin d'exprimer des jugements constitue une des principales caractéristiques grammaticales des mots.

Une autre particularité du mot consiste dans son appartenance à une des parties du discours.Ainsi on distingue les substantifs, les adjectifs, les verbes, les adverbes, les pronoms, etc. Les parties du discours sont étudiées par la grammaire : elles constituent la base de la morphologie. Il serait pourtant faux de traiter les parties du discours de catégories purement grammaticales. En effet, les parties du discours se distinguent les unes des autres par leur sens lexical : les substantifs désignent avant tout des objets ou des phénomènes, les verbes expriment des processus, des actions ou des états : les adjectifs - des qualités, etc. C'est pourquoi il serait plus juste de qualifier les parties du discours de catégories lexico-grammaticales.

La composition morphémique des mots est aussi étudiée par la grammaire, pourtant elle a un intérêt considérable pour la lexicologie. La faculté du mot de se décomposer en morphèmes présente une des caractéristiques grammaticales du mot qui, en particulier, le distingue du morphème. Ce dernier, étant lui-même la plus petite unité significative de la langue, ne peut être décomposé sans perte de sens. Ce sont principalement les mots autonomes qui se laissent décomposer en morphèmes.

Quant aux mots-outils, dont beaucoup se rapprochent à certains égards des morphèmes, ils constituent généralement un tout indivisible.

Parmi les mots autonomes, il y en a de simples qui sont formés d'une, seule racine. Tels sont homme, monde, terre, ciel, arbre, table, porte, ''chambre, etc. Ces mots pourraient être aussi appelés « mots-racines ». Plus souvent les mots contiennent une ou plusieurs racines auxquelles se joignent des affixes (les préfixes placés avant et les suffixes placés après la racine) et les terminaisons (ou) les désinences qui expriment des significations grammaticales. On distingue encore le thème (ou le radical), c'est-à-dire la partie du mot recelant le sens lexical et précédant la terminaison à valeur grammaticale. Ainsi dans l'exemple : Nous démentons formellement ces accusations, le mot démentons comprend la racine -ment-, le préfixe dé-, le thème dément-, la terminaison -ons. La racine recèle le sens lexical fondamental du mot. Le thème qui comporte tout le sens lexical du mot s'oppose à la désinence qui est porteur d'un sens grammatical.

Les racines, les affixes, les désinences sont des morphèmes. Il s'ensuit des exemples cités que les morphèmes peuvent être porteurs de valeurs de caractère différent : les racines ont une valeur d'ordre lexical : désinences - des valeurs grammaticales ; les affixes – généralement valeurs lexico-grammaticales.

De cette façon afin de définir les limites grammaticales du mot il faut procéder à une confrontation du mot avec les unités voisines : le morphème et groupe de mots.

Nous avons déjà spécifié la différence entre le mot et le morphèmele mot possède une autonomie dont le morphème est dépourvu. Toutefois le degré d'indépendance n'est pas le même pour tous les mots. Ainsi l'autonomie des mots-outils est nettement limitée. On peut dire que les mots-outils rappellent en quelque sorte les morphèmes.

Il n'est parfois pas moins difficile d'établir les limites entre un mot et un groupe de mots. Pour la plupart, les mots se laissent aisément distinguer des groupes de mots ; tel est le cas des mots simples ou mots-racines et des mots dérivés formés par l'adjonction d'affixes. La distinction des mots composes, qui par leur structure se rapprochent le plus des groupes de mot présente de sérieuses difficultés. Celles-ci sont surtout grandes dans la langue française où les mots composés sont souvent formés d'anciens groupes de mots.

En appliquant à la langue française le critère avancé par A.I. Smirnitsky, on devra reconnaître que les formations du type fer à repasser, chemin de fer, pomme de terre sont, contrairement à l'opinion de beaucoup de linguistes français, des groupes de mots, alors que bonhomme, basse-cour, gratte-ciel sont des mots.

Donc, il faut faire la distinction entre un mot et un morphème, d'un
côté, un mot et un groupe de mots, de l'autre. Néanmoins il reste fort à
faire pour fixer les limites du mot ; c'est un problème ardu qui exige un
examen spécial pour chaque langue.

6c). Identité du mot. Envisagé sous ses aspects phonétique, grammatical et sémantique le mot présente un phénomène complexe. Pourtant dans l'énoncé, dans chaque cas concret de son emploi, le mot apparaît non pas dans toute la complexité de sa structure, mais dans une de ses multiples formes, autrement dit, dans une de ses variantes.

On distingue les variantes suivantes d'un mot :

· les variantes de prononciation : [bu] et [byt] pour but ;

· les variantes grammaticales à valeur flexionnelle qui peuvent être à support morphologique : dors, dormons, dormez et à support phonétique : sec – sèche, paysan – paysanne ;

· les variantes pseudo-formatives (lexico-grammaticales) : - maigrichon et maigriot,

· les variantes lexico-sémantiques :

à valeur notionnelle palette - « plaque sur laquelle les peintres étalent leurs couleurs » et « coloris d'un peintre » :

b) à valeur notionnelle-affective : massif «épais, pesant», au figuré esprit massif « grossier, lourd »

· les variantes stylistico-fonctionnelles :

a) à support phonétique : oui - littéraire et ouais - populaire,
apéritif- littéraire et apéro - familier ;

à support notionnel-affectif : marmite - « récipient » - littéraire et « gros obus» - familier ;

· les variantes orthographiques : gaîment et gaiement.

Il est, en effet, très difficile de tracer les limites du mot et de l'envisager sous tous les aspects : phonétique, grammatical et lexical. Dans la linguistique russe il n'y a guère non plus de définition du mot généralement admise. Parmi les plus réussies on signale celle de R. A. Boudagov, laquelle reflète les plus importantes propriétés du mot : « Le mot représente la plus petite et indépendante unité matérielle (sons et formes ») et idéale (sens) de caractère dialectique et historique»[1].

III. QUESTIONS D’AUTOCONTRÔLE :

1. a)Quel est l’objet d’étude de la lexicologie ?

b) De quoi découle l’importance des études lexicologiques ?

c) Quelle différence y a-t-il entre la lexicologie historique et

descriptive ?

d) Dans quels rapports se trouvent ces deux types de lexicologie ?

e) Quel est le rôle de l’histoire de la langue dans l’explication des

phénomènes linguistiques du français moderne, tels que la

polysémie, l’homonymie, la synonymie ?

f)En quoi se manifeste le caractère non arbitraire du vocabulaire

d’une langue ?

2. a) En quoi se manifeste le caractère systémique du vocabulaire

d’une langue ? Citez-en les preuves.

b) Sur quoi s’appuient les oppositions sémantiques des vocables au

niveau de la langue-système?

c) Qu’est-ce que c’est qu’un paradigme ?

d) Comment peut-on expliquer la thèse que « la langue représente un

système de systèmes » ?

e)Comment se manifestent les rapports systémiques au niveau de la parole ?

f)En quoi consiste le phénomène de la coordination sémantique ?

g)Quels sont les particularités du système lexical le distinguant des autres systèmes de la langue : phonétique et grammatical ?

h)Comment se manifeste le lien de la lexicologie avec la grammaire (morphologie et syntaxe) ?

i)En quoi consiste le lien de la lexicologie avec la phonétique et stylistique ?

3. a)Par quoi les structuralistes américains ont-ils remplacé la notion du

mot comme unité sémantico-structurale de base de la langue ?

Quels en sont les arguments ?

b) Qu’est-ce que c’est que la sémantème de Ch. Bally ? Quelles en

sont les particularités ?

c)Qu’est-ce qu c’est que la monème de A. Martinet? Quelles en

sont les particularités ?

d)Quels sont les traits caractéristiques du mot qui ne permettent pas

de le rejeter comme unité de base de la langue ?

e)En quoi consiste l’asymétrie du mot en tant qu’unité de la

langue ?

f)Comment se manifeste un lien indissoluble de la pensée de

l’homme et de la langue ?

g)En quoi consistent les rapports dialectiques entre le mot et la

notion ?

h)Quelles sont les particularités du premier degré de la connaissance ?

i)En quoi consiste le deuxième degré de la connaissance ?

j)Quelle différence y a-t-il entre la perception, la représentation et la notion (ou concept) ?

k)Dans quels rapports se trouvent les deux degrés de la connaissance ?

4. a)Quelle est la fonction capitale de la langue ?

b)Le mot qu

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